D’où vous est venue l’idée de faire ce documentaire?
Quand j’ai commencé à faire le film Aurore, j’ai reçu de nombreux témoignages de personnes me relatant des drames comme celui de la petite Aurore Gagnon. Des histoires horribles, qui se vivent encore aujourd’hui au Québec. Je me suis intéressée aux enfants qui sont abusés de nos jours. J’ai entrepris des recherches. Je me suis aperçue, qu’effectivement, il y avait beaucoup de cas sur lesquels se pencher.

Vous avez approché l’animateur Paul Arcand pour réaliser le film. Pourquoi?
Paul est un être intègre. Sans crainte, il va au fond des sujets qui l’intéressent. C’est aussi quelqu’un de très respecté et, pour moi, il est aussi un créateur. Lorsque je lui ai proposé de réaliser le film, il m’a dit : «Écoute, j’ai de la difficulté à prendre une photo!». Je lui ai répondu que l’important, ce n’est pas de faire une carte postale. Au contraire, le contenu et une recherche fouillée doivent passer avant tout dans ce type de documentaire. Finalement, je suis très très contente du résultat! C’est un film d’auteur, il a vraiment bien relevé le défi.

Ce n’était pas un peu risqué de lui en confier la réalisation?
Si l’on ne prend pas de risque en création, il n’y a rien de bon qui en sort. Au tout début, j’avais pensé à Paul Arcand et j’ai suivi mon instinct. En ce qui concerne le contenu, je ne m’inquiétais pas. Pour la technique, je n’avais qu’à l’entourer de gens de métier.

Le film remet-il en question les institutions?
Le film remet tout en question! Il examine tout ce qui aujourd’hui concerne les enfants abusés. Il alimentera certainement un débat sur la question.

Comment prévoyez-vous la réaction du public?
Je pense que les gens seront touchés, bouleversés. On n’a pas le choix, si l’on veut réussir le Québec de demain, il faut avant s’assurer du bien-être de nos enfants. La condition de nos enfants concerne tous les Québécois. On ne pourra pas sortir de ce film indemne.

Pourquoi présenter le film en salle et non à la télé, comme la plupart des documentaires?
À la télévision, le documentaire passe une fois ou deux, il y a une discussion d’une journée et puis c’est terminé. Les voleurs d’enfance se révèle un sujet excessivement sérieux. Il requiert l’attention du public et des médias. Et une fois le film sorti, il ne faut pas que ça s’arrête là. Le film n’apporte pas de solution; il existe plutôt pour faire un constat. Je veux qu’il suscite des discussions et de profondes réflexions… C’est probablement l’un des films les plus importants que j’aurai faits. J’y ai mis tout mon coeur et également mon coeur de mère.

Vous êtes une passionnée, mais aussi une révoltée…
Complètement! Pendant la recherche avec Paul, j’ai découvert des histoires inimaginables… Je trouve inconcevable qu’on afflige encore aujourd’hui des mauvais traitements aux enfants dans notre société! On ne peut pas traiter nos enfants comme ça! Et ce n’est pas parce que le film ne sera plus à l’affiche qu’on va cesser d’en parler. Vous savez que pour l’alcool au volant, la tolérance est zéro… Il faut que l’abus des enfants au Québec, la tolérance soit aussi zéro! Ce sujet me tient à coeur, je n’ai pas l’intention de le laisser aller …

Les voleurs d’enfance sortira en salle le 7 octobre partout au Québec.

Pour en savoir plus
Lisez l’entrevue de Paul Arcand dans le numéro de novembre du ELLE QUÉBEC, en kiosque dès maintenant.

Ce mois-ci dans le ELLE QUÉBEC