Encore une fois, l’homme en a plein les bras. Réussira-t-il à mettre la main au collet du fétichiste qui multiplie les enlèvements, puis les meurtres, en laissant derrière lui des messages antisémites? Le nouveau polar de Chrystine Brouillet se passe au début des années 80, à Montréal. Mais aussi dans les années 40, à Paris, tandis que deux jeunes peintres amis se voient séparés par la guerre, le nazisme, l’holocauste…

Pourquoi avez-vous choisi de traiter de la Shoah?
La Seconde Guerre mondiale m’a toujours intéressée. Dès l’âge de 13 ans, je lisais tout ce que je dénichais là-dessus, en particulier ce qui touchait les camps de concentration. Il y a sept ans, je suis allée à Auschwitz. C’est saisissant. Tellement absurde. Et pourtant, ça a existé.

Photo: Philippe Renault

 

On comprend, dans votre roman, que les menaces d’extermination perdurent… Est-ce une sorte de mise en garde?
On vit dans une société assez fermée aux autres. Je ne suis pas pour la tolérance sans limites, je n’ai pas de recette à offrir, mais je m’interroge. Et je trouve effrayant de voir que les hommes n’ont pas appris. Les choses n’ont pas vraiment évolué, malgré tout ce qu’on a su sur les camps de concentration. Pol Pot a existé, le génocide au Rwanda a eu lieu. Les massacres continuent dans le monde. C’est déprimant. C’est pour ça que l’art est important. Je crois profondément qu’il est salvateur.

Pourquoi mettre en scène un peintre qui plagie le travail d’un rescapé des camps de concentration?
Je me suis posé la question: est-ce que l’art excuse tout? Si, par exemple, Picasso avait copié 10 tableaux au début de sa carrière, devrait-on rejeter le reste de son œuvre? Dans mon roman, le peintre fait quelque chose d’épouvantable, parce qu’il usurpe la mémoire du peuple juif.