C’est grâce à son leadership, son sens de l’innovation et son esprit entrepreneurial exceptionnel que le jury a décerné le prix Veuve Clicquot Bold Woman Award à Judith Fetzer, peut-on lire dans leur communiqué. C’est d’ailleurs un des adjectifs qui, selon la cofondatrice de Cook it, colle le plus à sa peau. «Si Veuve Clicquot avait organisé le Organized Woman Award, je ne l’aurais pas gagné et si je l’avais gagné je ne l’aurais pas senti comme autant empowering, tandis que bold, audacieuse, c’est quelque chose qui, je trouve, me définit bien», explique-t-elle. 

Voulant diminuer la charge mentale associée à la planification des repas et réduire le gaspillage alimentaire, Judith Fetzer décide, en 2014, de lancer un ensemble de prêts-à-cuisiner. Alors qu’au même moment «il n’y avait pratiquement pas de joueurs sur le marché, c’était une décision très audacieuse et j’ai l’impression d’en avoir pris plus d’une ces derniers 7 ans», raconte-t-elle. 

Bien que les femmes fassent de plus en plus partie du monde entrepreneurial, il existe encore un écart important entre les hommes et les femmes qui lancent des starts-up. Les prix Veuve Clicquot sont dédiés au soutien de l’entrepreneuriat féminin en identifiant, entre autres, les futurs modèles qui incarnent le courage et le savoir-faire en affaires. Au cours de ses 49 ans d’existence, les prix ont récompensé 350 femmes dans le monde entier.

À ses débuts, Judith Fetzer croyait qu’il existait plusieurs inconvénients à être une femme en affaires, «on me prenait moins au sérieux et on aurait dit que mon cerveau n’était pas wired [fait] comme celui de mes collègues masculins qui étaient en entrepreneuriat». Or, avec le temps, elle s’est aperçue que ses différences avec ses collègues étaient plutôt ses plus grandes forces, soit l’écoute, l’empathie et la créativité. «Je ne veux pas dire que la créativité est une valeur typiquement féminine et qu’est-ce qu’une valeur typiquement féminine? Mais on dirait que ces années à vouloir refaire le monde avec toutes mes amies, ça m’est vraiment utile dans Cook it, puisque je suis capable d’écouter des histoires et de comprendre d’où viennent les gens.» Une approche mise de l’avant par la compagnie autant auprès des employés que des clients et des investisseurs. 

Maman d’un petit garçon et belle-maman de deux jeunes filles, Judith Fetzer n’était pas certaine de réussir à concilier travail-famille. «J’ai eu vraiment peur au début. Je suis tombée enceinte et Cook it avait seulement 6 mois et je n’étais pas sûre si j’étais vraiment faite pour la maternité. Et quand j’ai commencé à parler avec les gens qui étaient principalement des hommes autour de moi, on me demandait tu vas faire quoi? Tu vas fermer Cook it? Et ça me provoquait encore plus d’anxiété. […] Mais, je me suis finalement rendue compte qu’être entrepreneure, ça a beaucoup plus de flexibilité qu’être salariée.»

Malgré les craintes et les incertitudes que l’on peut ressentir, la femme d’affaires croit qu’il faut tout de même se lancer. «Une chose que je dis tout le temps, dans l’entreprenariat comme dans la vie, il faut juste le faire. Il n’y a rien comme l’exécution réelle.» 

Judith Fetzer évoque aussi l’importance de rêver grand et la force de la visualisation. «Quand j’ai lancé Cook it, c’était 100% comme maintenant dans ma tête. Je l’ai vu grand, je l’ai imaginé grand et je n’ai jamais abandonné. Même si des fois c’est tough, et que tu travailles juste 3 heures cette semaine-là, ce n’est pas grave, il faut continuer.»

Et qu’en est-il du futur ? «On est en train de bâtir un empire et le terme empire nous fait beaucoup rire, mais nous ce qu’on veut bâtir c’est vraiment un fleuron canadien, nord-américain, d’alimentation. On a l’impression que l’on réfléchit vraiment bien avec tout le monde afin d’avoir quelque chose de durable, beau et gros.» Une chose est certaine, nous n’avons fini d’entendre parler ni de Judith Fetzer, ni de Cook it.