Tu semblais dormir sur ta civière à l’hôpital.
De ton corps émanait une grande paix.
Du mien, un grand mal.
Tu semblais soulagé. Ma souffrance commençait.
J’ai doucement peigné tes longs cheveux avec mes doigts. Je t’ai embrassé, je t’ai serré dans mes bras.
J’ai massé tes mains et tes pieds.
Après quelques heures, je t’ai laissé dormir et je t’ai bordé.
Comme quand tu étais petit.
Je voulais mourir.
Je ne voulais pas t’abandonner quand je t’ai dit adieu, mon grand, mon petit.

Tous les lundis, j’étouffe.
Quelque chose m’arrache les entrailles et le coeur.
Je meurs.
Les autres jours et les autres nuits, je survis.
Tu dois sûrement être au paradis, Vinci.
Depuis que tu es parti, l’enfer, c’est ici.
Je souffre.
J’ai mal.
J’ai envie de m’ouvrir le ventre de hurler comme un animal.
Une heure avant
que tu ne fasses ton noeud coulant
On s’est parlé.
On a discuté.
Je t’ai écouté.
Tu avais l’air calme, tu voulais te reposer.
Je m’en voudrai toute ma vie
de ne pas avoir saisi.
De ne pas avoir agi.
Vincent ci-gît.
Ton père est anéanti.
Tu as troqué la chaleur du soleil pour la froideur de la morgue.
Tu as troqué les bras qui t’ont bercé pour les bras de Morphée.
Procurez-vous Lettre à Vincent, de Eric Godin et Zïlon ici.  

À DÉCOUVRIR:
Les âmes sœurs: lettre à ma meilleure amie
Lettre à mes filles, par Patrice Godin
Lettre à ma mère, par Véronique Marcotte