LA MORT EN FACE

Exit le fantôme

Philip Roth (Gallimard)

À 71 ans, le voilà incontinent et impuissant, à la suite d’un cancer de la prostate. Et sa mémoire lui joue de plus en plus de tours. L’écrivain Nathan Zuckerman, double littéraire et antihéros récurrent du féroce romancier Philip Roth, est au plus mal. Ce qui ne l’empêche pas de fantasmer sur une jeune écrivaine dans la trentaine… Faute de passer à l’acte, le vieux séducteur privé de sa virilité ira jusqu’à mettre sur papier une série de dialogues imaginaires où il peut laisser libre cours à ses désirs les plus fous. Ne serait-ce que pour ces dialogues déchirants, il faut lire Exit le fantôme. Mais il y a plus derrière cette histoire de mort annoncée. Il y a le New York d’après le 11 septembre qui sombre dans la paranoïa, le désenchantement politique. Il y a de jeunes loups sans scrupule qui rôdent, soucieux de se faire un nom sur le dos des icônes qu’ils envient. Surtout, il y a la virtuosité, la plume acérée d’un des plus grands romanciers américains vivants.

 

 

 

LA MORT AU COIN DE LA RUE

J’ai eu peur d’un quartier autrefois

Patrick Drolet (Hurtubise)

Premier roman d’un acteur québécois très en demande et par ailleurs poète, qui raconte l’histoire d’un gars constamment confronté au spectre de sa propre disparition. Le point de départ: un voisin meurt, et tout fout le camp. C’est la mort, de toutes les façons, qui prend le dessus. C’est plein d’ombres inquiétantes, de phrases délirantes. Quel roman hallucinant! Difficile à suivre, mais fulgurant par moments.

 

 

 

LA MORT SANGLANTE

Yanvalou pour Charlie

Lyonel Trouillot (Actes Sud/Leméac)

Nous sommes dans un pays corrompu, violent, où règne l’injustice. Nous sommes en Haïti aujourd’hui. Un avocat arriviste et cynique de Port-au-Prince qui a tourné le dos à ses racines est rattrapé par son passé. Il suffit qu’un jeune gars en fuite, originaire du même village que lui, débarque dans sa vie et l’entraîne dans son cauchemar, le cauchemar de tant de jeunes en Haïti. Noir, dur, implacable roman, où la mort sanglante est au rendez-vous. Et pourtant, il y a une telle grâce dans l’écriture… Comme si, au milieu de la barbarie, la beauté finissait par triompher.

 

 

DANIELLE LAURIN

 

Lire la suite: Cirque du Soleil: 25 ans de costumes

 

 

 

CIRQUE DU SOLEIL : L’HABIT FAIT LE MOINE

En feuilletant le livre Cirque du Soleil – 25 ans de costumes, on ne peut s’empêcher d’être éblouies par la beauté des quelque 25 000 pièces réalisées pour les 25 spectacles de cette troupe qui a vu le jour en 1984. Image après image, c’est tout le travail et l’immense talent des artisans et des concepteurs qui défilent sous nos yeux. Magique! (Les Éditions La Presse, 40 $)

 

 

 

BEAU LIVRE : L’AMOUR TOUJOURS

En 1903,Pierre et Marie Curie, unis dans la vie comme au travail, voient leur collaboration couronnée par le prix Nobel de physique; en 1959, Maria Callas entreprend avec Aristote Onassis une liaison orageuse et passionnée; en 2009, Michelle et Barack Obama font leur entrée à la Maison-Blanche. Ce ne sont là que quelques-uns des couples célèbres présents dans Un siècle d’amour de 1900 à aujourd’hui. À travers leurs histoires, c’est la petite et la grande histoire de l’amour que trace Florence Montreynaud, qui s’attarde également à des sujets comme le courrier du coeur, la libération sexuelle, la tendresse, la nouvelle chasteté et la victoire du Viagra. Bref, un captivant tour d’horizon de ce sentiment qui ne cesse de se réinventer. À feuilleter, à deux ou à quatre mains. (Nathan, 50 $)

CHANTAL TELLIER

 

BIBLIO-ELLE

Rose derrière le rideau de la folie

textes d’Élise Turcotte, illustrations de Daniel Sylvestre (La courte échelle)

Ce journal intime illustré, conçu pour un public adolescent, raconte l’internement chez les fous d’une fille de 14 ans. Ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent, ce qu’elle écrit pour rester en vie, ce qu’elle crache de sa colère, de sa souffrance. Saisissant.

 

 

 

 

Jour de souffrance

Catherine Millet (Seuil, coll. Points)

Ce livre, maintenant offert en format de poche, révèle les dessous de La vie sexuelle de Catherine M., un récit qui avait fait grand bruit à sa sortie, en 2001. Autrement dit, on y apprend comment une femme infidèle, libertine, qui se permet toutes les fantaisies sexuelles, peut en venir à être complètement dévastée par la jalousie, jusqu’à sombrer dans la folie.

 

 

DANIELLE LAURIN

 

 

Lire la suite: Extrait d’un livre maudit

L’EXTRAIT

Voyage en enfer

Maleficium
Martine Desjardins (Alto)
Tenez-vous-le pour dit, c’est un livre maudit. Nous en sommes averties dès le début: ces confessions faites au siècle dernier dans une église de Montréal devaient rester secrètes. Le prêtre qui les a consignées affirmait avoir été la cible d’un maléfice. Ce roman nous plonge dans un monde bizarroïde, énigmatique, où toutes sortes de phénomènes étranges et inattendus se produisent. Et les êtres humains y sont affublés de toutes sortes de malformations physiques. Au centre: une histoire de vengeance, où une femme aura le dernier mot. «Sept hommes sont venus vous annoncer ma venue. Ils vous ont mis en garde contre moi. Ils vous ont prévenu que j’emploierais mes maléfices pour entraîner votre ruine. Habitué aux aveux sincères, vous n’avez pas hésité à les croire. Vous essayez maintenant de déceler à travers la grille des yeux jaunes, un teint cireux, des oreilles en colimaçon ou des épines dans mes cheveux… Vous vous demandez si ma colonne vertébrale se prolonge en une queue ou si j’ai le mont de Vénus irisé de plumes…»

ON A ADORÉ

Les femmes qui aiment sont dangereuses
Laure Adler et Élisa Lécosse (Flammarion)

L’histoire
Celle des femmes, réelles ou mythiques, qui ont inspiré l’amour, l’ont vécu envers et contre tout. Celle, aussi, des oeuvres d’art où elles sont représentées.

 

 

 

Ce qui vous fera succomber

1. La facture impeccable de ce beau livre, dans la foulée des deux ouvrages précédents auxquels l’auteure et historienne Laure Adler a collaboré avec des spécialistes de l’art: Les femmes qui lisent sont dangereuses et Les femmes qui écrivent vivent dangereusement.
2. Le parti pris de départ, celui de montrer comment les femmes en sont venues à se libérer des carcans amoureux pour exprimer la fulgurance de leur désir, de leur jouissance.
3. Toutes les figures de la féminité qui y sont représentées: Vénus, Marilyn Monroe, Frida Kahlo, sans oublier Médée, la tueuse d’enfants, et Schéhérazade, «incarnation positive de la femme qui s’émancipe d’une oppression masculine grâce à la parole et la ruse».
4. Autant l’imagerie est forte, autant les textes sont éclairants, intelligents. Notre avis Un passionnant voyage dans l’univers du désir au féminin, au-delà des stéréotypes de la vierge, de la maman et de la putain.

DANIELLE LAURIN

 

 

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