Dans mon esprit, le festival Coachella, c’était une grande roue, des célébrités bien habillées et des couronnes de fleurs. Un événement hype réservé aux jeunes riches et beaux de ce monde, ondulant leur corps de rêve sur fond musical tendance. Cela dit, il n’y avait pas plus heureuse que moi lorsqu’un gris et froid matin de mars, Angélique, notre directrice beauté, m’a proposé d’y aller. Parce qu’entre nous, déambuler parmi le jet-set au coucher du soleil en écoutant Radiohead, ça se prend bien. Ça et la perspective de s’envoler pour le désert de Californie! Ma garde-robe allait-elle être à la hauteur? Pression, pression.

Coachella, c’est quoi?

C’est un festival de musique fondé en 1999 et qui se déroule sur le site de l’Empire Polo Club, dans la municipalité d’Indio, une petite ville nichée au coeur de la vallée de Coachella et du désert sud-californien. Chaque année, en avril, les sept scènes qui accueillent les plus grands noms de l’industrie musicale sur deux week-ends deviennent un peu le centre du monde. Pour l’édition 2017, les bracelets d’entrée se sont envolés en trois heures! Afin d’être sûrs d’avoir le leur, nombreux sont ceux qui l’ont acheté dès la première vague de mise en vente, en juin 2016, sans même connaître la programmation. La preuve que Coachella est bien plus qu’un festival de musique…

Les talons hauts, on ou-blie!

La première chose qui frappe? L’immensité du site: 243 hectares de terrain — soit l’équivalent de trois parcs Maisonneuve — auxquels ont été ajoutés 16 hectares afin de pouvoir accueillir 125 000 personnes par week-end, soit 26 000 de plus que l’an dernier. Autant dire que, pour se déplacer d’une scène à l’autre, aller aux toilettes, acheter à manger, quitter le site, bref pour faire à peu près TOUT, il faut marcher longtemps. L’idéal? Porter des bottines ou des sandales plates. J’ai testé les deux, mais, vu le monde (aïe, mes orteils!) et la poussière, je suis clairement team bottines.

Puisqu’on parle de look, y a-t-il un uniforme Coachella?

J’imaginais un festival très hipster, autant dans l’énergie que côté mode. Je ne m’étais pas trompée, mais le résumer à ce terme serait réducteur. Comme Coachella est aussi célèbre pour ses street styles que pour sa programmation musicale, c’est la capitale mondiale du selfie et du «look de festival». La mode est dûment «instagrammée», et chaque édition a ses pièces-clés. En 2016, les couronnes de fleurs étaient légion. Cette année, il y avait peu de pâquerettes à l’horizon, mais on comptait pléthore de paillettes sur le visage, de robes ajourées, de pantalons évasés et de combishorts. Le duo crop top et minishort demeure un classique, mais attention, dans le désert, on sue en journée et on frissonne en soirée: veste suggérée. Soulignons tout de même qu’il est difficile d’en faire trop à Coachella. L’excentricité, l’humour et la liberté de s’habiller/se déguiser comme bon nous semble font le charme de ce festival! D’ailleurs, s’asseoir pour regarder les gens stylés déambuler dans ce décor idyllique est une réelle (et fascinante) activité en soi.

Le désert, ça se prépare!

L’avantage du lieu, c’est qu’il est magique, et qu’il y fait beau tous les jours. Beau et (très) chaud! J’ai eu la chance d’être invitée par Kiehl’s et Urban Decay, deux marques que j’aime énormément et qui m’ont fourni les outils parfaits pour vivre ces trois jours avec grâce! Les mots-clés? Hydratation, protection, glamour et longue tenue.

Ma peau a surmonté la sécheresse grâce à l’application quotidienne et ô combien rafraîchissante du sérum concentré hydro-repulpant retexturisant et de la crème solaire FPS 50, de Kiehl’s. Mon arme secrète? Un nettoyage en profondeur grâce au masque désincrustant à l’argile, de la même marque, qui a débarrassé mes pores de la couche de sable et de poussière qui les obstruait. Magique! Et vu que je ne suis pas particulièrement audacieuse côté look, je me suis rattrapée en mettant le paquet sur le maquillage! Eye-liner Razor Sharp dans la teinte Ecstasy (mauve), fond de teint All Nighter (une merveille!) et brillant à lèvres iridescent Vice Special Effect, d’Urban Decay, le must pour un look de festival. On m’a même arrêtée pour me complimenter sur ma mise en beauté (#goals!). Et après sept heures de danse intensive, miracle, mon maquillage a à peine bougé!

