Peu après l’annonce des nominations (d’une blancheur immaculée) de la cérémonie des Oscars 2016, le hashtag #Oscarsowhite – créé l’an passé pour dénoncer le manque de diversité de la populaire soirée de remise de prix – a enflammé la twittosphère.

«Les Noirs ne sont sélectionnés aux Oscars que quand ils jouent des esclaves.» «Quand des Blancs commencent à se plaindre qu’il y a trop de Blancs, tu sais qu’il y a un vrai problème.» «Apparemment, pour l’Académie, c’est seulement les histoires mettant en vedette des Blancs qui sont intéressantes.» Voilà quelques-uns des commentaires qu’on pouvait lire en suivant le mot-clic sur les réseaux sociaux. Une réaction qui se comprend lorsqu’on apprend que, depuis la création des Academy Awards en 1929, moins de 35 Afro-Américains ont eu droit à cette prestigieuse récompense, toutes catégories confondues. Plusieurs utilisateurs de Twitter ont également dénoncé le fait que les communautés asiatique, hispanique et amérindienne soient encore moins représentées dans l’industrie que la communauté afro-américaine. Les membres de l’Académie seraient-ils racistes? La réponse est plus complexe qu’elle en a l’air.

La racine du problème
Les membres de l’Académie des arts et des sciences du cinéma (qui ont le pouvoir de nommer – ou pas – un film ou un acteur dans une catégorie donnée) sont en grande majorité blancs, mâles et… vieux – la moyenne d’âge de ce boys club frôle les 60 ans. Ce manque de diversité au sein de l’Académie peut expliquer en partie le manque de diversité dans les nominations des différentes catégories.

Mais, à la racine du problème se trouvent les grands studios qui produisent les films habituellement choisis aux Oscars. Comme l’a dit Viola Davis aux derniers Emmy Awards: «Ce qui sépare les femmes de couleur des autres, c’est les opportunités. Tu ne peux pas gagner un [prix] pour un rôle qui n’existe tout simplement pas.» Ces studios sont des experts du whitewashing: ils n’offrent des grands rôles qu’à des personnes de race blanche, quitte à changer l’ethnicité d’un personnage (on n’a qu’à penser à Katniss, interprétée par Jennifer Lawrence dans la série de films à succès The Hunger Games, qui était décrite dans les livres comme une personne de couleur) ou à engager des comédiens blancs pour jouer des personnes de différentes ethnies. Rooney Mara, au teint diaphane, qui incarne l’Amérindienne Lili la Tigresse dans la toute dernière adaptation cinématographique de Peter Pan… Vraiment?

Bien entendu, les studios de production n’ont qu’une part de responsabilités dans le problème complexe et profondément ancré du racisme dans l’industrie du cinéma. Plusieurs excellents films mettant en vedette des acteurs noirs sont produits chaque année, mais sont snobés par l’Académie. D’ailleurs, cette année, plusieurs se sont insurgés contre le fait que Straight Outta Compton (un biopic sur le groupe de rap américain NWA et un des seuls films de l’année mettant en vedette des Afro-Américains) ne soit nommé que dans une seule catégorie, celle du meilleur scénario… alors que les quatre scénaristes sont blancs.

Appel au boycottage
Plusieurs acteurs, producteurs et membres de l’industrie hollywoodienne ont appelé au boycottage de la cérémonie des Oscars. Parmis les plus virulentes critiques se trouve celle du réalisateur afro-américain renommé Spike Lee, qui s’est tourné vers Instagram pour manifester son mécontentement. D’après son message, illustré d’une photo de Martin Luther King Jr, il ne sera pas présent à la 88e cérémonie des Oscars. Jada Pinkett Smith, dont le mari, Will Smith, a été snobé par l’Académie pour son rôle dans le film Concussion, a également critiqué le manque de diversité des Oscars dans une courte, mais puissante, vidéo publiée sur Facebook. Elle aussi boycottera la cérémonie.

La présidente de l’Académie, Mme Cheryl Boone (qui, assez ironiquement, est afro-américaine) a répondu aux attaques de la communauté artistique par une courte lettre, dans laquelle elle se dit attristée par la situation et affirme souhaiter – et travailler à – un changement plus rapide des mentalités. «En 2016, notre mandat est l’inclusion, sous toutes ses facettes: genre, race, ethnicité et orientation sexuelle», assure-t-elle.
Aura-t-on droit à une cérémonie plus inclusive en 2017? Seul le temps nous le dira! En attendant, voyez ce que les stars avaient à dire à ce sujet au cours des derniers jours dans la galerie photo ci-dessous.

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