Beans 

Primé à de multiples reprises au Canada et à l’international, ce drame signé Tracey Deer est fortement autobiographique. Il raconte un événement important de notre histoire collective, «la crise d’Oka», que d’aucuns ont classé à l’époque comme une actualité isolée alors que les luttes autochtones pour l’égalité sont un enjeu actuel et essentiel. On sait désormais ce que ces peuples ont souffert à la suite des commissions d’enquête et des sombres découvertes autour des pensionnats, mais, il y a trente ans, sévissait généralement l’ignorance, les préjugés et la simple incompréhension à la source d’un racisme profondément ancré dans les mentalités. Le film raconte de l’intérieur les événements autour du barrage du pont Honoré-Mercier par la communauté mohawk de Kahnawà:ke, en soutien à Kanesatake, alors que Beans n’est qu’une fillette âgée de 10 ans. Il s’agit non seulement d’une leçon d’histoire, mais d’antiracisme; d’un film humaniste dont on sort profondément bouleversé. Je me souviens de m’être ruée aux toilettes du cinéma Beaubien pour pleurer tout mon saoul après avoir assisté à sa projection l’été dernier. Si vous n’avez qu’un seul film à voir cette année, c’est celui-ci.

À voir dès le 18 mars.

Une affaire criminelle

Gros canon en perspective que cette série mettant en vedette une actrice d’exception, Céline Bonnier, dans le rôle d’une mère tentant à tout prix de prouver l’innocence de son fils condamné pour meurtre et incarcéré depuis 15 ans. Elle trouve un espoir inespéré du côté du Bureau des enquêtes indépendantes alors que ses agents soupçonnent que quelque chose ne tourne pas rond dans cette affaire, et ce, depuis le début. En tant que grande amatrice de séries criminelles («True Crime»), tant à la télé qu’en balado, je ne pourrais avoir davantage hâte de découvrir Une affaire criminelle, surtout que la série est cosignée par Joanne Arseneau, la même scénariste ayant pondu les quatre formidables saisons de la série Faits divers.

À voir dès le 23 mars.

Maria Chapdelaine

J’étais réticente devant ce film tiré du roman historique du français Louis Hémon ayant constitué pour plusieurs d’entre nous une lecture scolaire obligatoire nous donnant des boutons. J’avais peur de trouver ça terriblement long et ennuyant, mais non, à ma grande surprise, j’ai vécu une séance de ravissement cinématographique, presque un état de grâce ou à tout le moins méditatif. J’étais là à respirer avec le film, loin du stress et des considérations quotidiennes, perdant la notion du temps, ce qui est un grand cadeau on en conviendra. Le réalisateur Sébastien Pilote est ici en pleine maîtrise et Maria Chapdelaine compte parmi les plus belles images du territoire québécois vues depuis longtemps au cinéma. Sans oublier que toute distribution entière et sans exception se surpasse, avec une mention spéciale au couple formé de Sébastien Ricard et Hélène Florent.

À voir dès le 12 mars.

Brain Freeze

On s’entend que c’est une curiosité pour les véritables mordus d’horreur seulement. Reste qu’il y a des trouvailles dans ce film présenté en ouverture de la dernière édition du festival Fantasia, comme l’apparition réjouissante du – il faut le dire – trésor national qu’est Jean-Pierre Bergeron dans le rôle de François Legault. Et ça, c’est sans compter la distribution A1 avec, entre autres, Roy Dupuis, Anne-Élisabeth Bossé, Mylène Mackay et Stéphane Crête. Si l’on accepte le ton décalé en hommage aux films d’horreur de série B de notre enfance où le gore et l’humour noir sont dignement représentés, si on laisse son fameux cerveau au boulot et qu’on se prépare un immense bol de pop-corn, alors le bon moment est pratiquement garanti!

À voir dès le 18 mars.

The Gilded Age

Ici je triche un peu, mais puisque la mise en ligne est hebdomadaire, si vous aimez visionner une série en rafale, mars est un bon mois pour commencer The Gilded Age alors que sept épisodes ont déjà été mis en ligne depuis la fin janvier. Alors, que penser de cette nouvelle série de l’auteur de la fabuleuse Downton Abbey? Bien sûr, cette fois-ci on ne retrouve pas l’accent des aristocrates britannique ni le charme des paysages de la campagne anglaise puisque l’action se passe à New York à partir de 1880. Mais sinon tout y est: les dialogues sont ciselés, on s’attache aux personnages et les iniquités de classes sont bien dépeintes. Par ailleurs, l’intérêt réside par-dessus tout dans la somptuosité des décors et des tenues. La maison des Russell – ces nouveaux riches en rupture de ban avec la vieille et snob société New Yorkaise – est plus fastueuse que bien des palais! Et que dire des gargantuesques buffets de mets les plus raffinés et alléchants concoctés pour cette famille et leurs invités par leur chef français, Monsieur Baudin? Il y a là de quoi faire rougir Marie-Antoinette en personne et toute sa Cour Versaillaise! Ne boudez pas votre plaisir et régalez-vous, car The Gilded Age est un véritable délice pour les yeux, ne serait-ce que pour la garde-robe de Bertha Russell.

Grande finale à voir le 21 mars.

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