C’était en juin dernier. Pendant que Stromae déchaînait la foule du Centre Bell, Salomé Leclerc présentait en avant-première les chansons de son nouvel album, 27 fois l’aurore, dans l’enceinte intimiste du Gesù, à Montréal. À peine débarquée de Suisse, où elle venait de donner des concerts en solo, la jeune femme était encore sous l’effet du décalage horaire. Et pourtant, elle était incandescente, comme si son corps était traversé de puissantes décharges électriques. Elle se laissait posséder par ses nouvelles compositions, rehaussées d’arrangements électroniques inédits. «Je ne suis pas du genre à danser, mais lorsque j’ai une guitare dans les mains, je me laisse aller, complètement», affirmait la chanteuse au lendemain de ce spectacle enivrant.

S’abandonner est facile lorsqu’on est entouré des musiciens José Major, Benoît Rocheleau et Philippe Brault (aussi coréalisateur de l’album et proche collaborateur de Pierre Lapointe, de Random Recipe et de plusieurs autres). Grand amateur de hip-hop et d’électro, c’est ce dernier qui a proposé d’intégrer des éléments électroniques à ce deuxième album que Salomé Leclerc imaginait d’abord plus rock, comme son précédent, Sous les arbres. Une suggestion accueillie avec enthousiasme.

Car si certains artistes ont besoin de faire le vide pour créer, Salomé Leclerc, elle, préfère s’imprégner de musique. «Je ne m’en cache pas, j’emprunte beaucoup à d’autres. Pour écrire, je me gave de textures et de sons, je me bourre la tête de chansons françaises.». Elle garde d’ailleurs dans son iPod les albums des artistes qui ont influencé la création de 27 fois l’aurore, dont Radiohead, Beast, Wye Oak, Cat Power, Atoms for Peace, Blonde Redhead et Braid. On peut effectivement trouver sur ce disque des éléments piqués à chacun d’eux, mais Salomé Leclerc parvient malgré tout à affirmer son style intense et singulier. Cette voix, à la fois rauque et chaude, et cette énergie brûlante n’appartiennent à nulle autre. (sortie le 23 septembre)  

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