Rencontrer Cate Blanchett en chair et en os, c’est un peu comme s’approcher d’un ange. Je n’affirme pas ça seulement à cause de sa blondeur, de sa peau d’albâtre ou du respect qu’elle impose. En pénétrant dans la suite très chic du Beach Hotel du Cap d’Antibes où l’actrice m’attendait, j’ai trouvé qu’elle dégageait une impression de calme, de délicatesse et de retenue. J’ai rencontré la star dans le cadre de la nouvelle campagne du parfum Sì, d’Armani, dont elle est l’égérie depuis deux ans. À mes yeux, je contemplais la plus belle femme du monde.

Une beauté qu’on pourrait qualifier d’hitchcockienne, quasi froide, mais sous laquelle brûle le feu, celui de la passion pour le jeu, le théâtre, son mari et ses enfants. C’est d’ailleurs dans les moments où elle a effleuré avec beaucoup de prudence le sujet de sa vie privée, évoquant son manque total de talent pour le jardinage ou le «mal de chien» que provoque le port de talons hauts, qu’elle m’a semblé ENFIN un chouïa moins parfaite. Je vous le dis, respirer le même air que Cate Blanchett, c’est dur pour l’ego. D’ailleurs, je pense que si Dieu avait connu l’actrice, il aurait créé la femme à son image. Morceaux choisis de ma rencontre avec cette icône du grand écran.

Dans le film Carol de Todd Haynes (sortie prévue le 20 novembre au Québec), vous incarnez une femme de la bonne société qui tente de vivre son histoire d’amour homosexuelle dans l’Amérique conventionnelle des années 1950. Comment choisissez-vous ces rôles à contre-courant?

Je me fie à la fois à mon instinct et à la part d’inconnu que je ressens dès la lecture du scénario. Si je sais au départ comment je vais interpréter un personnage, si le projet me semble trop prévisible, je refuse le rôle. C’est pourquoi j’ai accepté d’incarner Bob Dylan dans I’m Not There ou d’interpréter le personnage de Carol. J’adore être surprise. Dans tout ce qui est intéressant, il y a des risques à prendre. Il est certain que si je me trompe, l’échec sera public. Et quand j’y pense, je suis terrifiée. Mais je ne sais pas travailler autrement.

Ce goût du risque s’étend-t-il aux autres sphères de votre vie?

Quand j’ai rencontré Andrew (Upton, son mari), j’ai su très vite que j’allais l’épouser. Cela fait 19 ans que nous sommes ensemble, et je ne cesse de grandir dans cette relation. Pas seulement parce que nous avons quatre enfants. Mais parce que nous nous sommes soutenus mutuellement, nous avons beaucoup réfléchi et avons fait évoluer nos démarches artistiques au contact l’un de l’autre. Nous avons été des mentors fantastiques l’un pour l’autre.

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Vous menez une vie publique et vous réussissez à garder votre vie privée très privée. Quel est votre secret?

Notre travail, à mon mari et à moi, est public. (NDLR: ils dirigent la Sydney Theatre Company). Mais, en dehors du théâtre, nous ne courons pas les mondanités. Je veille aussi à ne pas parler de ma vie privée. De toute façon, je ne suis pas intéressante. Personne ne se soucierait de moi si je ne faisais pas ce travail. Et c’est tellement plus facile pour moi de penser, et de travailler, en me disant ça.

Il paraît qu’à la fin de chaque projet vous ne désirez qu’une seule chose: jardiner. Est-ce vrai?

«Dans mon cas, ce serait plutôt tuer des plantes que jardiner! (rires) À la fin de chaque tournage, je me dis toujours: «C’est fini. Je n’en peux plus. C’était mon dernier film.» Mais ensuite, je reçois un appel pour quelque chose de fantastique. Je réponds d’abord par la négative en précisant qu’il faudrait tourner en Australie pour que je sois avec mes enfants. Puis, on me rappelle pour me dire que c’est possible. Et je me dis: «Oh, nooooon! Alors, maintenant, il va falloir que je fasse ce film!» Mais j’aime être stimulée, découvrir de nouvelles histoires. Je pense sincèrement que plus vous êtes passionné par des projets, plus vous devenez un meilleur parent, un meilleur partenaire, un meilleur ami, etc.

En regardant votre parcours, que vous dites-vous?

C’est drôle mais dans ma vingtaine, on me demandait souvent qui j’admirais, quelles étaient mes icônes. Je trouve que c’est important d’avoir des modèles, d’avoir des buts. Mais je pense que les erreurs qu’on commet sont aussi importantes que nos victoires. Elles sont une partie intégrante du chemin qui mène à notre but. Pourtant, nous sommes souvent terrifiés à l’idée de nous tromper, de faire des fautes.

Que souhaitez-vous aux femmes dans le monde et à celles qui vivent à Hollywood, en particulier?

D’abord et avant tout, l’égalité des salaires. Pour moi, il est évident que des changements à la loi doivent être apportés pour assurer l’équité. C’est bien plus important que la façon dont se peigne Hillary Clinton ou la longueur des jupes d’Angela Merkel. L’accès à l’éducation est aussi primordial. C’est pourquoi j’apporte mon soutien à la campagne #HeForShe (NDLR: le mouvement de solidarité prônant l’égalité des sexes en comptant sur le soutien des hommes et dont l’actrice Emma Watson est la porte-parole). Elle prouve, entre autres, que l’intégration des femmes dans le marché du travail stimule l’économie. Le but, ce n’est pas que les femmes dépassent les hommes. Ce n’est pas une course. C’est une question d’égalité et d’équilibre.»

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Vous voyez-vous travailler jusqu’à 70 ou 80 ans?

Je l’espère. L’autre jour, je regardais des photos de Katharine Hepburn alors qu’elle était âgée de 90 ans. Son corps était magnifique, fort et robuste. Alors, je me suis dit qu’il serait peut-être temps que je me mette à prendre des douches froides comme elle le faisait! (rires)

SÍ la fragrance m’était contée

«Sì s’adresse à la femme que j’aimerais être. Elle est courageuse, positive et drôle. J’essaie d’être la plupart du temps cette femme-là, même si, comme tout le monde, je suis pleine de peurs», avoue la muse du parfum. Cette femme forte et féminine est incarnée dans ce jus par des notes de tête fraîches (bergamote, mandarine et cassis) sur un coeur de rose de mai, de néroli et de jasmin, et par un fond plus opulent et chaud (patchouli, ambre, bois blonds, vanille et musc). En d’autres termes, ce parfum peut être qualifié de chypré et de moderne. Outre la nouvelle campagne de publicité, la famille Sì s’agrandit cet automne en se déclinant désormais en une délicate et chicissime huile parfumée (95 $ les 30 ml, offerte en novembre à La Baie d’Hudson).  

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