L’insomnie des étoiles
Marc Dugain (Gallimard)

On entre dans l’univers d’une jeune fille, seule sur une ferme désaffectée, affamée. Sa mère est morte, son père est au loin. Des intrus débarquent chez elle, pillent tout, menacent de la violer. Un homme est assassiné. On finira par comprendre que c’est la guerre, la vraie, celle d’Hitler, des nazis. Nous sommes en 1945, le conflit tire à sa fin, mais l’horreur continue et le constat est accablant. Des millions de Juifs ont été gazés, des populations entières sont privées de tout, prises en otage. Découvert avec La chambre des officiers, un roman plusieurs fois primé, puis adapté au cinéma, Marc Dugain excelle par sa façon toute personnelle de camper les décors et de peindre les atmosphères. Son héroïne, sauvage et mystérieuse, de même que le vieux capitaine qui la prend sous son aile paraissent plus vrais que nature. Un récit troublant.

 

carte-territoire-350.jpgLa carte et le territoire
Michel Houellebecq (Flammarion)

L’écrivain français le plus controversé de la planète se met lui-même en scène dans son cinquième roman. Sans une once de complaisance: l’autodérision est de mise. Un artiste visuel fait appel à Houellebecq pour écrire la préface d’un catalogue d’exposition. Il peint même un portrait de l’auteur, qui vaudra une petite fortune à la mort de ce dernier. Ce qui ne tardera pas: Houellebecq est sauvagement assassiné. Nous voilà tout à coup dans un roman policier. Ce qui n’empêche pas les nombreuses digressions, façon encyclopédique, sur les chiens, les autos, les chauffe-eaux. Et sur les mouches domestiques… à la sauce Wikipédia. Ce qui n’empêche pas, non plus, les considérations sur le vieillissement, l’euthanasie, la solitude, l’amour qu’on fuit. Ce qui n’empêche pas, surtout, la critique virulente de notre société de consommation, de notre décadence collective, alors qu’on s’en va tout droit vers «l’anéantissement généralisé de l’espèce humaine». Le pire, c’est que c’est jouissif au possible.

 

 

 

 
On a adoré

Rosa candida
Audur Ava Olafsdottir (Zulma)

L’histoire

Un jeune homme se retrouve père à 22 ans. Sa mère vient de mourir dans un accident de voiture. Désireux de faire le point sur sa propre vie, il entreprend un voyage initiatique qui le conduira dans un vieux monastère, où on l’engagera comme jardinier. Dans ses bagages: quelques boutures d’une rose rare, à huit pétales.

Ce qui vous fera succomber

1. La naïveté, la candeur du héros. La lumière qu’il dégage, comme un halo. Ce grand rouquin mal dans sa peau est craquant.

2. Tous les personnages autour. À commencer par le frère jumeau autiste sur qui tout glisse. Sans oublier le vieux père du jeune homme, dévasté par la mort de sa femme, soucieux de garder vivant son souvenir.

3. Les questions d’ordre existentiel sur la mort, l’amour, la paternité, qui traversent le livre sans appesantir le récit.

Notre avis

Un roman plein de fraîcheur, le troisième de cette auteure islandaise dont la sensibilité est à fleur de peau.

 

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