Une brève histoire du tracteur en Ukraine
Marina Lewycka (Alto)

L’histoire
Un homme de 84 ans tombe amoureux d’une femme de 36 ans. Ukrainien d’origine, ingénieur de formation, il vit en Angleterre depuis des lustres. Elle, de son côté, ne rêve que d’une chose: quitter définitivement l’Ukraine, où elle manque de tout, pour refaire sa vie ailleurs.

Ce qui vous fera succomber
1. Le ton. Désopilant.
2. Le point de vue. Celui d’une fille dépassée par les agissements de son vieux papa. Comment l’empêcher d’épouser cette fausse blonde à la poitrine plantureuse? Cette profiteuse qui n’en a que pour son argent?
3. Des passages comme celui-ci: «L’adulte que je suis est indulgente. Comme c’est touchant, ce dernier amour tardivement éclos. La fille que je reste est indignée. Le traître! Le vieux bouc libidineux! Dire que ça fait à peine deux ans que maman est morte.»
4. La multiplication des situations cocasses, pathétiques. Les choses iront de mal en pis.

L’avis de ELLE QUÉBEC
Ce premier roman d’une Anglaise d’origine ukrainienne est un pur plaisir de lecture. Pas étonnant qu’il se soit envolé à plus d’un million et demi d’exemplaires en Grande-Bretagne… et qu’il ait été traduit dans une trentaine de langues.

LA CHINE D’HIER
Ma vie en rouge

Zhimei Zhang (vlb éditeur)
C’est la Chine de Mao, vue de l’intérieur par une femme née en 1935 dans une famille bourgeoise. Elle a été envoyée en «rééducation», a été persécutée. À travers son récit, sobre et précis, c’est tout un peuple qu’on voit s’entredéchirer au quotidien. On comprend à quel point le régime de terreur instauré par Mao et ses sbires menait à la déshumanisation: même l’amour était mal vu. L’auteure raconte comment elle s’est battue pour conserver son individualité, son désir de liberté. On ne peut qu’admirer le courage et la détermination de Zhimei Zhang, qui a quitté son pays en 1985. On ne peut que s’indigner, aussi, en constatant que son livre, paru il y a une quinzaine d’années en anglais, est toujours interdit en Chine.

LA FRANCE D’HIER
Les années

Annie Ernaux (Gallimard)

C’est la France comme vous ne l’avez jamais vue. La France revisitée par une écrivaine qui se tient au ras des mots, au plus près de la réalité. Annie Ernaux tente de comprendre l’époque à laquelle elle est née, il y a 67 ans, mais aussi celle à laquelle elle appartient aujourd’hui. Surtout, elle cherche à mettre le doigt sur l’enfant qu’elle était, la femme qu’elle est devenue. Fascinante aventure, où on voit l’auteure de Passion simple et de La honte se transformer. Et la France changer. Au bout du compte, on ne peut que se demander à quel point le contexte dans lequel on naît, on vit et on meurt nous rend unique.

LE QUÉBEC D’HIER
Je me souviens d’avoir cherché oxymoron dans le dictionnaire
Hélène de Billy (Les éditions du passage)

C’est un petit livre sans prétention, rigolo comme tout, qui cherche à fixer sur papier des instants perdus, envolés. Sur les traces de l’écrivain français Georges Perec et de son Je me souviens, paru il y a 30 ans, Hélène de Billy remonte le fil de ses souvenirs, par bribes. Sauf qu’ici les références de l’auteure sont pour la plupart québécoises. Ça va des chansons et des livres qui l’ont marquée aux événements politiques qui se sont bousculés au cours des années. Sans oublier les pogos et les bolos apparus tout à coup dans le paysage. Toutes sortes d’images nous viennent en tête lorsqu’on plonge dans cette boîte à souvenirs accompagnée – la bonne idée! – d’un DVD qui fait sourire.