« J’ai fait passer une centaine d’auditions pour le personnage de Catherine, dit Anaïs Barbeau-Lavalette, car j’avais besoin de trouver une fille qui générait de la fascination. Quand Kelly est entrée dans la salle, un genre de courant est passé. Sa présence imposait quelque chose de très particulier. Elle m’a ensuite foudroyée par sa performance; elle a dépassé le plafond de l’émotion. Puis, Kelly s’est mise à s’excuser de ne pas être à la hauteur, et elle est partie. C’était vraiment un moment Cendrillon, car j’ai dû courir pour la rattraper. J’avais trouvé la perle rare, mais elle sacrait son camp.» (Rires)

Et Anaïs a raison: le diamant brut tant convoité pour son film, elle l’a effectivement déniché. Kelly Depeault crève incontestablement l’écran. Voici les mots de la principale intéressée lorsque je lui adresse mes impressions élogieuses: «Je suis très émue de recevoir tout cet amour. Quand j’ai vu le film pour la première fois, j’ai pleuré de joie pendant 45 minutes. J’étais tellement fière de moi; je ne l’avais jamais été autant pour quelque chose que j’avais fait auparavant. Je suis chanceuse d’avoir participé à ce projet-là, d’être dans quasi tous les plans et de parvenir à croire en mon jeu.»

Bien que l’interprète, qui a tout juste 18 ans, me raconte un «tournage magique», où elle s’est créé «une deuxième petite famille», j’imagine aussi toute la lourdeur et l’intensité qu’il a pu y avoir sur le plateau les jours où les scènes de violence psycho- logique et physique côtoyaient les scènes d’ébats sexuels, disons très explicites.

«J’ai été en fusion complète avec Anaïs lors du tournage, explique Kelly. J’étais vraiment prête à tout donner pour elle. Tout ce qu’elle voulait, je l’essayais. Anaïs est si humaine qu’elle prend soin de la personne derrière l’actrice bien avant l’actrice elle-même. Ce tournage m’a guérie de plein de trucs. Ç’a été cathartique pour moi.»

«Je déborde d’admiration pour Kelly, qui a fait preuve d’un courage et d’un don de soi total, renchérit Anaïs. Et je tiens à préciser qu’on a fait beaucoup de répétitions à la campagne pour créer l’esprit de gang entre les acteurs avant le tournage. Même chose pour les scènes de nudité, qui ont été chorégraphiées et plusieurs fois répétées.»

Pour Geneviève Pettersen, ce long métrage coup de poing prend une tout autre tournure, car c’est ni plus ni moins qu’une grande partie de son adolescence qu’elle a revécue… sur grand écran. «J’ai été renversée par l’interprétation de Kelly, affirme l’autrice. Ç’a été perturbant, mais pas nécessairement dans le mauvais sens. J’essaie de trouver des mots qui ne sont pas clichés, mais elle est juste tellement vraie, sans aucune barrière. Quand je l’ai rencontrée, ç’a été très émotif pour moi. J’avais envie de la serrer dans mes bras et de lui dire que ça allait bien aller.»

Geneviève ajoute, un sourire dans la voix: «Lorsque je suis allée sur les lieux du tournage, j’ai pris une photo de Kelly, qu’on voyait alors dans le moniteur, et je l’ai envoyée à ma mère. Elle m’a répondu: “C’est une photo de toi, jeune? Bizarre, je ne l’ai jamais vue avant.” C’est dire comme la ressemblance entre Kelly et moi, ado, est à s’y méprendre.»

Kelly garde aussi un souvenir impérissable de sa rencontre avec l’autrice. «Geneviève a des yeux de feu. À notre premier contact visuel, j’ai tout de suite su que c’était elle, la déesse.»

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