Le 23 avril, rendez-vous dans une librairie pour acheter un livre ou dans une bibliothèque pour en emprunter un, et on vous remettra gratuitement un exemplaire de J’ai des p’tites nouvelles pour vous!, une publication de l’Association nationale des éditeurs de livres. Bédéistes, essayistes, poètes, auteurs de fiction pour la jeunesse et pour adultes ont collaboré à cet ouvrage inédit. Parmi les 20 signataires, outre Bryan Perro, le porte-parole de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur: Maxime-Olivier Moutier, Catherine Mavrikakis, Andrée A. Michaud, Dany Laferrière… et la jeune Mikella Nicol, 23 ans, auteure d’un premier roman remarquable et remarqué: Les filles bleues de l’été (Le Cheval d’août). Elle répond à nos questions.


Quelle signification accordez-vous à la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur?

Depuis la sortie de mon roman en octobre dernier, cet évènement a pris une toute nouvelle signification pour moi. Je trouve important de valoriser le travail des auteurs, qui a tendance à être sous-estimé. Et puis cette journée permet aussi de mettre de l’avant la défense de la propriété intellectuelle, afin de contrer le plagiat.


Dans votre texte publié dans le recueil collectif, la narratrice parle des gens qui aiment les livres comme des êtres en voie de disparition… autant dire des dinosaures. Est-ce comme ça que vous vous sentez?

On peut parfois avoir l’impression que quelqu’un qui s’intéresse à la lecture est une denrée rare, mais moi, au quotidien, je suis entourée de gens qui lisent. Par contre, avant études en littérature, je me suis longtemps sentie différente de mes amis, comme en décalage, parce que j’ai toujours beaucoup lu. La lecture était alors moins à la mode que, disons, le cinéma.


En tant que nouvelle auteure, quel effet ça vous fait de figurer dans le même ouvrage que des écrivains reconnus?

Je me sens extrêmement choyée de publier aux côtés d’écrivains que j’admire, ça n’a pas de prix. Je me pose la question de la légitimité, bien sûr… Tout est tellement nouveau pour moi, tellement gros! Je travaille comme libraire depuis bientôt quatre ans et je vois le sort réservé aux premiers romans: ils passent complètement sous le radar, plupart du temps. Ça a été d’autant plus touchant et excitant pour moi de constater que ça fonctionnait bien pour le mien, parce qu’il s’agit d’un roman très personnel, pas très joyeux, avec une écriture plutôt poétique…


Dans votre roman, vous mettez en scène deux jeunes femmes dans la vingtaine, désespérées, qui ne trouvent de réconfort que dans leur amitié fusionnelle. Elles ont cru que la littérature pourrait les sauver, mais ce n’est manifestement pas le cas…

En revanche, c’est tout à fait le contraire dans la nouvelle que j’ai écrite pour le collectif: la lecture semble être le seul point où on peut encore «connecter» avec quelqu’un, où on peut encore se sauver de cette nouvelle réalité électronique en ligne. Ça correspond davantage à mon sentiment par rapport aux livres: j’y trouve encore beaucoup de plaisir et de réconfort.  

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