La prémisse de la série télé Lâcher prise (ICI Radio-Canada) est «une fille en burn-out et sa mère dépressive…». Ce sera tout un défi de garder les gens devant leur écran, non?

Effectivement, mais on a une carte qui s’appelle Isabelle Langlois, l’auteure de Rumeurs et de Mauvais karma, alors les gens devinent qu’on va pouvoir rire de ces situations! Aussi, avoir comme actrices principales Sylvie Léonard et moi, qui sommes associées à la comédie, ça donne le ton. Et puis Stéphane Lapointe à la réalisation amène son lot de poésie. L’idée d’Isabelle lui est venue lors d’un souper avec des amis où elle s’est rendu compte que tout le monde à la table avait fait un burn-out ou était médicamenté! Je crois que c’est un sujet qui va toucher beaucoup de gens. 

On dit de la pièce Toccate et fugue, dans laquelle on te verra en avril prochain, que c’est «une comédie tragique livrant le portrait d’une génération au bord de l’implosion». On parle de quelle génération et de quoi va-t-elle imploser, bon sang?!

On y parle d’une génération plus jeune que moi, au début de la trentaine. Ce sont des personnages esseulés qui se sont créé une espèce de structure autosuffisante, où l’empathie et même l’amour sont observés de loin. Je crois que l’implosion vient de là: les personnages se mettent en scène et s’observent eux-mêmes avec satisfaction, jusqu’à ce qu’on vienne perturber leur mécanique.

Atteindre 40 ans, pour une actrice, c’est épeurant?

Pour la femme, c’est excitant. Pour l’actrice, ça donne le vertige. J’ai la chance d’avoir un parcours non pas modelé sur l’apparence physique, mais sur ce que je dégage, sur mon énergie… Mais oui, tranquillement, je rentre dans une case moins définie: je ne suis plus la jeune femme pétillante, mais pas encore la dame pleine d’expérience. C’est un âge où, pour les femmes, il y a peu de rôles. J’assume mon âge, mais j’ai hâte qu’on voie la maturité de l’actrice comme une force, exactement comme on le fait chez l’acteur. Il existe vraiment un double standard, dans l’industrie comme dans la société.

Quelle est l’idée fausse la plus courante que les gens se font à ton sujet?

Que je suis toujours de bonne humeur… La «pétillante Sophie Cadieux», ça se retrouve dans presque tous les articles écrits à mon sujet. On m’associe encore à l’énergie que j’avais il y a 15 ans!

Quel est pour toi le pire inconvénient d’être connue?

J’ai pas vécu de grandes histoires d’horreur, mais bon… J’ai rien contre les petits câlins, mais, souvent, dans le métro, les gens vont me toucher les cuisses, t’sais, des espèces de petites tapes amicales. Je trouve ça un peu intrusif. Aussi, quand j’attendais mon enfant, j’ai eu droit à quelques tripotages de bedaine. J’ai compris qu’être enceinte et être connue, ce sont deux choses qui relèvent du domaine public. Je suis pas à l’aise avec ça!

Avant le Conservatoire d’art dramatique, tu as étudié en littérature. Ça m’étonne que tu n’aies pas encore écrit un roman…

J’ai effectivement un projet d’écriture en cours. Mais il y a quelque chose dans la solitude de l’écriture qui me trouble beaucoup. Pour moi, la création, c’est un processus de gang! Ça viendra peut-être un jour. Bientôt. D’ici 2024. C’est quand, le futur?

En attendant de lire son pétillant roman, retrouvez la pétillante Sophie Cadieux dès janvier dans la pétillante comédie Lâcher prise sur ICI Radio-Canada Télé et, du 11 avril au 6 mai, dans Toccate et fugue au Théâtre d’Aujourd’hui.