En 2003, lors de la première saison de Star Académie, le Québec a découvert une fille qui avait à la fois de la drive et une sensibilité à fleur de peau. Une belle rebelle, doublée d’une artiste vraie. Depuis, Marie-Mai a su se faire une place bien à elle dans le coeur du public. Mais elle a également gagné en profondeur et appris à dompter son feu intérieur, qui aurait pu la consumer.

Alors qu’elle se présente à notre séance photo, habillée en garçon manqué – jean, baskets, sweat-shirt orné d’une tête de tigre -, sans porter la moindre trace de maquillage, elle est plus près de la fille douce sur la plage dans sa dernière vidéo, Almost, tournée en Californie, que de la rockeuse sublimée à coups de pantalons en cuir et de talons vertigineux. Mais, peu importe son look du moment, Marie-Mai est une bombe. Une conquérante qui a la main sur le coeur et la tête dans les étoiles. À 31 ans, elle est sans conteste la star poprock la plus attendue de l’année. Après une pause de six mois en Californie avec son mari et complice musical, Fred St-Gelais, elle se produira au Théâtre St-Denis, où elle élira résidence du 17 décembre au 3 janvier prochain. Un marathon de 17 concerts qui lui permettra de prendre pleinement possession de la salle de 2000 places et d’offrir un spectacle riche en contrastes à ses milliers d’admirateurs. Au programme: tous ses plus grands succès, ponctués de touchantes prestations acoustiques et d’un segment piano-voix – une première pour l’auteure-compositrice-interprète. Un retour aux sources aussi, en quelque sorte, puisqu’elle s’accompagnait au clavier dès l’âge de six ans. «J’ai besoin de l’énergie rock et d’une guitare qui sonne. Mais j’ai aussi envie de faire du folk et des chansons plus introspectives… J’ai encore beaucoup de cartes dans mon jeu!» lance celle qui refuse obstinément de se cantonner à un style musical. Et pourquoi diable le ferait-elle?

Après 12 ans de vie professionnelle pendant lesquels elle a vécu à cent à l’heure et multiplié les records fracassants (elle a rempli 12 fois le Centre Bell et a récolté quatre albums platine, rien que ça!), Marie-Mai a trouvé ce qu’elle cherchait: l’équilibre. Elle a enfin réussi à concilier son envie de se donner totalement à son métier avec son désir de se consacrer à sa vie personnelle. Ce n’est un secret pour personne: Marie-Mai a très, très envie de fonder une famille. L’année 2016 sera peut-être celle de la maternité. La voici, se révélant dans ses mots, sans faux-fuyants, comme on l’aime tant, quelques heures avant qu’elle enfile d’éblouissantes créations de designers.

Une bête de scène… et d’analyse

«Je suis ex-trê-me-ment instinctive. Je suis vraiment une artiste dans toutes les sphères de ma vie. J’écris des chansons, je les chante: c’est tout ce que je suis. Avec les années, j’ai appris que personne ne va croire en toi plus que toi-même. Et que personne ne sait mieux que toi ce que tu veux. Tu dois avoir confiance en toi, te donner au maximum et te bâtir une équipe pour aller plus loin. Je suis extrêmement loyale. J’ai la même gang depuis des années… Ça me rassure. J’ai du mal à faire confiance aux gens. Comme j’ai peur d’être blessée, je me protège. Alors, mon cocon est plus que précieux. J’ai aussi appris que je n’ai rien d’une femme d’affaires; je laisse ça aux experts. Mais je m’implique à fond dans tous les aspects de mon métier, des arrangements d’une chanson au choix d’une robe ou d’un élément visuel d’un spectacle. Quand je suis sur scène, je suis à ma place. C’est une extension de moi, je ne peux pas m’en passer. Je reçois l’énergie de mes musiciens, je sens que je peux bouger, parler et chanter comme j’en ai envie. Je vibre à l’amour du public, je vois leurs yeux briller, je les entends entonner une chanson avec moi… (Elle a soudainement la chair de poule.) Chaque fois, je ressens la même joie. Je me dis que j’ai de la chance. En même temps, je ne suis jamais contente de moi à 100 %. Jamais je ne me dis: « Oh, yeah, Marie-Mai! » J’ai un esprit bien trop analytique pour ça! Après chaque spectacle, je passe tout, tout, tout en revue pour donner le meilleur show possible dès le lendemain.»

Une créatrice en transe

«Oui, il y a une showgirl en moi: ce que je fais sur scène est très flamboyant. Et il y a aussi l’auteure-compositeure (elle n’utilise pas le mot compositrice). J’ai un propos. Des tas de choses à exprimer. Dès que les portes de mon imagination s’ouvrent, c’est magique! Quand je crée une chanson avec Fred, j’écoute d’abord les idées de musique qu’il me propose, et on en discute. Puis, pendant qu’il travaille des accords, j’ai des images en tête, comme si je voyais un film. Je suis dans ma bulle, une zone où je me sens entièrement libre. Puis, j’écris, j’écris à toute vitesse sur mon cellulaire jusqu’à ce que la chanson soit finie. Jusqu’à ce que je sente que j’ai dit ce que j’avais à dire. Ça dure des heures. Même Fred ne peut pas m’arrêter! Pendant des années, j’ai combattu ma tendance à être dans la lune (à cause du trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité, ou TDAH, dont elle est atteinte), jusqu’au jour où j’ai compris que, comme artiste, c’est ma force et ma plus belle arme.»

