Elle peut clamer en ondes qu’elle et Brandon Prust «ne ch**** pas des arcs-en-ciel en se levant le matin» et vous parler de Socrate avec la même candeur désarmante. Ou vous avouer qu’elle se remet d’une soirée arrosée entre amies avec du Kraft Dinner et du kombucha, en l’assumant totalement. Puis, sans prévenir, lovée dans un canapé en tenue de jogging, le visage nu, couronné d’un chignon vite fait, elle a les larmes aux yeux, en évoquant le souvenir de son grand-père, qui la protège de là-haut… Attachante, vous dites? Maripier Morin n’est pas devenue la chouchou du public par hasard. Elle a le verbe coloré et du cran à revendre. Le complexe de l’imposteur? Très peu pour elle! Elle a trop le sens de l’aventure et le goût de l’excellence pour ça! Occupée comme pas une, comment fait-elle pour survivre à sa propre existence, qu’elle qualifie souvent de surréelle? C’est ce dont j’ai discuté avec elle (et de son mariage aussi!), tôt le matin, avant qu’elle ne se lance dans le tourbillon de la vie.

Maripier, vous êtes partout! Quel est votre secret pour arriver à tout faire?

De la rigueur. C’est le mot d’ordre! Ça prend aussi une planification d’enfer. Car d’une heure à l’autre, je ne sais jamais ce qui m’attend. Si je perds mon cellulaire dans un taxi, c’est sûr que je me roule en boule et que je pleure ma vie! (rires)

Qu’est-ce qui vous pousse à en faire toujours plus?

Je ne sais pas pourquoi j’ai ce feu-là qui brûle en dedans… À cinq ans, j’étais déjà super «focusée» sur mes ambitions. Depuis, j’ai tout le temps le désir de me dépasser, de me surprendre et de me prouver que je suis capable. Mais pas à tout prix.

Lequel de vos projets vous ressemble le plus?

Je crois en tous mes projets. Tous! Chacun d’entre eux est réfléchi. Tu auras beau m’offrir 500 000 $, si ta proposition ne me rejoint pas, je ne l’accepterai pas. Je suis vraiment mon instinct.

Entre nous, y a-t-il un prix à payer pour mener une vie aussi fabuleusement remplie?

Il faut avoir une discipline de vie. Depuis deux ans, j’ai cessé de fréquenter les lancements et les tapis rouges. Ma santé est devenue ma priorité. Car si je veux travailler 360 jours par année, 120 heures par semaine, je n’ai pas le choix de m’entraîner, de mieux manger et de bien dormir.

Le 29 juillet dernier, vous avez épousé Brandon Prust, à l’abri des médias. Comment avez-vous célébré votre union?

De façon intime. On s’est mariés dans un club de golf privé [le Redtail Golf Course, à Port Stanley] près de London, en Ontario [la ville natale du hockeyeur]. C’est un lieu sélect et prestigieux, avec beaucoup de cachet, où la reine Élisabeth II a déjà séjourné. Comme Brandon est ami avec les proprios, on y a eu accès. Je trouvais ça le fun, ce côté caché, exclusif…

Vous étiez nombreux?

On avait 60 invités, car le lieu ne permettait pas d’en avoir davantage. Ce qui fait qu’on va célébrer une deuxième fois, dans le Bas-Saint-Laurent [où est née Maripier], avec nos familles. Je veux me marier dans la même église de Saint-Éleuthère où se sont épousés mes parents, mes grands-parents et mes arrière-grands-parents. Après, on va fêter ça tous ensemble, dehors, avec un cochon sur la broche!

Quelle robe avez-vous choisie pour dire oui?

Je n’aime pas les robes de mariée, mais j’ai eu un coup de cœur pour un long fourreau blanc à traîne, orné de plumes, de Vera Wang. J’aimais son élégance intemporelle. Et je me sentais belle dedans! 

Cette envie de vous marier, c’était une façon de vous choisir mutuellement, Brandon et vous?

On s’était déjà choisis! Quand Brandon m’a demandé de l’épouser, au sommet du Vésuve à Naples, il y a deux ans, c’est là que nos vies se sont liées… Il y a une partie de moi qui a beaucoup de respect pour l’institution du mariage que je vois comme la célébration d’une réussite, celle de rester ensemble…

Pour le meilleur et pour le pire? (Elle éclate de rire.)

