En 2007, il débarquait dans l’univers de la pop en véritable coup de vent. Un souffle frais. Étonnant et détonant. Mais qui était donc ce charmant énergumène à la tête joliment bouclée et à la voix de tête (il a débuté à la Royal Opera House de Londres), qui se réclamait à la fois de Grace Kelly et de Freddie Mercury sur un air résolument addictif? Eh bien: Mika… qui d’autre? Depuis, il n’a cessé de séduire la planète entière en enchaînant les succès dansants et quasi hypnotiques (Love Today, Relax, Take It Easy, Big Girl (You Are Beautiful), We Are Golden, Rain, Elle me dit, Boum Boum Boum…) avec une aisance désarmante.

L’adorable Britannico-Libanais de 31 ans était de passage chez nous en février dernier lors d’une série de concerts avec l’Orchestre symphonique de Montréal. On l’a attrapé au vol pour jaser de son parcours hallucinant et lui tirer quelques vers du nez au sujet de sa démarche artistique – en attendant les vers d’oreilles qui, eux, seront certainement nombreux sur son nouvel album, No Place in Heaven, dont la sortie est prévue le 16 juin.

PLUS: Notre top 5 des vidéoclips de Mika

À quel moment avez-vous saisi l’ampleur du phénomène «Mika»?

Il n’y a pas de phénomène… nooon. (rires) Le concept de célébrité, ça m’échappe totalement. (Il réfléchit un court instant.) Être star, c’est bien, pour créer un parfum! Du parfum qui ne coûte rien à produire, qui sent le bonbon ou le muffin, et qui se vend 65 $ dans un beau flacon. Les stars, elles font ça. (rires) Pas moi.

Parlez-nous de votre relation avec vos fans. Êtes-vous en contact étroit avec eux?

Ben… en fait, je suis nul avec les médias sociaux. (rires) Je peux m’y mettre à fond durant une semaine et oublier ensuite pendant plusieurs mois que j’y suis inscrit. Alors, ça emmerde tout le monde qui me suit. (rires) En plus, les médias sociaux peuvent très vite me distraire de mon processus créatif. Et je préfère ne pas trop partager ce que je prépare parce que je ne veux surtout pas gâcher l’effet de surprise.

Une de vos grandes qualités comme musicien, c’est de nous faire voyager, de nous transporter dans des univers parallèles, en quelque sorte…

J’écris mes chansons pour me sentir transporté ailleurs, moi aussi. D’abord et avant tout, je veux m’amuser. Même si mon travail exige beaucoup de rigueur, je pense que la candeur est également très importante et qu’il faut toujours la conserver. La préparation et les répétitions demandent de la discipline. Mais la performance? Ce n’est que du plaisir.

Vous avez été juge aux concours télévisuels The X-Factor, en Italie, et The Voice, en France. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce type d’émissions?

D’abord, j’adore parler! (rires) Et j’aime surtout parler de musique. Je m’amuse sur ces plateaux: on s’assoit, on boit du thé, puis du café quand on devient fatigué, puis du vin quand on devient vraiment fatigué! (rires) On écoute de la musique et on en parle. C’est un peu dingue comme job, non? J’ai de la chance. Sans compter que ça me permet de rejoindre un public plus large. Un jour, un marchand aux puces, à Paris, m’a dit: «Avant, je pensais que t’étais un peu snob et con. Mais je t’ai vu hier à la télé, et je réalise qu’en fait t’es cool. Je comprends ce que tu fais, maintenant.»

PLUS: Stromae, l’artiste qui continue à nous faire danser

Quel est le meilleur conseil que vous ayez donné à vos protégés?

Je leur dis de travailler sérieusement, mais sans jamais se prendre au sérieux. Ça revient un peu aussi à ce que je disais tantôt: il faut savoir combiner la candeur et la rigueur. Et aussi, tous les jours, sortir un peu de sa zone de confort.

À l’inverse, quel est le meilleur conseil qu’on vous ait déjà donné?

Quand j’étais plus jeune, j’ai rencontré par hasard Annie Lennox à un spectacle. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé lui demander des conseils pour un jeune chanteur qui rêve de faire carrière. Elle m’a répondu: «Qu’est-ce que tu veux que je te dise? C’est une question sans réponse! » C’était brutal, presque violent. Puis, elle a ajouté: «Si t’as le feu qui brûle en toi, tu y arriveras. Écoute le feu, c’est tout.» Je ne saisissais pas tout à fait ce qu’elle voulait dire à l’époque, mais maintenant, je comprends. Il ne faut jamais perdre le désir… Quelques années après cette rencontre, j’ai suivi des cours avec un nouveau prof de chant populaire. Depuis la salle d’attente, juste avant mon premier cours, j’ai entendu une voix familière. C’était celle d’Annie Lennox! Pendant trois ans, juste avant ma leçon, il y avait toujours celle que suivait Annie Lennox. Elle s’est vite rendu compte que j’arrivais tôt, souvent 30 ou 40 minutes à l’avance, juste pour pouvoir l’écouter. Et vous savez quoi? Je n’en avais pas honte, au contraire, parce que j’avais le feu, le désir! (rires)

Que pouvez-vous nous dire à propos de votre prochain album?

C’est très moi, très pur. J’ai voulu établir un lien direct entre le public et moi. J’ai aussi décidé de ne pas me cantonner dans un son particulier. Par exemple, ma chanson The Last Party contenait au départ une séquence électronique, que j’ai finalement décidé d’enlever, de telle sorte qu’on retrouve plutôt mes origines classiques dans ce morceau… C’est d’ailleurs génial que ma série de concerts symphoniques et la préparation de cet album se soient déroulées au même moment, parce qu’elles se sont réellement influencées l’une l’autre!

Quels autres projets espérez-vous concrétiser dans les prochaines années?

Il y en a plein! Mais ce que je veux et ce que la vie va me donner sont deux choses distinctes. Alors, je reste ouvert. J’ai, bien sûr, des plans précis en tête, mais je les garde secrets… Comme je le disais tantôt, je ne voudrais surtout pas gâcher la surprise!  

À DÉCOUVRIR:
Rencontre avec Julie Perreault, la pétillante

Rencontre avec Claude Legault
Culture: 3 arrêts obligés sur les routes du Québec cet été