Avertissement: à des fins de réalisme – et à sa demande –, je m’adresse au principal intéressé en l’appelant Pepper. «Pepper, c’est plus simple, et il n’y en a pas mille, dit l’humoriste. Il y a même des moments dans ma vie où je ne me retournais pas quand j’entendais “Matthieu”, parce que j’étais sûr qu’on ne s’adressait pas à moi.» Alors Pepper, ce sera.

Chez lui, devant sa caméra, Pepper commence par s’excuser pour ses cernes, causés par ses «looongues heures de travail». «Dans ma tête, le créateur d’un projet doit décider de tout, avoue-t-il d’emblée, candidement. J’ai donc demandé de participer à la script-édition – même si François Avard était déjà en poste –, au casting, au look des personnages; puis, hier, à minuit et demi, j’étais en train d’écrire des promos web! (Rires) En même temps, c’est tellement ce que j’ai toujours voulu faire que je ne peux pas chialer!»

Passionné, ce Pepper? Absolument. À la limite même un peu «gossant», selon ses propres mots. «C’est vraiment au moment du casting que j’ai insisté pour être impliqué. Notre équipe extraordinaire a cherché dans le milieu artistique quels étaient les comédiens qui étaient en couple ou qui habitaient ensemble, donc qui pouvaient, malgré la pandémie, jouer dans un même lit. Quand j’ai su qui avait accepté de se joindre au projet – Pier-Luc Funk et Virginie Ranger-Beauregard, Karine Gonthier-Hyndman et Guillaume Girard, François Papineau et Bénédicte Décary, et Fayolle Jean Jr., qui incarne mon coloc! –, j’étais tellement content!»

Fait intéressant à noter dans le déroulement du casting: Pepper a lui-même dû passer une audition pour obtenir le rôle qu’il avait écrit et qu’il se voyait jouer. «Je te mentirais si je te disais que j’étais heureux quand on m’a demandé d’auditionner pour mon propre projet, lance-t-il en toute transparence, mais, en même temps, c’était maintenant à moi d’aller chercher le rôle.»

Et selon mes sources, Pepper s’est démarqué durant l’audition en incarnant le personnage de Thomas mieux que personne. Pas si surprenant, après tout. «Thomas m’importait vraiment parce qu’il y a évidemment une partie de lui qui vient de moi, dit Pepper. Je tenais à ce personnage et à la diversité corporelle qu’il amenait à l’écran… jusqu’à ce qu’on commence à tourner! (Rires) Il y a des scènes que je trouvais tellement pertinentes quand je les écrivais, mais que je ne m’étais jamais imaginé jouer.»

L’humoriste – et maintenant comédien – impose alors le premier silence de notre entretien. Puis, il ose la confidence: «Pour une scène, je me suis retrouvé en bedaine et en boxer devant toute une équipe technique et une magnifique actrice (Daphnée Côté-Hallé), que je ne connaissais pas. Le fait d’être capable de jouer en bobettes, d’être crédible et de ne pas me soucier des autres, ça m’a vraiment fait du bien. Même si ça risque d’être difficile à regarder par moments, je sais aussi que je vais être satisfait, parce que, tranquillement, les tournages cicatrisent certaines blessures de p’tit gars que je ne pensais même pas avoir.»

«P’tit gars» qui, à l’âge de 11 ans, a demandé à sa mère de retirer toute preuve d’âge sur son gâteau, tant il était tétanisé par la peur de vieillir. Or, Pepper a eu 30 ans en 2020. Comment a-t-il vécu ce changement de décennie? «Je ne voulais pas célébrer cette étape de ma vie, et je dois avouer que la pandémie m’a vraiment aidé! (Rires) Donc, non, mes 30 ans ne passent pas pantoute; par contre, l’année de mon 30e anniversaire, j’ai fait un gala Juste pour rire, des galas Yoop et j’ai écrit ma première série télé. Tsé, c’est peut-être cool, finalement, avoir 30 ans.»

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