«Excuse-moi, la réception est pourrie, je suis dans le bois, au bord du lac», lance d’entrée de jeu Justin Boisclair, alias BKAY, répondant sans s’en douter à ma première question, à savoir si son groupe, LaF, continuait de produire sa musique au chalet plutôt qu’en studio, une méthode que le collectif rap, genre urbain s’il en est, privilégie depuis ses débuts. «On a un peu hésité à se réunir au début de la pandémie, mais comme notre projet repose autant sur l’amitié que sur la musique, c’est important qu’on passe du bon temps ensemble pour créer», répond le rappeur. LaF, c’est une famille après tout. Celle que ces amis se sont choisie, tandis qu’ils fréquentaient tous l’école secondaire privée; et celle, plus étendue, de leurs parents, sympathiques et tolérants propriétaires des chalets en question.

La création, les six membres de LaF la vivent à temps plein depuis leur victoire au concours Les Francouvertes en 2018. Après la parution de Citadelle, un premier album complet ambitieux et touffu lancé l’automne dernier, les trois rappeurs et trois beat makers ont eu envie de privilégier le plaisir de créer sans attentes ni contraintes. «Sur Citadelle, on s’était donné plein de défis, notamment de ne pas trop s’appuyer sur les samples, explique Bkay. Pour notre nouveau EP, Soin Entreprise, on voulait revenir à l’essence du hip-hop, avec des textes très autoréférencés et une trame instrumentale plus épurée, plus directe, pleine de samples funk et disco.» Le résultat porte néanmoins la marque très chill et caractéristique du groupe, qui explore en ce moment différentes avenues et pourrait décliner sa démarche musicale dans d’autres projets, solo ou collectifs. Récemment, ils ont participé à SOMMM, le groupe d’Ariane Moffatt et d’Étienne Dupuis-Cloutier. «Ariane, ç’a été un coup de foudre artistique et humain, confirme Justin. On a gardé contact et elle nous prête même son studio à l’occasion! On est tous des admirateurs de son travail… et nos parents aussi!»

LaF soin entreprise, disques 7ième ciel

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