Décors Indispensables, ils sont les personnages et les gardiens des mystères de l’intrigue. Ils sont par ailleurs difficiles à pénétrer et chers à louer. Ainsi, Jacques Chirac a dû tirer des ficelles, et la production, débourser 350 000 euros pour pouvoir tourner 2 mardis et 14 nuits au Louvre. L’entente était assortie de ces consignes: ne touchez à rien, n’éclairez pas les toiles et, surtout, tenez vos feutres d’encre invisible loin de La Joconde (la production a utilisé une copie). Les premières images du tournage, montrant Jean-Pierre Marielle, qui interprète le conservateur en chef du Louvre, fuyant l’assassin albinos Silas (Paul Bettany) dans la Grande Galerie, ont fait le tour du monde. En revanche, à l’instar des portes de l’abbaye de Westminster, à Londres, celles de l’église Saint-Sulpice se sont fermées devant l’équipe de tournage. Explication du père Roumanet: «Saint-Sulpice n’est pas une succursale de Hollywood.»

Audrey L’important, c’est la rose et, à 27 ans, Audrey Tautou, qui a éclos dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, est de loin la fleur la plus fraîche du Da Vinci Code. Et dire que la vedette féminine du thriller a failli s’appeler Sophie (Marceau)! Celle-ci a même renoncé à un autre film afin de se rendre available pour le réalisateur américain Ron Howard, qui tenait absolument à ce que l’actrice choisie pour incarner la cryptologue Sophie Neveu soit française, comme l’est son héroïne. Avant de retenir Audrey Tautou, il avait auditionné tout le gratin féminin du cinéma français.

Vedettes Ça s’est bousculé chez les messieurs, autant que chez les dames. Ainsi, Russell Crowe, George Clooney et Hugh Jackman ont dit «yes» à la possibilité d’interpréter le professeur de symbologie Robert Langdon, avant que Tom Hanks, vieux complice de Ron Howard (ils ont fait Splash et Apollo 13 ensemble), n’obtienne son passeport pour le Lutetia – palace où toute l’équipe était logée pendant le tournage à Paris.

Internautes Ils sont les principaux évangélistes du Da Vinci Code. Les blogues consacrés au film pullulent dans les entrailles du Web. En trois mois, plus de 60 000 adeptes de symbologie ont visité le blogue créé par Sony Pictures (seekthecodes.com) afin d’y décrypter les anagrammes, les énigmes, les puzzles, etc.

Newsweek Rien de mieux qu’une polémique bien troussée pour nous préparer à l’adaptation d’un roman controversé, tourné dans le plus grand secret entre le 29 juin et le 19 octobre 2005. Le populaire mensuel américain a bien servi la «Da Vinci cause» en déballant dans son édition de décembre quelques secrets croustillants concernant notamment…

Chirac Jacques de son prénom, président de la république française de son métier. En décembre 2004, Ron Howard et son producteur, Brian Grazer, qui préparent à Paris le tournage prévu à l’été, sont invités à l’Élysée. Chirac leur offre le café et leur fait un brin de jasette. Puis, dans un langage nébuleux et codé digne d’un film d’espionnage, il suggère que le cachet de Jean Reno, qui joue l’inspecteur Bezu Fache, soit bonifié, et que le rôle de Sophie Neveu soit confié à une actrice réputée, amie de sa fille. Fin décembre, l’Élysée dément l’affaire, prétextant que l’invitation avait pour seul but de dire aux deux hommes que «s’ils avaient besoin d’autorisations pour tourner dans le Louvre, le président était prêt à les aider». Mystère et boule de gomme…

Inspiration Quelques meurtres, deux ou trois poursuites; au cinéma, c’est du gâteau. En revanche, des chapitres tissés de dialogues et de récits pédagogiques, voilà qui est plus difficile à illustrer. Pour sa mise en scène, Ron Howard dit s’être inspiré entre autres de Rosemary’s Baby, de Roman Polanski, et de All the President’s Men, d’Alan Pakula. Et pour cause: dans ces thrillers trépidants, mais plutôt statiques sur le plan de l’action, le suspense naît dans la tête des héros, et l’action découle des dialogues. Controverse Les dirigeants de Sony savent qu’elle servira le film tout autant qu’elle a servi le roman. En Europe, des opposants à la thèse de Brown, selon laquelle Jésus était marié à Marie Madeleine, ont chahuté devant les plateaux dressés à Temple Church, en Angleterre, et à Rosslyn Chapel, en Écosse. Aux États-Unis, le président de la Catholic League for Religious and Civil Rights – une organisation d’extrême droite qui a plébiscité La Passion selon Mel Gibson et pour qui Da Vinci Code est une sorte d’anté-Mel – a demandé à Sony Pictures de déclarer cette thèse fictive à 100 %. En vain.

l’Opus Dei est plus prudente. Le noyau dur du catholicisme fondamentaliste, mis sur la sellette dans le roman, attend l’assaut avec philosophie. Son porte-parole Brian Finnerty a déclaré qu’«avec des œufs, on essaiera de faire une omelette». L’Opus Dei entend en effet profiter de la popularité du film pour mieux se faire connaître.

Droits D’auteur, bien sûr. À Hollywood, ce mot de six lettres évoque un thriller d’enchères furieuses et de saignées de capitaux. Chez les auteurs de best-sellers et leurs éditeurs, il est synonyme de pouvoir, de richesse, voire de Saint-Graal. Au printemps de 2003, la frénésie Da Vinci Code ne s’est pas encore emparée de la planète que le roman paru chez Doubleday fait son apparition sur le radar des studios. Brian Grazer en convoite les droits, dans l’espoir de faire de l’intrigue le fil conducteur de la troisième saison de 24, la télésérie dont il est le producteur. Comme plusieurs concurrents entrés dans la course, il se fait doubler au dernier tour par John Calley, 75 ans, cadre principal chez Sony. Le meilleur atout de John Calley: c’est un ami de l’avocat de Dan Brown. La concurrence s’incline, l’auteur et Doubleday s’agenouillent devant la Providence: un chèque de six millions de dollars vient de sceller le deal. Ironie du sort, Sony a ensuite confié la production du film à Imagine, la compagnie de Ron Howard et de… Brian Grazer.

Espoir On vient de voir qu’il s’achète. Au coût moyen de 11 $, il sera sur presque tous les écrans de la planète, deux jours après le lancement en fanfare du film Da Vinci Code à Cannes. D’ici là, ces mots de Dan Brown pour le gonfler: «Je crois sincèrement que les cinéphiles vont sortir de la salle avec l’impression d’avoir vu le roman.»