On va au week-end 1 ou au week-end 2?

A priori, qu’importe, puisque la programmation est exactement la même les deux fins de semaine! Cependant, pour Dan, un sympathique Brésilien de 26 ans qui vit à San Francisco et assiste à sa quatrième édition, le choix est clair: «Tous les habitués savent que les invités-surprises et les célébrités viennent le premier week-end. C’est vraiment le meilleur!» Jesse, 23 ans, résidente d’Austin, au Texas, préfère au contraire «le sentiment d’urgence [du deuxième week-end], celui qui invite à profiter des derniers instants de magie du festival. L’émotion y est plus palpable». Comme tous ceux que j’ai croisés sur le site, elle estime que ce qui fait la force de Coachella, audelà de la musique, est sa vibe: «Ici, on oublie tout: les gens sont bienveillants, relax, et on peut être totalement soi-même.» Elle a raison: jamais je n’ai vu une foule aussi heureuse et civilisée, même en plein délire devant Kaytranada ou Lady Gaga! L’alcool ne pouvant être consommé que dans des zones fermées, ça aide. Concrètement, imaginez des festivaliers de tout âge (oui, oui, de 7 mois à 77 ans) et de toutes nationalités (17 recensées cette année) qui chantent et dansent pour se déplacer d’une scène à l’autre, s’excusent lorsqu’ils vous frôlent et se laissent aller à la contemplation du coucher du soleil, paisiblement allongés dans l’herbe. À l’ère de Trump, ça redonne foi en l’humanité.

 

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  Photographe: Emmanuelle Martinez

S’offrir le bracelet VIP, ça vaut la peine? 

Un bracelet régulier coûte environ 550 $. Le VIP? Autour de 1225 $, soit plus du double. Il donne accès aux trois jours de concerts et à deux espaces réservés et gazonnés (je reviendrai sur ce détail d’importance), avec palmiers, guirlandes de lumières, bar, baraques à nourriture et tentes — comprendre zones d’ombre (!). Le premier carré VIP offre une vue directe sur la scène principale, où se produisent les artistes les plus connus. Le second espace VIP, le Rose Garden, se situe à l’autre extrémité du site, à côté de la tente Sahara, qui diffuse plutôt de l’électro. Tous deux sont à l’image d’un oasis de calme, de glam et de verdure qui permet de se reposer loin d’une foule compacte. On a peu de chances d’y apercevoir les Rihanna, Miley et Selena de ce monde, mais on y croise des acteurs de télésérie (Riverdale), des mannequins (Alessandra Ambrosio, Emily Ratajkowski), des blogueuses ultralookées, et, pour faire du people watching un cocktail à la main, c’est parfait. Cela dit, on y est déconnecté de l’ambiance joyeusement électrisante qui règne hors de leurs frontières. Pour ma part, j’ai surtout adoré pouvoir profiter du luxe de revenir y faire pipi sans faire la file! Partout ailleurs, il faut prévoir environ 30 minutes d’attente devant les toilettes chimiques. Et ça, ça casse un party!

Avoir su… 

– J’ai réalisé un peu tard qu’on pouvait remplir sa bouteille d’eau gratuitement grâce à neuf stations de fontaines dispersées sur le site. J’aurais fait quelques économies. Il y a aussi des aires de rechargement de téléphone, mais quand on n’a pas pensé à prendre son câble, tsé…  – Le bandana qui m’attendait dans ma chambre d’hôtel et qui y est sagement resté n’était pas destiné à orner mon poignet ou mon cou, mais bien à protéger mon nez et ma bouche. Ce qui m’amène au point suivant. 
-Après 48 heures de passages incessants, les vertes pelouses du site ne sont que terre et poussières en suspension qui s’insinuent partout, notamment dans les narines. Ce qui m’amène au point suivant. 
-Dans les espaces VIP, il faut bien admettre que l’herbe est plus verte qu’ailleurs, même le dimanche soir. On peut s’asseoir sur la pelouse, s’y étaler, s’y rouler même, sans craindre la quinte de toux voire l’asphyxie.  Dans l’espace VIP, il ne faut pas s’attendre à payer moins cher pour les casse-croûtes et les boissons. Au contraire. Si on a accès à des poke bowls et à des sushis — alors que c’est plutôt hot-dogs, pad thaïs ou pizzas ailleurs sur le site —, il faut compter au moins 12 $ US le repas. 

 

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