Au bout du fil, Sara rigole en me racontant le long processus de sélection pour le film. « J’ai dû envoyer une photo, puis un self-tape et faire quatre auditions, étalées sur une année entière. À chacune d’elles, j’étais certaine de ne pas être retenue pour le rôle. Puis, tandis que je travaillais au café de mon cégep, j’ai reçu un courriel qui m’annonçait que j’étais pressentie pour jouer Maria. J’ai continué à servir les clients, comme si de rien n’était, puis, d’un coup, j’ai dû sortir pour prendre quelques respirations. Je regardais la façade du cégep de Saint-Laurent, qui ressemble à Poudlard, et il s’est mis à neiger… en plein mois de septembre. J’ai senti une certaine magie s’installer, parce que les auditions avaient commencé pile un an avant. »

Il faut mentionner que la jeune femme de 19 ans ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam l’existence de Maria Chapdelaine avant d’auditionner. « À ce moment-là, je n’avais pas pris conscience de l’ampleur du rôle. C’est la poésie du texte qui m’a parlé. »

Puis vinrent les premières journées de tournage. Sara se retrouvait dans presque toutes les scènes. « C’était mon premier rôle à vie dans un film, mon premier plateau, la première fois qu’un réalisateur me dirigeait. J’étais plutôt habituée au théâtre, au calme, où il y a une bulle entre le public et soi… mais le cinéma, ce n’est pas ça! (Rires) On doit refaire les scènes plusieurs fois, dans une minipièce, entourée d’au moins 20 personnes. Cela dit, je me suis habituée rapidement et je me suis créé ma petite bulle afin de me concentrer. »

Elle poursuit, le sourire dans la voix: « Le réalisateur, Sébastien Pilote, dirige au détail près. Il est vraiment méticuleux. Par exemple, je devais déposer mon chapelet d’une certaine façon sur la table, soit bille par bille, tout doucement. Puis, pendant que la caméra filmait, il me disait délicatement: “Ouvre plus la bouche, respire plus doucement.” Il fallait que j’aie confiance en moi autant qu’en Sébastien. Sinon, ça ne pouvait pas fonctionner. Ç’a donc été pour moi un travail autant personnel que professionnel. »

Et c’est lorsque je lui demande à qui s’adresse le film qu’elle s’emballe et m’offre la plus belle tirade qui puisse terminer une entrevue.

« Maria Chapdelaine s’adresse à tout le monde. Ce long métrage vient chercher en nous tellement de valeurs, tellement de thèmes universels et intergénérationnels. Il sera perçu différemment par chacun, selon son expérience de vie. On peut regarder ce film et y voir une histoire d’amour, point. On peut soutenir que ce n’est pas un récit féministe, car Maria est prisonnière de son milieu de vie. On peut aussi voir ce film sous un angle féministe et trouver que Maria est entièrement libre de ses choix. On peut penser que le clan Chapdelaine a une vie triste, pénible et lourde, que ses membres sont tous nés pour un petit pain. On peut aussi les percevoir comme des pionniers et de grands travailleurs. Et tu sais quoi? Il n’y a pas de mauvaises réponses. Toutes les visions sont permises et valables. »

Maria Chapdelaine prendra l’affiche dans les cinémas québécois le 24 septembre.

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