Tandis qu’elle s’apprête à publier à Paris un album consacré à la vie de couple, Eva Rollin fait paraître à Montréal le troisième tome de sa série Mademoiselle, Les sept péchés capiteux (Marchand de feuilles). Humour décapant, comme toujours. Avec, bien sûr, en toile de fond, le rêve de l’éternel prince charmant. Mais, cette fois, la célibataire qui se voudrait endurcie ne s’étourdit pas dans le stupre et la fornication. Oh que non! Fini, les folies. Elle va faire peau neuve, être zen, se débarrasser de tous les vices qui la travaillent. Vraiment?
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser au péché?
Même si on assume ce qu’on fait, à la base, ça n’empêche pas la culpabilité. Je n’ai pas été élevée avec le petit catéchisme, et le péché n’existe supposément plus, mais il arrive toujours un moment où je me sens coupable de quelque chose. Il me semble qu’il y a une fêlure entre ma morale et ce que je vis. Et cet album, pour moi, c’est une façon d’exorciser ma culpabilité. Mademoiselle voudrait tout à coup être parfaite, atteindre à la pureté absolue, mais elle n’y arrive pas. Elle est un peu excessive, non?
Bien sûr. Sa pseudoreconversion est impossible. Personne n’y arriverait, de toute façon. Pas dans le monde où on vit aujourd’hui. Les valeurs inculquées par la religion sont incompatibles avec les valeurs des années 2000. Il faut évoluer avec son époque. Mais Mademoiselle, elle, prend tout à la lettre, elle veut tout changer en même temps, repartir à zéro. Parce que c’est Mademoiselle, et que, oui, c’est une excessive.
Comme vous?
(Rires) Je lui ressemble beaucoup, même si, avec les années, Mademoiselle est devenue un personnage autonome. Mais je suis effectivement du genre à changer de vie du jour au lendemain. Je suis même du genre à quitter mon pays en trois jours, sur un coup de tête, et à me poser des questions après…