LA PRODUCTION LAITIÈRE BIO AU QUÉBEC, C’EST LOIN D’ÊTRE MARGINAL

«Saviez-vous que le Québec fournit 40 % de tout le lait bio produit au Canada?», lance d’emblée Claudia Parent, propriétaire de la Ferme Jersbi. Cela a représenté environ 67 millions de litres dans la dernière année. L’appellation «lait biologique» englobe un mode de production réglementé qui touche l’alimentation (qui doit être biologique et provenir en grande partie du pâturage de la ferme même) et accorde une grande importance au cycle naturel de l’agriculture. «Pour moi, la production bio, ça dépasse les règles établies. C’est une façon de concevoir l’agriculture qui m’a été transmise par ma famille, une conception basée sur le respect de la nature et de l’animal», dit-elle.

LES PRODUCTEURS FORMENT UNE COMMUNAUTÉ TRICOTÉE SERRÉ

Quand elle parle de l’esprit d’entraide qui règne chez les producteurs de lait biologique, les yeux de Claudia Parent pétillent. «Au Québec, il y a 139 fermes laitières biologiques. On est vraiment une belle gang. On se visite régulièrement, on apprend des autres et, jamais, il n’y a de jugement entre nous», fait-elle remarquer.

LA VACHE JERSEY, C’EST SA PRÉFÉRÉE!

La jersey fait partie des races bovines de petite taille, elle est plutôt robuste et tolère aussi bien le froid que la chaleur, ce qui lui permet de passer beaucoup de temps à l’extérieur, beau temps, mauvais temps. «Les normes de la certification bio stipulent que les vaches doivent sortir quotidiennement au pâturage, ce qu’elles adorent», explique Claudia. Et pour les mois les plus froids – les vaches sortent au moins deux fois par semaine, selon la météo –, la Ferme Jersbi a installé un brise- vent autour de leur parc d’exercice pour mieux les protéger. On retrouve ce lait dans la production de nombreux produits laitiers biologiques d’ici, que ce soit la crème, le yogourt ou les fromages bios.

LE LAIT BIO, C’EST DU SÉRIEUX

Claudia estime qu’elle a dû travailler sa terre pendant environ 4 ans pour que celle-ci respecte les normes bios. Les producteurs bios assurent la fertilité de la terre à long terme en utilisant uniquement des engrais naturels (aucun pesticide, aucun herbicide ni engrais chimique ne sont employés). Ensuite, les vaches doivent se nourrir de cette herbe pendant une année au moins afin que leur lait accède à la certification biologique. Et c’est sans compter l’imposant cahier des charges qui régit aussi les principes de l’agriculture et de l’élevage biologique en général. «Dès le début de mon aventure agricole, mes veaux ont toujours été en liberté et mes vaches ont toujours bénéficié d’un espace de repos individuel. Toutes les vaches qui vivent ici – de 80 à 90 têtes environ – ont un prénom. Et quand j’en perds une, je pleure ma vie!»

LES RÉSEAUX SOCIAUX FONT LEUR RENTRÉE DANS LES FERMES D’ICI

Si on jette un coup d’œil sur TikTok et sur d’autres réseaux sociaux, on voit que la Ferme Jersbi s’y affiche fièrement (allez voir le compte claudiafermejersbi!). Impossible de résister aux vidéos de veaux qui font les tannants dans le foin ou de la sortie des vaches, heureuses d’être dans le pré. «C’est mon fils aîné qui a commencé à s’intéresser à TikTok et qui nous a proposé de faire quelques vidéos», raconte la productrice. Elle s’est laissé tenter par l’esprit spontané de l’exercice et, maintenant, toutes les occasions sont bonnes pour faire connaître la production laitière et le quotidien de la ferme.

L’INTÉRÊT POUR LA PRODUCTION LOCALE LUI A PERMIS DE RENOUER AVEC SES CLIENTS

Même si Claudia ne vend pas son lait directement au consommateur, certaines activités de la ferme lui ont permis de tisser des liens durables avec les gens de son patelin, Saint-Sylvestre, dans la région de Lotbinière, au cœur de Chaudière-Appalaches. «Je me suis rendu compte que la production laitière est méconnue, et c’est encore plus vrai dans le cas de la production biologique.» À la fin de la pandémie, elle souhaite reprendre les visites à la ferme, pour que les jeunes et les moins jeunes en bénéficient, histoire de réduire le fossé entre le producteur et les clients. Avec une productrice aussi passionnée et pleine d’entrain que Claudia, nul doute que le lait bio n’aura bientôt plus de secrets pour personne!