Porte-étendard du chiac, un parler franglais typique du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, le groupe Radio Radio possède aussi son propre langage. Après nous avoir initiés à l’expression «cliché hot», le nom de son premier album, le trio nous propose maintenant Ej Feel Zoo, dont le titre risque de faire grincer des dents le journaliste du Devoir Christian Rioux, qui a déjà accusé le groupe de contribuer à la créolisation du français d’Amérique. «Peut-être que Rioux devrait venir faire un tour à Moncton pour voir à quel point la culture acadienne est vivante», lance Gabriel Malenfant, un des deux rappeurs-chanteurs du trio. Avec Ej Feel Zoo, on ajoute une nouvelle expression à notre lexique: « »Feeler zoo », c’est l’équivalent de se lâcher lousse. C’est exprimer l’instinct animal qu’on refoule normalement», explique-t-il.

Ce nouvel album, dansant et joyeux comme les précédents, promet d’amener tout un chacun à lâcher son fou! Avec humour et entrain, le groupe affirme s’adresser non pas seulement aux cercles des amateurs de hip-hop, mais à tout le monde. «Ce serait réducteur de dire qu’on fait simplement de la musique de party, précise Gabriel. On a vieilli [NDLR: tous les membres du groupe sont maintenant dans la trentaine] et on a l’impression de faire quelque chose de familial et rassembleur. On veut construire des ponts entre les cultures acadienne et québécoise, les francos et les anglos, le hip-hop et la mode.» Connus pour leur look soigné, les gars de Radio Radio ont parfois des idées colorées pour renverser les tendances, comme la pièce 50 Shades of Beige, sur laquelle ils chantent les louanges de la plus terne des couleurs. «Inutile de dire que c’est de l’ironie», conclut Gabriel. On n’en doutait pas une seconde…

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