Il faut dire qu’elle en a passé une partie à composer The Reminder, jolie galette enregistrée spontanément et rapidement dans un pavillon de la banlieue parisienne en compagnie d’amis. Feist voulait faire de ce nouveau disque quelque chose d’immédiat et de chaleureux. Plus live, quoi. Intention qui se confirme avec The Park, par exemple, complainte qui semble avoir été enregistrée à travers un magnétophone antique sur le perron d’une maison de campagne dans les années 40. Tout n’est cependant pas aussi dénudé. En témoignent le premier single, My Moon My Man, propulsé par une ligne de piano minimaliste et une guitare saccadée, et Sea Lion Woman, rythmée par des claquements de mains et des choeurs doo-wop. Mais les instruments ne prennent jamais le dessus sur la frêle chanteuse: partout, c’est cette voix un rien voilée et toujours poignante, puissante mais pas pompière, qui domine l’ensemble.
Feist sera en spectacle le 9 juin au Babylon, à Ottawa, et, à Montréal, le 10 au Cabaret Music-Hall. PINK MARTINI
Hey Eugene
Cette fois encore, Pink Martini joue la carte rétro sans ironie aucune et montre son immense talent à élever le kitsch au rang des beaux-arts. Dans cette orgie de lounge aux effluves latins et européens, mélange naturel de variétés et de jazz, la chanteuse polyglotte China Forbes brille de mille feux. Elle réussit à ajouter une nouvelle langue (l’arabe!) à celles qu’elle maîtrise déjà, et se paie une élégante reprise du Syracuse d’Henri Salvador.
WILCO
Sky Blue Sky
Après les expérimentations en studio qui caractérisaient ses albums précédents, Wilco revient à ses origines avec un disque organique et détendu. Le côté country-folk occupe le premier plan, et les guitares – à peine ornées de chaleureuses touches d’orgue, de piano et de violon – scintillent sans déchirer l’oreille. La voix de Jeff Tweedy, aussi nonchalante qu’à l’habitude, tend vers la lumière du jour sans toutefois perdre son côté écorché.