«Ça fait un bout que j’essaie de réaliser un shooting mode dans un musée, et, pour la première fois, j’ai senti que le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) ouvrait la porte à cette possibilité, dit Pierre Lapointe, visiblement satisfait. Il fallait sauter sur l’occasion, car elle ne repassera probablement plus. On a un artiste qui veut que ça se produise et qui est très touché qu’on fasse la promotion de ses œuvres.»

Mais qui est l’artiste en question? Le brillant, singulier et multitalentueux Nicolas Party, qui présente l’exposition L’heure mauve au MBAM jusqu’en octobre prochain. «Dans cette expo, Nicolas met instinctivement des œuvres du passé en lien avec d’autres œuvres, bien actuelles. Il peut accomplir cette tâche ardue, car il possède une grande connaissance de l’histoire de l’art. On ne peut pas s’inventer metteur en scène d’œuvres.» Et c’est en souhaitant, lui aussi, faire dialoguer des œuvres du passé et du présent que Pierre a réalisé un album réunissant des réinterprétations de chansons existantes et de nouvelles compositions qui répondent à ces grands classiques de la musique.

Mathieu Fortin

«À force de me familiariser avec le travail de Nicolas Party, j’ai constaté qu’il y avait une vraie logique dans le mariage de nos deux univers. Sans qu’on s’en rende vraiment compte, on a créé un objet lumineux qui fait du bien, qui nous tire vers le haut, dans un moment où on a immensément besoin de beauté.»

Ça n’étonnera personne si nous affirmons que Pierre Lapointe court après la beauté. Ni plus ni moins. «Je crois que notre barème pour juger de la beauté est lié au fantasme qu’on a d’une certaine association sociale. Si je prends, par exemple, le designer Gaetano Pesce, qui créé des trucs très weird: pour moi, aujourd’hui, ses créations ne sont plus weird, parce que je me suis habitué à son travail à force de m’interroger sur lui, et qu’il fait partie d’une famille à laquelle j’aspire appartenir. Ce n’est même pas que ce soit beau ou pas, c’est que je me suis sensibilisé à son travail et que ça correspond à un fantasme que j’ai.»

«À force de me familiariser avec le travail de Nicolas Party, j’ai constaté qu’il y avait une vraie logique dans le mariage de nos deux univers.»

Assurer une pérennité

Comme son album, L’heure mauve, est intimement lié à une exposition éphémère, Pierre craint-il que cet opus tombe dans l’oubli à la fin du projet muséal? «Non, je ne crois pas. Dans mes statistiques sur les plateformes d’écoute, ce qui est particulier, c’est que les gens écoutent encore mes albums au complet, sans jamais sauter de chansons. J’ai un public fidèle. Puis, à la fin du processus de création, ce qui m’a fait plaisir, c’est que Philippe Brault (le réalisateur) et moi, on a écouté ce nouvel album au complet, et le pacing des pièces était cohérent. C’est un objet contemporain de qualité, même s’il a des références à des arrangements d’une autre époque. J’ose espérer que cet album sera important dans ma discographie.»

Le temps file. Pierre doit partir pour participer à un autre meeting. Et en pro qu’il est, il m’offre une conclusion sur un plateau d’argent.

«C’est pour la pérennité que j’avais envie de collaborer avec ELLE Québec. Comme je sais que L’heure mauve est éphémère et qu’il se passe vraiment quelque chose de spécial quand les gens vont la visiter, je veux archiver cette expo, grâce à cette séance, pour qu’il reste une trace de ce mariage entre les œuvres de Nicolas Party et ma musique. Cette séance photo fera en sorte que les murales, qui seront effacées, vont continuer à vivre quand même après la fin de l’expo.»

Mathieu Fortin

L’exposition L’heure mauve se tient au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 16 octobre prochain.

L’heure mauve, Pierre Lapointe

Texte Laurie Dupont
Photographie Mathieu Fortin
Stylisme Jay Forest
Direction de création Annie Horth

Lire aussi:
Pierre Lapointe: le cœur à la fête
L’exposition « Frida Kahlo, la vie d’une icône » en grande première à Montréal