Quand elle a reçu le trophée du meilleur nouvel «Les Grammys m’ont décerné le prix du meilleur nouvel artiste de l’année, au dernier gala des Grammy Awards, Meghan Trainor avait les yeux tellement embués de larmes qu’elle distinguait à peine L.A. Reid, le producteur qui l’a découverte. Sortie de sa torpeur, elle réalisa enfin qu’il était temps de remercier chaleureusement son monde.
Le moment précédant l’annonce du gagnant ressemble à celui où l’on est au sommet de montagnes russes et sur le point de redescendre», se rappelle la chanteuse, jointe par téléphone à Los Angeles. «J’étais excitée, mais j’avais aussi envie de vomir. Et puis, je me souviens de mon père en pleurs, qui m’a glissé à l’oreille: “Tu as réussi!”, juste avant que je monte sur scène pour aller chercher mon prix. Après, j’ai pleuré toute la nuit!»

Ces mots que son père lui a murmurés témoignent d’une longue complicité entre eux. En effet, à chaque tournant de la carrière de l’artiste — de la vente de sa première création à titre de compositrice à sa transition comme chanteuse avec son fameux tube All About That Bass (où il est question de popotin), en passant par sa popularité grandissante auprès d’une légion de mégafans (les #megatronz) —, elle s’exclamait «J’ai réussi, p’pa!», ce à quoi ce dernier répliquait: «Oui, tu as réussi, mon bébé!»

Lors de notre rencontre avec la native de Nantucket, une île du Massachusetts, la chanteuse est en pleine répétition pour les iHeart Radio Music Awards et ironise sur le fait qu’on l’autorisera «enfin» à faire des effets spéciaux à l’aide de la pyrotechnie. «On sait qu’on est vraiment un artiste quand on nous permet la pyro!», lance-t-elle en riant.

«Je n’aurais jamais cru que je pouvais être le visage des chansons que j’écris»

Cela dit, c’est avec grand sérieux que la jeune femme de 22 ans se prépare à la promotion de son nouvel album, Thank You. Lancé en mai dernier, il lui procure un sentiment de légitimité qu’elle n’avait pas encore éprouvé. «Je n’aurais jamais cru que je pouvais être le visage des chansons que j’écris», confie celle que Rolling Stone avait décrite, en 2014, comme étant «la plus improbable pop star de l’année».
 

Meghan Trainor

Meghan Trainor / Crédit: Sony Music

«Les Grammys m’ont décerné le prix du meilleur nouvel artiste, et ça représente tout pour moi. Ça m’encourage à travailler deux fois plus fort qu’avant.»

Pour Thank You, la chanteuse a voulu sortir de sa zone de confort et de son style doo-wop pour composer «des classiques populaires qui dureront toujours». «C’est mon objectif chaque fois que j’écris, dit celle qui n’est sûre de rien, sinon de son talent de compositrice. Je veux que mes chansons tournent encore dans 100 ans».

Mes chansons sont honnêtes et brutales. Durant tout le processus de création de l’album, ma meilleure amie me faisait remarquer que tous mes textes racontent des choses que les gens veulent exprimer, sans savoir comment.»

De tous les titres de son nouvel opus, c’est Just a Friend qui serait, selon elle, le plus susceptible d’être encore fredonné dans un siècle. «Il n’y a qu’un ukulélé et ma voix, et ça raconte une histoire d’amour entre une fille et son meil- leur ami: une chose qui ne doit pas arriver, car ça brise le cœur, raconte celle qui parle par expérience. Mes chansons sont honnêtes et brutales. Durant tout le processus de création de l’album, ma meilleure amie me faisait remarquer que tous mes textes racontent des choses que les gens veulent exprimer, sans savoir comment.»

La Meghan-qui-dit-les-choses-comme-elles-le-sont atteint d’ailleurs le sommet avec Hopeless Romantic: «J’y révèle combien les films m’ont menti toute ma vie; l’amour n’est pas aussi si simple qu’au cinéma.» À moins que ce soit avec No, le single qui cartonne et dans lequel elle explique comment se débarrasser des gars trop entreprenants. «Ça dit: “Si je veux un homme, j’en aurai un, mais ce n’est jamais ma priorité”. Je suis tellement fière de cette phrase!»

C’est toutefois Watch Me Do, une pièce frisant l’arrogance, qui lui a donné le plus de fil à retordre. «Il m’a fallu deux jours pour l’écrire, moi qui ne passe jamais autant de temps sur une chanson», précise-t-elle. En effet, elle devait s’assurer que le texte ne la présente pas comme une fille imbue d’elle-même. «Il faut être prudent avec les paroles, parce que vous ne voulez pas avoir l’air de la conne qui dit “regarde-moi aller, je suis parfaite”. Vous ne pouvez pas faire ça. Vous pouvez avoir confiance en vous-même, laisse-t-elle tomber, mais il y a évidemment des limites!»

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