« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.» Et lorsqu’on est artiste, ces épreuves, quelles qu’elles soient, on peut les traverser en les transformant, en les sublimant. C’est du moins le pari que fait Maude Audet sur son nouvel album, Tu ne mourras pas. «Ça parle de petites morts, de petits échecs, mais aussi de grands deuils», explique l’autrice-compositrice-interprète, dont les chansons douces tiennent plus du baume que du poison. Les textes, encore une fois écrits avec le soutien bienveillant de son amie, la poétesse Erika Soucy, comme les sons insufflent une certaine mélancolie à ce troisième album bercé par de délicats arrangements de cordes signés Marianne Houle. Si l’album précédent (Comme une odeur de déclin) flirtait parfois avec le rock, on sent plutôt ici les effluves doux-amers d’une Françoise Hardy, influence avouée de la chanteuse. «C’est sûr qu’on n’a pas commencé l’album en se disant qu’on allait “faire du Françoise Hardy”; mais je voulais explorer des sonorités des années 1960 et 1970 sans pour autant verser dans la nostalgie. C’est pour ça qu’il y a de la flûte traversière, un instrument que je n’avais jamais utilisé, mais qui évoque pour moi une grande douceur…»

Pour la réalisation, Maude a fait appel à Mathieu Charbonneau (Avec pas d’casque, Timber Timbre), qui s’est révélé un précieux collaborateur. «Tu sais, à force de travailler avec de vrais pros qui lisent bien la musique, à un certain moment, j’ai souffert du syndrome de l’imposteur. Moi, je me débrouille: je n’ai pas vraiment de formation, mais je peux aligner des accords. Si tu me donnes assez de temps, je vais pouvoir déchiffrer une partition. J’ai compris depuis que la musique, c’était d’abord une affaire d’émotions, et ça, je connais…» De l’émotion, il y en a à revendre sur Tu ne mourras pas. Avec une formidable économie de moyens, Maude dévoile une prose plus immédiate et touchante que jamais, allant au cœur des relations humaines. «Pour faire ces chansons, je me suis inspirée de grandes émotions, comme l’amour, ou de petits trucs du quotidien, explique-t-elle. Même si c’est souvent profondément intime, quand tu envoies ça vers les autres, tu comprends à quel point c’est universel.»

Maude Audet, Tu ne mourras pas, Bonsound