Les immeubles poussent vite dans la Cité du Multimédia, quartier en plein essor de l’arrondissement Ville-Marie. À leur tour, ces édifices en briques rouges amènent de nouveaux commerces. On pense notamment à l’établissement Mélisse, ouvert depuis l’année dernière à quelques pas du restaurant Le Serpent, qui, lui, avait flairé la bonne affaire avant tout le monde. Et puis, il y a le Joiea Sociale, fraîchement débarqué à l’angle des rues Wellington et des Sœurs Grises. En face, une autre bâtisse se construit, mais on n’est pas là pour faire la cartographie du quartier. Ce soir, on teste ce nouveau resto qui propose, en plus du dîner et du souper, l’aperitivo, apéro typique d’Italie qui offre des bouchées avec chaque consommation. Des souvenirs de Florence affluent: un Spritz siroté dans une ruelle charmante, accompagné de quelques tranches de pizza froide, tandis que la chaleur étouffante du mois de juillet exhalait du macadam. Mais le Joiea Sociale n’ayant pas de Spritz à la carte, on commande un Amore Italiano, cocktail équivalent sans eau gazeuse mais avec une dose de gin. Le résultat est plus corsé et se boit doucement. Une planche de charcuterie et de focaccia, tout juste sortie du four, accompagne l’apéro. On grignote en faisant attention: le menu du souper – une table d’hôte de trois services et 12 plats (à partager dans la plus pure tradition italienne) – demande de garder l’appétit intact.

En primi, les calmars frits arrosés d’un filet de citron sont bons. La pâte dorée est légère et croustillante, et l’entrée – consistante – aurait été dévorée en un clin d’œil si les polpette, des boulettes de veau en sauce tomate et saupoudrées de parmesan râpé à table, n’avaient pas détourné notre attention. Tendres, elles fondent presque dans la bouche. Il manque cependant un petit quelque chose, une épice ou une herbe, pour élever le plat dans les hauteurs. Pour 13 $ l’entrée, on s’attend à plus.

La Caprese arrive à point. Le chef Luigi Greco, originaire de Venise, aurait pu suivre la recette classique: des tomates et de la mozzarella coupées en tranches, rehaussées de basilic et d’un filet d’huile d’olive. Il a préféré y mettre de la burrata, crémeuse à souhait, et y ajouter des poivrons grillés avec des pignons. C’est frais, délicieux et parfaitement léger avant d’attaquer les raviolis et les gnocchis. Les premiers sont farcis à la ricotta et arrosés d’un beurre citronné; les seconds, en sauce bolognaise, suivent une recette familiale de la nonna du chef, qui troque la pomme de terre, ingrédient principal, pour de la ricotta. À choisir, on a un faible pour les gnocchis, d’ailleurs populaires auprès de toute la tablée… Et si la lecture vous donne faim, armez-vous de patience: les secondi piatti n’ont pas encore été servis!

J’ai testé: le Joiea Sociale, aperitivo à l’italienne

Gnocchis à la ricotta faits maison avec sauce bolognaise de boeuf braisé lentement / Crédit: Joiea Sociale

En premier plat principal, justement, la porchetta Joiea. Comme elle porte le nom du restaurant, et parce que c’est encore une recette secrète de la grand-mère du chef, on s’attend à un feu d’artifice. La viande est bonne mais pas incroyable (la purée de citrouille qui l’accompagne retient cependant notre attention). Il en va de même pour le flétan en croûte de pistache (quelle croûte de pistache?), qui manque de saveur. Notre légère déception est oubliée lorsque les pizzas – fameuses – arrivent: une Margherita classique et une bianca, à la ricotta et aux épinards. On apprend au passage que le Joiea Sociale offrira bientôt des cours de cuisine chaque samedi, avec un chef invité présent une fois par mois. C’est l’occasion d’apprendre à faire ces pizzas à la maison, même si on n’a pas de four à bois traditionnel. 

J’ai testé: le Joiea Sociale, aperitivo à l’italienne

Pizzas bianco et rosso / Crédit: ELLEQuebec.com

Il est déjà temps d’attaquer les desserts et on s’est (heureusement) gardé de la place. La gelato de tiramisu, une crème glacée à l’espresso et au mascarpone accompagnée de biscuits croustillants au cacao, nous fait oublier qu’on n’a plus faim. Mention toute aussi spéciale pour la croustade aux pêches, délicieusement estivale, et au granité, dans lequel on a versé un verre de limoncello, cette liqueur de citron qui se boit en digestif. On peut dire qu’elle arrive à point et clôt ce festin en beauté! On retournera au Joiea Sociale avec plaisir, en amoureux ou en groupe, pour profiter de l’aperitivo avant de passer aux choses sérieuses… mais on attend d’abord de retrouver un appétit féroce!

Adresse: 645, rue Wellington.
Site: joieasociale.com