Bien manger. C’est le modus vivendi de l’heure, et on ne fera certainement pas exception à cette règle quand on voyage! Déjà, en 2016, 93 % des répondants d’une enquête menée pour la World Food Travel Association révélaient avoir participé à une activité de nature culinaire autre que celle de s’attabler dans un restaurant lors de leur dernier séjour à l’étranger. En clair, outre vouloir bien manger, on veut aussi déguster du saké chez un microbrasseur de Takayama, au Japon; donner dans la spéléoenologie (oui, oui, ça existe!) au fond d’une grotte française; et se procurer du nar ekşisi (mélasse de grenade) dans une épicerie de quartier à Istanbul! Sans surprise, le mouvement s’accentue, car les activités culinaires figurent au cœur des stratégies de développement touristique de la plupart des destinations de la planète, #foodie oblige. Par où commencer? Certainement ailleurs que sur TripAdvisor!

PRIMO, TIKTOK

Catherine Lefebvre, la nutritionniste et coanimatrice du balado On s’appelle et on déjeune, sur la plateforme OHdio, à Radio-Canada, s’intéresse particulièrement aux cuisines de rue. Sa première démarche en vue d’un séjour gourmand? «Une recherche préliminaire sur TikTok pour me donner un aperçu visuel des aliments et des plats qu’on sert là où je vais.» Elle poursuit son repérage sur Instagram, mais non sans être prudente. «Un endroit trop en vue, c’est suspect. Il se peut que la réputation du resto soit surfaite, mais il se peut aussi qu’on y vive une excellente expérience! Il faut donc valider l’information en posant des questions autour de soi, une fois rendu à destination.» Son truc? «Aussitôt arrivée dans une ville que je ne connais pas, j’en fais une visite guidée à pied, et le guide est souvent une excellente mine de renseignements.»

«En fait, le meilleur conseil que je puisse donner, c’est: il faut jouer au journaliste. Poser des questions aux gens qu’on rencontre. Déjà, dans un café qui nous plaît, le barista ou le serveur ont certainement de bonnes adresses du même genre à nous refiler.» Ici, votre dévouée ajouterait: «À l’hôtel, parlez à votre femme de chambre plutôt qu’au concierge. Elle, elle les connaît, les bons bouis-bouis du quartier, c’est sûr!»

À LISBONNE, AU PORTUGAL: DÉGUSTATION DE PLATS ISSUS DE CUISINES POST-COLONIALES.

À LISBONNE, AU PORTUGAL: DÉGUSTATION DE PLATS ISSUS DE CUISINES POST-COLONIALES.Carolyne Parent

LA GRANDE ENQUÊTE

Yigal Schleifer, le cofondateur de Culinary Backstreets — une boîte spécialiste des visites culinaires dans 16 villes connues pour la richesse de leur garde-manger, telles qu’Oaxaca, Tokyo et Palerme —, a mis au point plus d’une technique pour reconnaître les expériences qui le font saliver.

D’abord, il se renseigne dans Internet en se concentrant sur des blogues et des sites web locaux. Puis, il élargit sa recherche pour inclure des articles de journaux et de magazines. Enfin, il croise toute l’information recueillie pour n’en retenir que les éléments qui se distinguent positivement. «J’avoue que c’est du travail!» Au nombre de ses sources préférées (en anglais), il mentionne… culinarybackstreets.com. «Je suis biaisé! Mais si je voyage ailleurs que dans nos villes, je consulte eater.com, c’est mon point de départ, et thelocaltongue.com, où des chefs et des journalistes culinaires s’expriment sur les restaurants de leur ville.» Au rayon des pièges du Net, Yigal Schleifer évoque la pléthore de blogues de tourisme qui n’existent que pour permettre à leurs auteurs de voyager gratis. «Certains donnent d’excellents renseignements; d’autres sont moins fiables.» Mais à ses yeux, le plus grand piège demeure notre quête insatiable du «meilleur endroit» en ville ou de l’illusoire «adresse secrète». «Il faut aussi laisser le hasard guider nos pas: certaines de nos expériences les plus mémorables étant souvent celles qu’on n’aurait pas pu planifier», dit-il, philosophe.

À ISTANBUL, EN TURQUIE: CHEZ LE FABRICANT DE BOZA, UNE BOISSON À BASE DE CÉRÉALES.

À ISTANBUL, EN TURQUIE: CHEZ LE FABRICANT DE BOZA, UNE BOISSON À BASE DE CÉRÉALES.Carolyne Parent

DROIT DEVANT, L’ARRIÈRE-PAYS!

Pour Sophie Ginoux, journaliste du secteur de la gastronomie, la recherche de bonnes tables dans une destination donnée commence… au Québec! En vue du voyage à Lisbonne qu’elle préparait au moment de notre entretien, elle a cuisiné des chefs de restaurants portugais de Montréal. «On ne connaît pas les filles Ferreira? On peut toujours poser des questions aux autres membres du personnel du resto», dit-elle. Son autre source d’information privilégiée est le bon vieux guide de tourisme imprimé. Elle s’en remet normalement au Routard pour dénicher de petites tables pas trop chères, mais pour son séjour au Portugal, elle a choisi Escale à Lisbonne, des éditions Ulysse. «Une fois que j’ai repéré les lieux, je consulte leur site web: est-ce que le menu et l’ambiance me plaisent?» Elle se méfie notamment de certains termes comme… «branché». «J’avoue que ça, ça me fait fuir!» Par ailleurs, Sophie, qui est aussi coanimatrice de Plaisirs gourmands, à CIBL, fait remarquer que le repas au restaurant n’est qu’un pan de l’expérience culinaire: «Il faut aussi aller chez les artisans pour prendre le pouls gourmand d’un pays; il faut donc fureter dans les marchés.» Enfin, il faut certainement sortir des sentiers battus. Elle donne l’exemple de la Croatie, qui l’enthousiasme. «La côte, c’est merveilleux, mais l’intérieur des terres et ses tables fermières, ça l’est aussi! Et puis, les Croates sont comme les Italiens: ils font leur charcuterie, leur p’tit fort et ils sont généreux… de bonnes adresses!»

UN CONCIERGE À L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Le site de Tripnotes, en version évolutive au moment d’écrire ces lignes, y va de recommandations multiples de restaurants et de découvertes gourmandes comme d’hôtels autour du monde en quelques secondes. Encore imparfait, mais prometteur! TRIPNOTES.AI

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