J’ai découvert Ariane Zita à l’été 2016. Dès les premières notes de son album Oui mais non, j’ai été charmée par sa pop indie accrocheuse et sa voix vaporeuse. Mais c’est quand je l’ai vue sur scène, au Festival de musique émergente en Abitibi, que j’ai réellement été conquise. À travers ses douces chansons, quelques blagues féministes et une reprise de Michèle Richard, le public et moi avons deviné une artiste non seulement talentueuse, mais aussi drôle et intègre, à qui les mots de Mme Richard (tirés d’une reprise de la chanson You Don’t Own Me, de Lesley Gore) vont à merveille: «Je suis libre / Ne me dis pas que je t’appartiens / Je suis libre / Et je sais que je ne te dois rien.»

C’est la même Ariane au regard franc et aux cheveux pastel — joliment enceinte de cinq mois — qui entre au studio de photo par un mardi gris. Un peu nerveuse devant l’objectif, elle reprend rapidement ses aises lorsqu’elle me parle de son tout nouvel EP, Poudres. «Sur Oui mais non, mon premier album, j’étais — c’est drôle à dire — en mode séduction. Je l’ai joué un peu safe, plus pop et plus cute, dans les mélodies comme dans les paroles. Tandis que sur Poudres, j’ai vraiment fait tout ce dont j’avais envie, sans me soucier de savoir à qui ça plairait. Le son est plus vintage, plus intense, plus sale, plus électro. Les sujets que j’aborde sont aussi plus sombres, affirme-t-elle. J’aime bien dire que mon nouvel album, c’est de la pop honnête.»

Et pour être honnête, ça risque de l’être. L’artiste l’avoue d’emblée: les paroles de ce nouvel opus lui ont été inspirées par des événements pour le moins traumatisants. «J’ai fait le choix de quitter mon ancien emploi parce que les dirigeants ont décidé de prioriser un homme haut placé plutôt que les femmes – dont moi-même – qui dénonçaient son comportement déplacé et inacceptable envers elles. Ça m’a mise dans une colère terrible de voir qu’on puisse, encore aujourd’hui, agir de façon aussi misogyne en toute impunité. Je préfère vivre dans la précarité que de travailler avec quelqu’un qui n’a aucun respect pour moi ou pour les femmes en général. Et je ne suis pas gênée d’en parler: c’est une situation qui se répète dans tellement de milieux professionnels!»

 

Ariane Zita

Ariane Zita / Photographe: Julie Artacho

Dans la vie comme sur les médias sociaux, Ariane n’a pas peur de revendiquer. Elle est engagée et féministe, dans une ère où ce mot peut (encore) rebuter un certain public. «Je n’ai vraiment pas envie de faire semblant d’être une personne que je ne suis pas. Et j’ai énormément de difficulté à me taire lorsque je suis témoin d’injustices ou de propos intolérants. S’il fallait toujours que je me retienne de dire ce que je pense, je serais vraiment malheureuse. De toute façon, les personnes misogynes, racistes ou homophobes, je n’ai pas envie qu’elles m’aiment! Je suis bien contente de ne pas les croiser à mes spectacles», ajoute-t-elle en riant.

Justement, pour la voir en spectacle — en bonne compagnie! —, il faudra attendre un certain temps, puisqu’elle compte prendre une pause après avoir donné naissance à son premier bébé. «Ce que j’aimerais que les gens sachent, c’est que Poudres est un avant-goût de mon prochain album long jeu, qui sortira dans un an, environ.» On s’en contentera… en attendant impatiemment 2018!

 

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