Pas barré, Ralph Fiennes! Dans The Invisible Woman, l’acteur et cinéaste anglais déboulonne la statue de l’écrivain Charles Dickens (Les grandes espérances, Oliver Twist): il décrit ce dernier comme un être faillible et lâche qui a quitté femme et enfants pour une comédienne de 27 ans sa cadette (Felicity Jones). Rencontre avec un chic type. Malgré tout.

En réalisant ce film, dans lequel vous tenez le premier rôle, aviez-vous peur de ternir l’image de ce grand écrivain humaniste? Non. J’étais motivé par l’envie de décrire l’homme tout entier, pas juste la figure, forcément réductrice, que l’histoire a retenue. Le livre de Claire Tomalin, duquel je me suis inspiré, éclaire ses zones d’ombre. C’était un mauvais père et un mari infidèle, mais c’était aussi un homme affectueux et énergique. Sa complexité le rend attachant à mes yeux.

Quelles qualités souhaitiez-vous trouver chez l’interprète de Nelly Ternan, son dernier amour? Je cherchais une actrice possédant un large registre et pouvant aussi jouer un personnage à deux âges différents sans qu’on doive trop recourir au maquillage. Je ne voulais pas enjoliver le film par des détails de mode. L’expérience, la maturité devaient émaner des acteurs. Or, justement, Felicity Jones est très douée pour la suggestion.

Que retenez-vous de votre travail pour reconstituer à l’écran l’ère victorienne? Nous la réduisons trop souvent à une seule idée: la répression des moeurs. On en est venus à oublier que c’était aussi une période pleine de vie, de créativité et de progrès, tant sur le plan artistique qu’industriel. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde de doutes. À l’époque, les gens avaient des certitudes. Je leur envie ça. (Sortie en salle prévue le 24 janvier)

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