J’écoutais la musique envoûtante d’Helena Deland bien avant de la rencontrer. Dès les premières notes de Drawing Room, son premier EP, je m’étais laissée conquérir par sa voix profonde, ses mélodies douces et accrocheuses. Mais c’est quand je l’ai vue sur scène, lors de l’édition passée du festival Santa Teresa, que je suis complètement tombée sous son charme.

Dr. Martens aux pieds, cheveux en bataille, vêtue d’un simple jean et d’un t-shirt, Helena rayonnait dans cette taverne sombre de Sainte-Thérèse. Il émanait d’elle une assurance et une sympathique nonchalance qui empêchaient la foule de quitter des yeux cette mystérieuse blonde de 25 ans. En la voyant performer, guitare à la main, j’ai compris pourquoi plusieurs médias lui promettaient un avenir brillant dans le monde de la musique.

Après la sortie de son mini-album à l’été 2016, Helena lance cet automne son tout premier disque long jeu. Au moment de notre rencontre, elle apporte d’ailleurs les touches finales à cet opus très attendu. «On a récemment décrit ma musique comme étant du tender rock et… ça me plaît bien!» confie-t-elle en riant, verre de vin à la main, sur la terrasse ensoleillée du bar Darling, boulevard Saint-Laurent. Celle qui dit s’inspirer du travail d’Angel Olsen nous prépare un album qui, s’il sonne un tant soit peu comme les ballades poétiques  de Drawing Room, devrait avoir l’effet d’une bombe sur la scène musicale québécoise.

«J’ai composé et enregistré mon EP avant de jouer avec un band. Pour cet album, réalisé par Jesse Mac Cormack, j’ai fait l’inverse: j’ai travaillé en collaboration avec mes musiciens d’entrée de jeu», nous explique la chanteuse qui admet avoir besoin de ce regard extérieur pour se détacher de sa musique. «Être bien entourée me permet de laisser un peu les choses aller… Sinon, j’ai de la difficulté à m’arrêter dans ma quête de perfection. Ça peut devenir maniaque! (rires)»

La chanteuse, également bachelière en littérature, a passé une bonne partie de l’année 2016 sur la route. «J’ai beaucoup performé au cours des derniers mois et j’ai gagné en assurance. Je me suis rendu compte que je devais lâcher prise, que je ne pouvais pas tout contrôler, notamment la perception que les gens ont de moi. Depuis que j’ai réalisé ça, j’ai vraiment plus de fun! Et puis, j’adore la vie de tournée, même si ça me faisait peur, au départ, d’être continuellement en déplacement avec toute une équipe. Là aussi, la clé est de bien savoir s’entourer.»

Helena Deland: retenez bien ce nom qui, gageons-le, sera bientôt sur toutes les lèvres. Mais comment réagit la principale intéressée face à ce succès annoncé? «Je suis assez sévère envers moi-même; alors, quand j’entends dire que je suis the next big thing, j’ai un peu de difficulté à y croire, avoue-t-elle. Pour moi, le plus important est de faire de la musique et de pouvoir continuer de créer de façon candide, en m’entourant de personnes talentueuses et inspirantes: c’est ce que je me souhaite, next big thing ou pas!»