Le 9 mars dernier, lorsqu’India Desjardins a annoncé le sujet de son nouveau livre sur sa page Facebook personnelle, sa communauté s’est littéralement enflammée, multipliant les likes et les commentaires par centaines. «La réaction des gens m’a vraiment surprise, avoue l’autrice. Je pensais que ça allait être mon petit projet underground, mais force est d’admettre que je ne suis pas la seule à porter ce thème dans mon cœur, à me poser certaines questions.»

C’est en partant des agissements problématiques du mythique personnage de Mister Big (à l’endroit de Carrie Bradshaw), dans la non moins mythique série Sex and the City, qu’India a choisi de pointer du doigt la violence psychologique et les relations toxiques, trop souvent banalisées dans les fictions.

«Pour moi, Mister Big symbolise un archétype d’homme qu’on nous présente comme l’idéal à atteindre. Et ce n’est pas un prince charmant, loin de là. C’est un nom qui vient avec son bagage de charme, certes, mais aussi avec une bonne part de manipulation, de contrôle, de domination.»

Puisqu’elle s’est longtemps identifiée à Carrie et qu’elle a été, tout comme son personnage chouchou, prise dans des relations d’amour toxiques, quand on parle de la relation de Carrie et de Big comme d’une histoire SI romantique, India tique. «On se fait constamment envoyer le même modèle, le même message. J’suis tannée! J’ai besoin de voir des relations douces à l’écran. Et si on veut présenter des relations toxiques, mon rêve, c’est simplement qu’elles ne soient plus glorifiées.»

La femme de 44 ans inspire lentement, pour se ressaisir, histoire de rester en mode bienveillance, mandat qu’elle s’est d’ailleurs aussi fixé pour son essai. «On entend souvent dire qu’on ne doit pas faire la morale dans les œuvres de fiction, et je suis d’accord avec le principe. Mais il y a une différence entre faire la morale et prendre une position morale lorsqu’on écrit une histoire.» Celle qui dit avoir «trop faim» trop vite en rêvant d’égalité femme-homme, même en fiction, a pourtant des visées nobles et simples en publiant cet essai. «J’aimerais juste que mon livre serve à ce qu’on enfile de nouvelles lunettes pour regarder les œuvres de fiction et qu’on se rende compte de ce qui cloche afin qu’on puisse se protéger des relations malsaines dans la vraie vie.»

Mister Big: ou la glorification des amours toxiques, disponible chez Renaud Bray.

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