Rivière tremblante
Andrée A. Michaud (Québec Amérique)

Elle a perdu son meilleur ami, Michael, quand elle était enfant, il y a de cela 30 ans, mais elle ne s’en remet toujours pas. Une zone d’ombre demeure quant aux circonstances de la disparition du garçon, et cela alimente son trouble. Elle n’est pas la seule à souffrir, à tout remettre en question. Un homme est sans nouvelle de sa petite fille adorée, dont on a perdu la trace un jour, à la sortie de l’école. Depuis, il cherche une raison de vivre. Chacun de leur côté, les deux endeuillés se débattent avec leurs fantômes. Jusqu’à ce qu’une troisième disparition survienne dans les parages. Troublant… et diablement bien mené, ce suspense psychologique où la détresse a la résonance d’un appel, d’une ritournelle.

 

Homo-Erectus-200.jpgHomo Erectus
Tonino Benacquista (Gallimard)

Dans ce roman où se côtoient affabulations, exagérations, invraisemblances de toutes sortes et vraie détresse, on suit en parallèle le destin de trois hommes. Ils viennent de milieux différents, mais ils sont tous membres d’une sorte de société secrète pour mâles seulement. Ils se réunissent tous les jeudis afin de vider leur sac. Rien ne va plus dans leur vie amoureuse (lire sexuelle). Ah, ce Benacquista nous surprend tout le temps! Après Malavita, sa saga mafieuse, glauque et bidonnante, il nous entraîne, sourire en coin, dans le cul-de-sac identitaire de la «mâlitude» d’aujourd’hui. Mais que veulent les hommes exactement? Et les femmes, par conséquent? Mieux vaut en rire, finalement.

 

 

Le-sablier-des-solitudes-200.jpgLe sablier des solitudes
Jean-Simon DesRochers (Les Herbes rouges)

Une douzaine de personnages apparaissent séparément dans ce roman, l’un après l’autre. Jusqu’à ce qu’ils soient pris au milieu d’un méga accident de la circulation, en pleine tempête de neige. Certains vont mourir, d’autres pas. Qu’est-ce que l’existence quand elle ne tient plus qu’à un fil? C’est la question que plusieurs survivants se poseront alors qu’ils attendront dans la carcasse de leur véhicule… puis quand ils réintégreront le monde, handicapés ou pas. Fort, très fort, ce deuxième roman de l’auteur de La canicule des pauvres. La vie et la mort s’y côtoient, en accéléré puis au ralenti, comme dans un sas, pour ne pas dire dans un sablier. Tout est exacerbé. Même – et surtout – la sexualité.

 
On a adoré…

Le dragon bleu
Robert Lepage et Marie Michaud, mise en images de Fred Jourdain (Éditions Alto, en collaboration avec Ex Machina)

L’histoire
Nous sommes en Chine, de nos jours. Une Québécoise célibataire, hyper branchée et portée sur l’alcool, retrouve son ex, un peintre qui a tourné le dos à son art pour devenir galeriste. Elle n’est que de passage, pour adopter un enfant; il mise sur une jeune artiste chinoise qui partage son lit. Les choses ne se passeront pas du tout comme prévu…

Ce qui vous fera succomber

1. Nul besoin d’avoir vu la pièce du même nom pour s’y retrouver: l’essentiel y est, ramassé.

2. Dans cette bédé proche du roman graphique, le récit, plein de péripéties, est aussi fort que sa mise en images, pleine d’inventivité.

3. Les personnages. Hyper convaincants, hyper réalistes, hyper bien rendus par les dessins, proches de la photo.

4. La fin ouverte: à vous de choisir parmi les trois dénouements proposés.

Notre avis
Le talent de Robert Lepage, allié à celui de sa complice Marie Michaud, est ici magnifié par le jeune illustrateur Fred Jourdain, né à Québec en 1984. Une merveille.

 

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