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One of the boys

«Depuis Star Académie (elle a participé à l’émission en 2003), je suis toujours entourée d’hommes: mes musiciens, mes techniciens, mon coiffeur, mon styliste… Ce sont des gars vrais, qui sont devenus mes frères. Ces dernières années, j’ai aussi fait beaucoup de duos avec des hommes: David Usher, les gars de Simple Plan, Boogat, Jonas… et, maintenant, j’ai très envie de chanter avec des filles. C’est sur ma liste d’objectifs! (rires) Quand je chante avec un homme, je recherche une certaine sensibilité, tandis qu’avec une fille, c’est fou, mais j’aime quand ça déménage, quand on est à fond dans le girl power! (rires) Ça me fait triper et ça brise les stéréotypes. J’aimerais bien mêler ma voix à celle d’Ariane Moffatt ou encore de P!nk, de Gwen Stefani et, pourquoi pas, de Beyoncé! Madonna? Mmmm… Ouais, même si elle pousse la provocation un peu loin. En fait, j’aime l’énergie des femmes qui assument leur sensualité à 100 % et d’une manière saine.»

Marie-Mai-ELLE-Quebec-decembre-2.jpgFan de ses fans

«Mes fans, c’est ma famille. Une famille élargie que je ressens le besoin d’aider. Jamais je ne voudrais qu’on considère ma relation avec mes fans comme une relation d’affaires, jamais! Entre nous, c’est de l’amour. J’ai vraiment une connexion avec eux depuis le début. Ils sont là pour moi, comme je veux être là pour eux. J’en parle et j’ai des frissons! Je souhaite leur apporter quelque chose de positif. Leur montrer qu’on peut réussir, même si parfois on ne se trouve pas très bon ou très beau. J’aurais aimé avoir un lien comme ça avec une de mes idoles de jeunesse. Alors, c’est important pour moi de pouvoir offrir ça à mes fans. Je suis émue et fière d’avoir bâti quelque chose de tangible avec eux. Et d’avoir grandi à leurs côtés.»

Une guerrière indomptable

«À mes débuts… disons que mon succès n’était pas écrit dans le ciel. Je me suis battue! Pendant ma première tournée, les salles où je me produisais étaient presque vides. J’ai déjà fait un show devant trois rangées de spectateurs en me demandant: « Est-ce que c’est la fin? » Puis, je me suis accrochée. J’ai bûché. Je suis allée chercher les gens un à un. Je me disais: « Même s’il y a seulement 30 personnes à mes shows, ils triperont en ma-la-des! Si ce sont eux qui m’aiment, je leur donnerai tout! » C’est ce qui fait que les gens se sont passé le mot. On l’oublie parfois mais, mon succès, je l’ai bâti, je l’ai poli comme un diamant brut, tout en sachant que tout peut s’arrêter du jour au lendemain…»

Soigneuse d’âme

«Une voyante m’a dit… que j’étais une « guérisseuse ». C’est vrai. J’ai tellement d’empathie pour les gens autour de moi que j’ai tendance à reléguer les trucs qui me concernent au second plan. Je suis comme une éponge. Lorsque quelqu’un me raconte une histoire émouvante, je me dis: « Mon Dieu, il faut que j’écrive une chanson là-dessus! » Tout ce que je veux, c’est aider les gens à traverser une mauvaise période, faire en sorte qu’ils trouvent la paix en écoutant mes chansons et qu’ils se sentent moins seuls. À six ans, avec ma mère, j’ai écrit ma première chanson, qui disait: « Que la guerre ne soit pas/Que la paix arrive/ Tout l’amour revient dans mon coeur/Toute la ville est heureuse/Nous allons chanter l’espoir. » Tout ce que je voulais, c’était que les gens soient heureux! Et, quand je compose des chansons aujourd’hui, c’est encore ça!» (Elle a les larmes aux yeux.)

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Une visionnaire optimiste

«Je fais beaucoup de visualisation. J’envoie des choses dans l’univers. Je sais que je vais avoir l’air ésotérique, mais j’ai toujours su que je deviendrais chanteuse. Que c’était ce que je devais faire de ma vie. Durant toute mon adolescence, la même image s’imposait à moi: je me voyais chanter sur une scène, dans un grand escalier… Et, quand je suis arrivée sur le plateau de Star Académie, tout y était: l’escalier, le décor. J’en pleurais. Je me souviens aussi que, petite, j’ouvrais toujours la fenêtre de ma chambre quand je chantais, en espérant qu’un jour un agent d’artistes m’entendrait et viendrait me chercher. Eh bien, c’est dans ma chambre que Julie Snyder m’a annoncé que j’allais participer à Star Académie! Combien de chances y a-t-il qu’une productrice connue vienne te chercher dans ta chambre? Pourtant, j’ai toujours senti que ça arriverait… C’était comme un appel. Depuis quelque temps – et pour la première fois de ma vie -, je visualise surtout des choses personnelles. Comme avoir un enfant…»

Une grande amoureuse

«Fred, c’est mon sanctuaire. C’est ma maison. Il est la personne qui me connaît le mieux. Il détecte mes moindres émotions rien qu’au ton de ma voix. Il m’a tout appris du métier. Il me rassure. Ça fait 11 ans qu’on est ensemble, et on se choisit chaque jour de notre vie. Je choisis d’accepter les qualités de Fred comme ses défauts. Tout comme je travaille sur les miens. Je suis une personne très « acceptante », je ne juge pas les autres. Je me dis que, lorsque tu ne connais pas quelqu’un, tu n’as pas à le juger. Et lorsque tu le connais, tu n’as pas à le juger non plus. Certaines personnes sont mieux en couple, d’autres en solo. C’est personnel. L’important, c’est de se sentir accompli dans sa vie…»

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