C’est en pleine canicule de juillet, dans un joli resto de quartier, que le temps s’est arrêté un peu plus d’une heure pour une entrevue empreinte de vérité et d’humanité avec Les sœurs Boulay. Il a suffi de quelques minutes pour que les langues se délient, les mains s’agitent, la passion naisse… et qu’elles s’enflamment. C’est qu’elles en ont des choses à dire à propos de leur nouvel album, les frangines: «Avant, on créait, puis on se demandait ce qu’il y avait comme ligne directrice dans ce qu’on avait écrit, alors que, cette fois-ci, on a conceptualisé l’album avant même qu’il ne prenne forme. On savait déjà ce qu’on voulait dire», lance Stéphanie.

Parmi les sujets que le duo souhaitait aborder, les préoccupations environnementales – et l’écoanxiété qui en découle –, se sont imposées. «On a fait le choix de dévoiler nos valeurs, d’essayer de participer à un changement en promouvant de nouveaux codes, tout en tentant de mettre de l’espoir dans l’album; mais réellement, au fond de mon cœur, j’ai juste peur», avoue Mélanie.

«Dès que la pièce La mort des étoiles est née, on a su que ce serait le titre de l’album, renchérit Stéphanie. Oui, la mort des étoiles, ça représente la fin du monde, mais ça raconte aussi le fait d’avoir passé six ans sur la route en tournée, de n’avoir fait que ça, travailler, et d’avoir pensé que lorsqu’on aurait atteint une certaine notoriété, on serait plus heureuses, on se sentirait plus à notre place… C’est cette désillusion-là aussi qu’on entend dans La mort des étoiles.» Petite pause.

soeurs Boulay

«Cette chanson parle d’autre part de la mort de l’image, poursuit-elle, quelques secondes plus tard. Qu’est-ce qui vient après, quand on vieillit? Qu’est-ce qui reste quand la peau flétrit, quand le temps nous rattrape et qu’on n’est plus autant «liké» qu’avant? La mort des étoiles, c’est aussi de décider de revenir à autre chose qu’au règne de l’image… même si c’est encore attirant de tendre la main vers le soleil de temps en temps.»

En œuvrant dans la sphère publique québécoise, en lançant ce troisième opus et en souhaitant inéluctablement être entendues, Les sœurs Boulay ne sont-elles pas obligées d’embarquer, un peu malgré elles, dans la grande roue de l’apparat? «Notre démarche ne vise pas le rejet de l’image, mais bien le rejet du règne de l’image», précise Stéphanie.

«Ce qui est dommage, en fait, c’est que l’image prime sur tout, dit Mélanie, prenant la balle au bond. Aujourd’hui, une personne n’a pas besoin de faire plus que de belles photos pour être l’idole d’une génération.»

«Cela dit, j’aime bien montrer des facettes différentes de moi, être plurielle, reconnaît Stéphanie. Je trouve ça libérateur de me tenir loin de tout ce qui a trait à l’apparence et, parfois, d’oser sortir de ma zone de confort en faisant une séance photo super fashion. Il faut éviter de tenir qu’un seul rôle. J’essaie donc d’être la fille en bottes de bûcheron le lundi et en talons hauts le mardi!»

Respect à vos multiples facettes, pertinentes et essentielles femmes.

Photographie: William Arcand

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