Quand René Richard Cyr lui a offert le rôle de Des-Neiges Verrette dans le film Nos belles-sœurs, Debbie Lynch-White n’en croyait pas ses oreilles. «Ça fait 13 ans que je vis une succession de rendez-vous manqués avec Les Belles-sœurs», dit d’emblée l’actrice de 38 ans. «Quand j’ai fini l’école de théâtre à 24 ans, René Richard [Cyr] m’avait demandé d’auditionner pour être remplaçante dans sa comédie musicale [Belles-sœurs, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en 2010]: je ne l’ai pas eu. En 2013, j’ai auditionné pour Sainte Carmen de la Main, qu’il montait au TNM: je ne l’ai pas eu. (Rires) Les années ont passé, puis quand j’ai su que René Richard allait réaliser un film musical, j’espérais que cette fois, ce serait la bonne.» 

La patience de Debbie a manifestement été récompensée. En plus d’avoir enfin la chance de jouer dans cette œuvre iconique, qui raconte l’histoire d’une femme au foyer, Germaine Lauzon, qui gagne un million de timbres-primes, la comédienne se voit offrir le rôle qu’elle souhaitait obtenir. «Depuis que j’ai vu la comédie musicale, mon personnage préféré est Des-Neiges Verrette, qu’interprétait Kathleen Fortin à l’époque. Des-Neiges est une femme fleur bleue, pleine de candeur et de douceur. C’est une bonne pâte. […] Ce rôle, je le VOULAIS!», s’exclame Debbie, tout sourire, avant de faire valoir la place capitale qu’a occupée Michel Tremblay et ses Belles-sœurs dans la consolidation de la culture québécoise. «Il y a beaucoup de choses qui ont changé depuis les années 1960, bien entendu, mais ce texte est encore très actuel. La violence conjugale, la coercition sexuelle, la charge mentale, les inégalités hommes-femmes sont des thèmes qui résonnent, tristement, encore aujourd’hui. Pour moi, ces femmes sont des héroïnes du quotidien à l’image de celles qui ont fait le Québec.» 

Quand on lui demande de nous révéler quelques perles de tournage, Debbie répond spontanément que ç’a été un pur bonheur de jouer, danser et chanter aux côtés d’actrices aussi talentueuses que Guylaine Tremblay, Pierrette Robitaille, Diane Lavallée et Anne-Élisabeth Bossé, pour ne nommer que celles-là. «Je suis tellement reconnaissante de m’inscrire dans cette gang de femmes, pour lesquelles j’ai tant d’admiration», souligne-t-elle, des étoiles dans les yeux. «On a passé beaucoup de journées de tournage assises autour d’une table, à coller des timbres. Entre les prises, on était pas arrêtables: on papotait, on se donnait des nouvelles de notre chalet, de nos dates, on faisait notre “social”. René Richard devait faire de la discipline! On a tellement, mais tellement ri sur ce plateau!»

«Pour moi, ces femmes sont des héroïnes du quotidien à l’image de celles qui ont fait le Québec.»

Polyvalente, Debbie brille tant sur nos écrans qu’au théâtre. Le public pourra d’ailleurs admirer son talent dans la pièce Surveillée et punie, aux côtés de la chanteuse Safia Nolin. Créé dans le cadre du Festival TransAmériques 2024, ce spectacle musical, monté par Philippe Cyr, sera présenté à Montréal, Québec, Ottawa et Paris.] «Le point de départ de la pièce est la vague de haine qu’a subie Safia», explique la comédienne, soudainement plus grave. «On se questionne sur la haine, la violence, la liberté d’expression. Sur scène, Safia se réapproprie son récit grâce à la musique. Je suis très fière de prendre part à ce projet.» 

Dans un tout autre univers, la télévision, Debbie anime une nouvelle compétition culinaire, La coupe BBQ, aux côtés du chef Antonin Mousseau-Rivard. «J’ai eu énormément de plaisir et, on va se le dire, je me suis régalée», dit-elle en rigolant. 

Pour son plus grand bonheur, l’actrice envisage un été assez tranquille. «Mes projets estivaux? Entre quelques tournages, je vais lire, faire du yoga, monter sur le mont Royal, voir ma famille et mes amis», indique Debbie, qui avoue émerger d’une période assez chargée. «Un ami m’a dit récemment que j’avais vécu une décennie en un an. Après un divorce, des rénovations à cause d’un dégât d’eau, un solo au théâtre, de longues heures de tournage, j’ai un grand besoin de tranquillité.» Calme, introspection et temps pour soi: c’est ce qu’on souhaite assurément à l’une de nos actrices chouchous.

Le film Nos belles-sœurs, inspiré de l’œuvre phare de Michel Tremblay, est présentement à l’affiche. Debbie est à la barre de l’émission La coupe BBQ depuis le 16 mai, à 20 h, sur Zeste. L’actrice sera de la saison 4 de la série Le pacte, diffusée à Télé-Québec.

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