Pour YSL Beauté, avoir un impact, ce n’est pas seulement créer des rouges à lèvres hautement pigmentés et des parfums enivrants. La marque française emblématique est aussi déterminée à créer un avenir meilleur. C’est l’idée derrière Change the Rules, Change the Future, sa stratégie globale de développement durable, qui met l’accent sur la planète et les gens. Trois piliers soutiennent cette stratégie: Abuse Is Not Love, un programme mondial de lutte contre la violence au sein du couple; Rewild Our Earth, un plan d’action qui restaure la biodiversité à l’échelon local; et Reduce Our Impact, un plan qui réorganise les opérations de la marque pour lui permettre de mieux réagir au changement climatique. Ces piliers ont pour objectif ambitieux de transformer chaque échelon de la culture de notre entreprise.

Nous nous entretenons ici avec deux personnes clés, qui mènent ces initiatives chez YSL Beauté – Caroline Nègre, directrice scientifique et directrice du développement durable international, et Juleah Love, responsable du développement durable international. Elles nous parlent de la vision prospective de la marque, de la valeur de chacun des trois piliers et de la raison pour laquelle «tout tourne autour des communautés et des personnes» chez YSL Beauté.

Quel est l’objectif du programme Abuse Is Not Love? Pourquoi mise-t-il sur l’éducation?

Juleah Love: Nous ne voulions pas bâtir ce programme sur le modèle d’une association caritative; nous voulions qu’il soit holistique. Notre premier pilier consiste à former 100 % des équipes d’YSL Beauté dans le monde entier; jusqu’à présent, nous avons sensibilisé environ 175 000 personnes aux signes de violence et à la manière dont elles peuvent aider ceux qui en sont victimes. Le deuxième pilier consiste à soutenir les organismes à but non lucratif locaux dans les pays où nous sommes présents. Nous sommes maintenant ancrés dans 19 pays et nous sommes fiers de nous associer à ceux qui savent de quel type de soutien leurs populations ont besoin. Notre troisième pilier porte sur le leadership éclairé. Nous combinons toutes les données que nous pouvons recueillir auprès de chercheurs éminents et d’excellentes ONG, et nous soutenons l’accès libre aux documents de recherche afin qu’ils soient diffusés dans la population. Pour nous, la question n’est pas de dire qu’YSL Beauté passe à l’action, mais de voir qu’il y a un problème mondial et que si nous agissons tous ensemble, nous pouvons espérer voir une différence au fil du temps.

Pourquoi est-il important pour une marque de produits de beauté de prendre part à cette conversation sur l’éducation?

L.: M. Saint Laurent s’est toujours battu pour la libération et l’indépendance des femmes – ça fait partie des valeurs de notre marque depuis très longtemps. Nous voulions poursuivre dans cette voie, mais aussi avoir une influence réelle sur l’un des problèmes les plus urgents d’aujourd’hui. Sur les 25 différents types de violences faites aux femmes, la violence entre conjoints est la plus courante, et les efforts pour y remédier sont les plus sous-financés. En tant que marque de beauté, notre voix est importante. Nous devons contribuer à déstigmatiser le fait de parler de ce problème, aider à éduquer les gens sur sa prévalence et à fournir des services de soutien et des ressources.

Le programme Rewild Our Earth aborde la question de la préservation de l’environnement de manière unique. Pouvez-nous nous en parler?

Caroline Nègre: Cette idée de préservation de l’environnement a germé il y a presque 10 ans chez YSL Beauté. Nous avons lancé un premier programme au Maroc, en travaillant avec des communautés pour construire des jardins où nous pourrions nous approvisionner de manière durable et à long terme. En plus de veiller à ce que notre approvisionnement soit géré de façon écoresponsable, nous voulions apporter une contribution aux terres de la vallée de l’Ourika qui aurait un effet bénéfique sur la région et ses habitants. C’était le point de départ de notre idée, et elle a fonctionné! Nous avons donc pensé qu’elle pouvait être reproduite ailleurs. C’est ainsi que nous avons atterri en Haïti, à Madagascar et en Indonésie – des endroits où nous nous approvisionnons en ingrédients et qui sont à risque en matière de biodiversité.

La marque a décidé de se concentrer sur certaines mesures particulières dans son plan d’action Reduce Our Impact. Quelles sont-elles?

N.: Il est important de connaître les répercussions qu’a votre marque, son empreinte, sur les ressources naturelles. L’un de nos objectifs est de continuer à augmenter le pourcentage d’ingrédients biosourcés dans les produits que nous développons. En 2022, notre objectif était d’environ 70 % d’ingrédients biosourcés (en poids), et d’ici 2030, notre voulons atteindre 95 %. En ce qui a trait aux emballages, 100 % de notre carton provient de forêts bien gérées, où il n’y a pas de déforestation. Nous voulons également réduire la pression que nous exerçons sur les ressources naturelles, et notre objectif pour 2030 est d’utiliser 100 % de plastique recyclé ou biosourcé. En outre, nous sommes déterminés à sensibiliser les consommateurs à l’importance de recharger leurs produits.

Quels sont vos objectifs à long terme et quelles seront les retombées dans le domaine de la beauté?

N.: L’un des projets clés de la marque concerne nos jardins communautaires au Maroc. Tous les nouveaux produits contiennent un ingrédient provenant de nos jardins. Depuis janvier 2022, toutes nos usines sont carboneutres – elles utilisent à 100 % l’énergie renouvelable dans la fabrication de nos produits. Nos engagements à long terme sont ceux qui auront un effet réel sur la marque et le consommateur. Ils requièrent beaucoup de changements de notre part: la manière dont nous développons les produits, la manière dont nous intéressons le consommateur aux produits et la manière dont le consommateur utilise les produits. C’est un grand défi, mais les répercussions aussi sont grandes.