LA FIN DU MONDE REVUE ET CORRIGÉE
TARMAC
Nicolas Dickner (Alto)

Après Nikolski, qui tenait de l’exploit et qui a récolté tant de prix, on l’attendait, ce deuxième roman… Et nous sommes ravies! Ravies par un récit moins éclaté dans la forme que le précédent, mais tout aussi déroutant dans sa façon d’appréhender le monde. Quelque chose d’encyclopédique, encore une fois, mais pas tendancieux pour deux sous. Ça coule, encore et toujours. C’est même plus haletant que son premier ouvrage. Bon, il y a quelques creux, mais ils ne durent jamais longtemps. C’est une histoire de fin du monde. Une histoire d’amour, aussi. Elle commence à Rivière-du-Loup, peu avant la chute du mur de Berlin, et nous conduit jusqu’à Tokyo, en 2001. Une histoire abracadabrante, en fait, qui ne tient pas debout par moments. Pourtant, on embarque, complètement. C’est brillant. Cela s’appelle, osons le mot: virtuosité.

 

 

li-carr.jpgLA MORT AUX TROUSSES
D’AUTRES VIES QUE LA MIENNE
Emmanuel Carrère (P.O.L)

Cet auteur a un talent remarquable, une plume incomparable. Après son troublant Roman russe, où il nous entraînait dans la Russie profonde sur les traces de son histoire familiale, Emmanuel Carrère pousse encore plus loin les limites de l’écriture. Il nous transporte d’abord en Indonésie, en plein tsunami. Parmi les victimes: une petite Juliette en robe rouge. Gros plan sur les parents, dévastés. Puis, retour en France, où une jeune maman meurt du cancer. Cette femme n’est autre que la soeur de sa compagne à lui. Lui, écrivain, qui tente de comprendre, de démêler par écrit les différents fils qui nous relient à la vie, à l’amour, à la mort. Ah, cette façon qu’il a de parler des autres, de leur peine, de leur courage aussi. Cette façon de parler de lui en train d’écrire sur eux. Poignant récit. D’une rare authenticité. Admirable, je vous dis. Mon livre de l’année jusqu’ici.

L’EXTRAIT
À deux, c’est mieux.


li-filles.jpgLES FILLES
Lori Lansens (Alto)

Elles ont 29 ans, elles ont toujours vécu ensemble. Soudées par le crâne. Rose et Ruby sont jumelles siamoises. Et parce que la mort les guette, elles se lancent dans l’écriture d’une autobiographie. Chacune leur tour, elles font le récit de leur vie hors du commun, mais en même temps semblable à la nôtre pour ce qui est des sentiments, des aspirations, du désir de lui donner un sens. Merveilleux roman, empreint de grâce. Les narratrices adoptent un ton désinvolte qui contraste avec la profondeur de leur propos. Pas d’apitoiement, même face à leur propre mort.

«Selon le Dr Singh, les choses se passeront probablement ainsi: l’anévrisme se rompra et tuera Rose sur-le-champ. Ma mort à moi sera un peu plus lente. Mon corps continuera de pomper du sang dans celui de Rose, qui ne répondra pas, et mon sang se videra en elle. Je resterai consciente pendant un moment. Si je le veux bien. Je dispose de deux seringues remplies de Tanatrax, l’une dans mon sac, l’autre dans le tiroir de ma table de chevet. Au cas où je voudrais expier ma mort après celle de ma soeur. Je ne crois pas qu’“expier” soit le bon mot, mais vous comprenez ce que je veux dire.»

À lire aussi

 li-boris.jpgBoris Vian – Le swing et le verbe, de Nicole Bertolt et François Roulmann (Textuel)
Il est mort il y a 50 ans, en pleine représentation du film J’irai cracher sur vos tombes, adapté d’un de ses romans. Il était dans la force de l’âge: 39 ans. Dans ce livre hommage, où on trouve des photos, des manuscrits de livres et de chansons, c’est l’importance de la musique dans la vie de Vian qui est mise de l’avant. On y découvre comment, même dans ses romans, elle vibre tout le temps.

 

 

 

 

li-mont.jpg Montréal, à l’encre de tes lieux, textes de Florence Meney, photos de Luc Lavigne (Québec Amérique)
Une vingtaine d’écrivains ont choisi un lieu montréalais qui les inspire. Les voici au carré Saint-Louis (Dany Laferrière), au parc Lafontaine (Chrystine Brouillet) ou dans une gare (Stéphane Bourguignon): ils parlent de leurs livres, de leurs souvenirs. On a l’impression d’être là, avec eux, de partager des instants volés.