Nous sommes à Chicoutimi-Nord en 1996. L’année de tous les excès pour Catherine, 14 ans. La sexualité débridée, les vols au centre commercial, les conflits entre gangs de jeunes, le «campe» dans le bois avec les amis, la musique à fond, la drogue et encore la drogue, jusqu’à ne plus pouvoir s’en passer… L’adolescente expérimente tout avec la même ferveur hormonale, la même inconscience. Et le même esprit de révolte.

Surtout, ne pas ressembler à ses parents. Ni à son père, avocat, ni à sa mère, ex-mannequin, qui se tapent dessus à répétition et qui finissent par se séparer. Tant mieux, dans un sens: ils sont trop occupés chacun de leur côté à se refaire une vie pour empêcher leur fille de mener sa barque comme elle l’entend.

Son modèle, c’est l’héroïne de Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…, livre qu’elle a reçu en cadeau le jour de ses 14 ans. Loin de la mettre en garde contre les bandes de jeunes marginaux et l’enfer de la drogue, cet ouvrage attise son désir de s’éclater. On la découvre d’abord timide et bonne élève. On la voit se mesurer aux belles filles de l’école – ces «mouches à feu» que tous les gars regardent -, pour ensuite s’imposer, comme la plus lumineuse d’entre elles: déesse des mouches à feu. Mais à quel prix? À force de repousser ses limites, la déesse pourrait bien se brûler les ailes. Le suicide d’un proche la ramènera-t-il à la raison?

Dédié «aux petites crisses», La déesse des mouches à feu est un roman dur, violent, sans concession. Et pourtant touchant. Si son héroïne et narratrice se montre détestable, égoïste et superficielle, elle s’avère aussi fragile, pleine de failles. Elle réveille brutalement le souvenir de l’ado qu’on a été.

Calquée sur l’oralité et farcie d’expressions saguenéennes, réelles ou inventées, la langue de Geneviève Pettersen est explosive et crue. La prouesse de l’auteure consiste à donner corps à cette Catherine qui se vide le coeur, qui crache son dégoût du monde adulte, qui se cherche jusqu’à se perdre. (Le Quartanier)  

Geneviève a fait son chemin dans l’univers médiatique comme blogueuse et chroniqueuse, en prodiguant des conseils domestiques drolatiques sous le nom de Madame Chose.

À DÉCOUVRIR:
Lecture: L’album multicolore, de Louise Dupré
Lecture: Le jour où j’ai arrêté d’être grosse, de Valérie Fraser et Marianne Prairie
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