Avant je te joignais par Facebook, maintenant je dois passer par ton agent… As-tu l’impression que t’es rendu big?

Non, c’est mon agenda qui est rendu big! J’essaie de le rattraper… Des fois, on dirait que j’oublie que ce passe-temps-là, qui est de faire de l’humour, est devenu un vrai travail d’adulte. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais faire, mais mon agenda me dit «non, Phil, arrête, tu pourras pas».

J’ai lu sur ton site web: «Phil est présentement dans un processus de création rigoureux pour roder et peaufiner son matériel.» Parle-moi donc de cette rigueur!

Je filme chacun de mes spectacles et je l’écoute le lendemain au déjeuner. J’ai fait ça tellement souvent que j’ai développé un réflexe pavlovien: quand je vois une boîte de Cheerios, je m’imagine en train de suer sur une scène à Alma… Je m’écoute même si je suis tanné, même si ça ne me tente pas, même si je connais le spectacle par cœur. Il faut trouver la façon la plus efficace de livrer son gag et la garder. Chaque mot est important. Mais je ne suis pas un gars de routine, alors je lutte toujours contre mon envie de dire les choses différemment chaque soir.

De quoi il parle, ton spectacle?

Ça parle de cette espèce de croisée des chemins où on arrive tous à un moment donné, quand on quitte le monde des ados pour entrer dans l’âge adulte. J’ai l’impression de vieillir moins vite que les gens autour de moi. J’me trouve pas très crédible comme adulte! Je n’arrive pas à croire qu’un jour je vais avoir des enfants et qu’ils vont me regarder en se disant: «Ça, c’est l’homme de la situation.»

Quand tu écris, te censures-tu? ​Te sens-tu comme un humoriste brimé qui n’a plus le droit de ne rien dire sur rien?

Je ne suis tellement pas dans la gang des brimés… L’humour est entré dans ma vie quand j’étais très jeune, c’était un moyen de défense. J’ai compris rapidement que, si je ne voulais pas me faire niaiser, j’étais mieux de me niaiser moi-même. L’humour, pour moi, c’est donc une échappatoire et non une façon de dénoncer ou de choquer.

L’importante perte de poids de l’humoriste Katherine Levac est un sujet relativement tabou. Est-ce que la tienne l’est aussi?

Parlons-en! Je mets tellement d’efforts là- dessus! C’est Louis-José Houde qui m’a inspiré. En faisant les premières parties de son spectacle, j’ai découvert qu’il était un véritable athlète, avec un régime de vie très strict. Il est devenu mon modèle. J’ai allumé tard sur l’impact positif que pouvait avoir le sport dans ma vie et dans mon métier. Je me suis dit: «Si je suis pas capable de faire 15 minutes sur scène sans être essoufflé, ça va être quoi quand je vais faire un spectacle de deux heures?»

Tu animes l’émission ALT, à VRAK. Je… j’ai pas de question. J’ai 46 ans, j’écoute pas ça! As-tu quand même quelque chose à me dire à ce sujet?

Je pense que tu devrais l’écouter! C’est vraiment pertinent. L’émission est le reflet d’une génération qui s’informe via les réseaux sociaux. On traite de sujets d’actualité et de phénomènes qu’on a découverts sur le web avec beaucoup d’humour, sans se prendre au sérieux. À mon avis, c’est la nouvelle bonne façon de faire de la télé!

OK, ça me tente!

Yeeeees!