«On m’a souvent demandé si mon prochain album allait en être un de piano solo ou d’électro… Mais non, aubades est orchestral et acoustique à fond! J’aime aller là où on ne m’attend pas. Ça me stimule», lance d’entrée de jeu Jean-Michel Blais, visiblement en grande forme.

Pourtant, si on rétropédale un peu, c’est en étant évincé de son studio et en vivant une rupture amoureuse que Jean-Michel a mis le pied dans la pandémie… et dans un appartement vide. Cette période de grande solitude lui a toutefois permis de s’initier au russe, de se remettre à courir dans les rues désertes de Montréal et d’apprendre l’orchestration pour un ensemble. Juste ça.

«J’ai souhaité composer pour un ensemble, car je me rendais compte que mon instrument, le piano, me limitait dans ce que je voulais réaliser. J’ai commencé à jouer avec de vieilles banques de sons de faux instruments. On aurait pu être 120 instrumentistes par pièce, mais je me suis dit qu’il y avait une limite au nombre de sons que l’humain pouvait percevoir. J’ai donc réduit le nombre d’instruments à 12, en ayant une approche communiste. C’était important pour moi que chaque musicien ait son moment. Pour la personne derrière l’instrument.»

Jean-Michel a donc composé pour «plein d’amis imaginaires», qu’il n’a rencontrés qu’un an et demi plus tard. Dès qu’il est revenu de la première répétition de l’ensemble, il a remplacé le nom de tous les instruments dans les pièces par le prénom des gens. «Ce n’était plus un hautbois, c’était Jean- Luc. Ce n’était plus la flûte, c’était Myriam. Ç’a été un travail d’équipe, ce qui est extraordinaire pour quelqu’un comme moi, qui a l’habitude d’être seul avec son gars de son.»

«J’ai décidé de revirer la situation de bord, et de créer un album plein d’espoir, de résilience, de printemps et de lumière.»

Rupture de ton

Même si aubades a été entrepris en pleine peine d’amour, c’est tout sauf un album de rupture. «J’ai décidé de revirer la situation de bord et de créer un album plein d’espoir, de résilience, de printemps et de lumière.» Comme l’homme de 37 ans s’éloigne du minimalisme, qui l’a fait connaître en tant que pianiste néoclassique, il ignore si son public le suivra dans cette nouvelle aventure. «Je ne suis pas sûr que ça va marcher.

Et c’est d’ailleurs pour cette raison que je n’ai rien fait avant l’âge de 30 ans: je voulais plaire à tout le monde. J’espère humblement qu’aubades pourra apporter aux gens le bien qu’il m’a fait quand je l’ai créé. C’est vraiment tout ce qui compte. Je m’en fous d’être connu, je m’en fous de faire du cash! Par contre, toucher les gens, c’est ça qui donne un sens à ma vie.»

Et pour les fans finis de Jean-Michel Blais, sachez que vous n’aurez pas la même œuvre à vous mettre à l’oreille, selon le format que vous choisissez d’écouter. «La version de l’album qui sera offerte sur les plateformes d’écoute numérique ne sera pas la même que sur vinyle. Le vinyle se rapproche davantage d’un spectacle. Je te prends par la main, je t’emmène avec moi de la face A à la face B. Il y a des affaires wild, sur le vinyle; je peux aller vraiment plus loin.»

Puis, du même souffle, il conclut, humble: «Je ne fais pas de la grande musique, je ne révolutionne rien, mais j’essaie de faire une musique qui sensibilise au classique et qui le vulgarise. Je veux simplement rendre le langage de la musique orchestrale accessible à tous.»

L’album aubades paraîtra le 4 février prochain.

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