Difficile de décrire en quelques mots l’aura de gentillesse qui émane de l’actrice Mylène St-Sauveur. Ce matin-là, devant notre photographe, celle qu’on a connue notamment pour ses rôles dans les films 5150, rue des Ormes, Sur le rythme et King Dave pose avec une sensualité désarmante, en prenant soin plusieurs fois durant la séance photo de demander si «tout le monde est content». Professionnelle sans pour autant se prendre au sérieux, et belle à croquer dans un élégant manteau Coach 1941, elle blague, rit et prend part aux discussions animées de l’équipe comme si elle en avait toujours fait partie. Pas étonnant que sa carrière soit au beau fixe depuis 18 ans: travailler avec elle est un véritable charme.

Après un passage remarqué au théâtre dans la pièce Vu du pont, d’Arthur Miller, l’automne passé (on se rappelle aussi qu’elle avait incarné avec brio Anne Frank sur scène, en 2015, au Théâtre du Nouveau Monde), elle tient maintenant la vedette dans la nouvelle télésérie attendue d’ICI Radio-Canada Télé, Hubert et Fanny. Confortablement assise dans l’un des fauteuils capitonnés du majestueux Bar George, au centre-ville de Montréal, elle m’explique l’intrigue de la série: Fanny, travailleuse sociale en couple depuis de nombreuses années, et Hubert, tatoueur célibataire (et coureur de jupons!) endurci, se rencontrent alors qu’ils sont pris en otages durant un vol à main armée. Ébranlés par l’incident, ils développeront une relation intense. «Fanny vivra un dilemme: celui de choisir entre la stabilité et le danger, entre le confort et la passion. Chacun pourra interpréter ses décisions à sa manière, mais je crois qu’à l’ère de la surconsommation amoureuse et de l’amour jetable, les questionnements de mon personnage résonneront chez plusieurs spectateurs.»

À 27 ans, Mylène possède déjà une feuille de route impressionnante. Elle a grandi à l’écran sans anicroche et sans être reléguée aux rôles d’ado de service. On l’a vue pour la première fois à l’écran en 2002 dans le film La mystérieuse Mlle C., mettant en vedette Marie-Chantal Perron. Depuis, elle a cumulé les rôles tant au petit qu’au grand écran, en faisant quelques incursions bien reçues sur scène. «C’est la première fois que je tiens le rôle-titre d’une télésérie, et ç’a été tout un défi. La charge de travail est énorme, tout est tourné dans le désordre… Et il faut gérer la pression associée au fait de porter une grande partie de l’œuvre sur ses épaules, aussi. Mais j’ai beaucoup appris, et j’ai l’impression que l’expérience que j’ai acquise sur le plateau pourra me mener plus loin dans ma carrière…»

Celle qui avoue être «aussi perfectionniste qu’une première de classe» prend très au sérieux la préparation de ses rôles. «J’ai mes gros cartables, mes crayons de couleur, mes séparateurs… (rires) Je suis très organisée! Comme je suis super visuelle, j’ai chez moi un grand tableau que je remplis d’images de référence, explique-t-elle. Il m’arrive même de voyager pour aller m’imprégner des lieux qu’ont connus mes personnages, pour mieux les comprendre. Pour Vu du pont, par exemple, je suis allée me promener à Brooklyn et en Sicile. Ça m’a grandement inspirée.» Bien qu’ambitieuse, elle a les yeux qui brillent lorsqu’elle évoque tout ce qu’elle pourrait faire si sa carrière d’actrice venait à s’essouffler. «Les moments de répit ne me font plus peur. J’en profite pour me ressourcer et me perfectionner, dit-elle en s’emparant de sa tasse de thé à la menthe. La vingtaine m’a permis d’apprendre à me connaître, et je me suis découverte plus curieuse et passionnée que je ne le pensais. Il y a un tas de trucs que j’aimerais avoir le temps de faire et d’explorer: les voyages, le vin, les langues, la littérature, l’art… Peu importe où ma carrière me mène, j’ai l’intention de ne jamais arrêter d’apprendre.»