Vingt fois sur le métier, elle remet son ouvrage et, pour citer Rihanna, elle «work, work, work, work, work…» Ce n’est pas pour rien que son nouvel album, OMG, s’ouvre sur une pièce dans laquelle elle chante: «J’travaille tout l’temps mais j’médite. Jusqu’au top, j’lévite. J’drop mes beats, j’garde le mérite. Signe mon chèque, exit.» Le ton assuré de Work («J’suis aux commandes, babe») marque l’ensemble de cet album, sur lequel Laurence adopte l’attitude vantarde, voire arrogante, typique des rappeurs. «J’ai plus d’assurance, c’est clair, confirme-t-elle, et pourtant je constate que, malgré mon expérience et la place que j’ai prise dans le milieu de la musique, j’ai encore le réflexe qu’ont plusieurs filles d’être gênées de leur succès. Mais comme la musique est une thérapie, je gagne en confiance en écrivant de cette manière-là.»

La place des femmes en musique est une préoccupation centrale pour Laurence, qui en a parlé dans presque chacune des entrevues qu’elle a accordées pendant la promo de son album précédent, Feu, paru en 2019. «C’était important de le dire parce que, jusqu’à tout récemment, il n’y avait pratiquement aucune réalisatrice de disques au Québec, ce qui est un méchant problème. Depuis, plein de filles m’ont dit que le fait que j’ai abordé ce sujet leur a donné confiance, alors je me dis que c’était une bonne chose.»

Comme tout le monde, la chanteuse a dû modifier ses plans en 2020. En fait, l’album qui vient de paraître aurait dû sortir à l’automne, en format réduit, mais elle a profité du confinement pour continuer à enregistrer d’autres pièces. «Ça devait être un minialbum de chansons rythmées, destinées à être jouées live, mais comme tous mes shows ont été annulés et qu’on a vécu des choses intenses, j’ai voulu ajouter des pièces plus introspectives, plus relaxes.» Certaines, purement hédonistes, célèbrent l’amour du bling et des plaisirs charnels, mais d’autres, notamment la pièce- titre, évoquent les secousses qui ont traversé la société en général et le milieu de la musique en particulier. Côté son, on a droit à un mélange des genres, qui permet à Laurence d’assumer à fond ses envies de hip-hop, de s’offrir quelques touches latines et, même, de se payer une composition planante (High), avec un certain Patrick Watson au piano. «Paradoxalement, même si mes influences sont très variées, c’est mon album le plus cohérent», dit la chanteuse, qui aurait pu en guise de conclusion citer les paroles de sa chanson Queens: «J’ai trouvé mon tempo, les pieds sur le trône. J’ai changé les rôles, je reprends les commandes.»

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