Blanca, mère de deux enfants de pères différents, deux fois divorcée et frayant avec un homme marié, mène une vie tout sauf organisée, ordonnée. Dans sa tête, elle est encore une enfant. Elle n’aurait jamais cru qu’un jour elle aurait 40 ans. N’aurait jamais cru non plus perdre sa mère, morte démente après une longue maladie. Et pourtant…

«Maman, tu m’as promis que lorsque tu mourrais ma vie serait engagée sur des rails, et tout en ordre, que la douleur serait supportable, et tu ne m’as pas dit que j’aurais envie de m’arracher les entrailles et de les dévorer.» Que faire maintenant? Que peut faire Blanca, au lendemain de l’enterrement, privée de celle qu’elle considère comme l’amour de sa vie? Comment combler ce manque, ce trou, cette absence? «Ma place dans le monde était dans ton regard et cela me paraissait si incontestable et éternel que je ne me suis jamais inquiétée de vérifier où elle se trouvait.»

Blanca quitte Barcelone pour aller profiter de l’été à la maison familiale au bord de la Méditerranée. Elle n’est pas seule, loin de là: ses garçons l’accompagnent de même que ses deux ex-maris. Aussi: ses deux meilleures amies, l’une avec son amoureux, l’autre avec son enfant. Ajoutez à cela une nounou, question que les grands puissent prendre du bon temps entre eux autour d’un verre ou d’un joint après une joyeuse expédition en bateau avec les petits. Mieux encore: l’amant de Blanca s’annonce. Non seulement elle s’envoie en l’air avec lui à l’abri des regards, mais elle apprécie aussi la fougue sexuelle de son ex-mari numéro 2. Sans oublier ce flirt avec un inconnu qui pourrait bien aller plus loin…

Car voilà, la plus grande échappatoire possible dans ces cas-là pour Blanca, c’est le sexe: «À ma connaissance, la seule chose qui ne donne pas la gueule de bois et met entre parenthèses la mort – comme la vie -, c’est le sexe.» Autrement dit: «Le contraire de la mort, ce n’est pas la vie, c’est le sexe.»

«Ça aussi, ça passera»: c’est la trouvaille qu’auraient faite des sages pour satisfaire autrefois un empereur chinois désireux de trouver une phrase brève qui s’appliquerait à toutes les situations, en tout temps.

C’est du moins ce que la mère de Blanca a raconté à sa fille un jour en tentant de la consoler de la mort de son père. «La douleur et la tristesse passent, comme la joie et le bonheur», avait-elle ajouté. Tout finit par passer, en effet, le meilleur comme le pire, et la vie elle-même file à toute allure, sera à même de constater l’héroïne de Ça aussi, ça passera… (Gallimard).

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