Ça fait sept ans que je suis en couple avec mon chum. On apprend à évoluer ensemble. On se laisse vivre! On ne se juge pas. J’aime qu’il soit mon meilleur ami et mon meilleur allié. On n’est pas parfaits, mais on parvient à bien se compléter, malgré nos imperfections…

Et la distance…

C’est vrai que Nuremberg [en Allemagne, où l’ailier gauche est basé], c’est loin! Oui, j’aimerais le retrouver le soir et que le souper soit fait! (rires) Mais chaque chose en son temps. Je me dis qu’on vivra ensemble un jour et qu’on aura peut-être des enfants… Que notre chambre d’amis deviendra une chambre de bébé… 

 

Maripier Morin

  Photographe: Leda & St.Jacques

L’an prochain, on vous verra au grand écran, dans Le triomphe de l’argent, de Denys Arcand…

C’est complètement fou! J’ai littéralement échappé le téléphone quand monsieur Arcand m’a demandé d’auditionner! (rires) J’étais sous le choc, car j’admire son œuvre, mais très vite, l’envie d’y aller a pris toute la place. Au début, je voyais ça comme une expérience de vie. Puis, ç’a éveillé quelque chose en moi. Et à la troisième audition, je le voulais vraiment, le rôle!

Qu’est-ce qui vous a tant séduite dans votre personnage d’Aspasie, l’escorte la plus chère de Montréal?

Elle est érudite, elle a beaucoup voyagé et elle est armée pour faire face à la vie. Denys Arcand s’est inspiré d’Aspasie, une courtisane grecque décédée en l’an 400 av. J.-C. Elle était l’amie de Socrate, à qui, paraît-il, elle aurait soufflé quelques théories… (grand sourire) C’est une femme touchante, qui a beaucoup de facettes… ça me parle.

Cette aventure au cinéma vous donne le vertige?

C’est sûr! Mais dès que je vais commencer à tourner [le premier coup de manivelle a été donné en septembre], je deviendrai une actrice. Je n’ai pas le luxe d’en douter, sinon ça se verra à l’écran.

Vous avez déjà une vaste tribune. Qu’est-ce qui vous pousse à lancer maripier.com, votre plateforme numérique?

Je suis rendue là! Dans mon métier, on n’a pas le choix d’innover si on veut durer. Quand on est une femme qui travaille dans l’industrie des médias, on a malheureusement une date de péremption. C’est une réalité. Et ce n’est pas seulement une question d’âge, mais aussi de saveur du mois. Cette façon de créer des vedettes et de les jeter après usage… Ça me terrorise et ça m’enrage. La clé pour durer, aujourd’hui, c’est de produire son propre contenu.

Que proposerez-vous de nouveau, de différent, sur le web?

Je veux révolutionner notre façon de consommer du contenu! Je veux miser sur notre amour pour l’instantanéité, sur notre besoin de regarder des émissions en séances de binge watching. Dans un premier temps, je vais parler de mode et de beauté. Puis je veux profiter de la liberté que me donne le web – je nous trouve très frileux au Québec! –, pour produire et diffuser des émissions traitant de sujets qui me touchent…

Lesquels, par exemple?

Je veux abolir des tabous sur la chirurgie esthétique, l’acceptation de soi, le sexe, les mères porteuses, l’ambition et l’argent, entre autres. Mes centres d’intérêt sont variés, et je ne m’impose aucune limite!

Ni de filtre?

Faire preuve d’audace ne veut pas dire être vulgaire, mais simplement aller plus loin dans nos propos! Dans ma vie, c’est vrai, j’ai un langage coloré. Mais si je me mettais à «perler», je perdrais toute ma saveur. Je devrais peut-être m’entourer d’un peu plus de mystère… (rires) Mais j’ai un jardin secret, rassurez-vous.

Êtes-vous heureuse?

On me pose rarement cette question, pourtant fondamentale. Je suis souvent seule le soir, mais comme je suis très bien entourée le jour, je le vis bien. Alors oui, je suis heureuse. Et je m’endors souvent en souriant, comme quand j’étais petite…