Tout acteur ambitionne secrètement d’être applaudi pour un premier rôle au grand écran. Et beaucoup rêveraient de travailler aux côtés de Brad Pitt ou encore de Michael Fassbender. Près de deux ans après sa sortie de la Yale School of Drama, au Connecticut, en 2012, Lupita Nyong’o pouvait dire que ces trois souhaits étaient devenus réalité. Auparavant, elle avait réalisé un documentaire et travaillé comme assistante de production pour le film The Constant Gardener (mettant en vedette Ralph Fiennes et Rachel Weisz), mais elle n’avait qu’un seul rôle à son actif, dans le téléroman Shuga (2009-2012), diffusé à MTV en Afrique.

Grâce à son extraordinaire performance dans 12 Years a Slave, de Steve McQueen, elle fait maintenant partie du panthéon des actrices les plus cotées de Hollywood. Lupita y joue Patsey, une esclave en proie à la folie et au désir ambivalent qu’éprouve pour elle Edwin Epps, un propriétaire de plantation sadique, ivrogne et infidèle. Epps est la cruauté incarnée, et l’acteur Michael Fassbender a su lui donner chair de façon remarquable. Mais les médias ont surtout parlé de la présence à l’écran de Lupita, qui a presque volé la vedette aux autres acteurs du film, parmi lesquels Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti et l’éblouissant Chiwetel Ejiofor.

Dès qu’elle a eu le scénario entre les mains, Lupita, maintenant âgée de 31 ans, a su qu’elle interpréterait Patsey. «À la seconde où je l’ai lu, mon instinct a pris le dessus, dit-elle. Je me suis sentie liée à Patsey, mais je n’avais alors aucune idée de la façon dont j’interpréterais ce personnage.» Toutefois, un grand défi attendait celle qui avait à l’époque très peu d’expérience de jeu. «J’ai été confrontée au syndrome de l’imposteur. J’ai éprouvé un grand doute sur mes capacités.» Malgré cela, Lupita a magistralement incarné cette femme qui, en dépit des sévices physiques, sexuels et psychologiques dont elle est victime, s’accroche jusqu’au bout à ce qui lui reste de dignité. Et comme bien de grands acteurs, Lupita ne peut clairement dire comment elle y est parvenue. «C’est difficile à expliquer. N’est-ce pas le grand mystère du jeu? Il suffit de s’imaginer dans de telles circonstances.»

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 Figure de style

Dans le studio où nous sommes réunies, Lupita, polie et posée, se raconte d’une voix douce. Elle est née à Mexico et a grandi au Kenya, avant de s’installer aux États-Unis. Elle a cinq frères et soeurs. Son père, Peter Anyang’ Nyong’o, est un sénateur démocrate au Kenya, et sa cousine, Isis Nyong’o Madison, a été nommée en 2012 une des femmes les plus puissantes d’Afrique par le magazine Forbes. Devant de tels modèles de réussite, il n’est pas étonnant que l’actrice soit parvenue en si peu de temps à faire sa place parmi les grands du cinéma.

Hollywood a été séduit par son jeu, tout comme le monde de la mode l’a été par son élégance. Durant les derniers mois, l’actrice a foulé les tapis rouges, chaque fois vêtue d’une tenue irréprochable: robe imprimée Miu Miu à la première de 12 Years a Slave, flamboyante robe cape Ralph Lauren aux Golden Globes, combinaison-pantalon noire Veronica Beard au Festival international du film de Toronto… Sans oublier la sublime robe en georgette bleu ciel Prada, que plus de 43 millions d’Américains ont pu admirer à la dernière cérémonie des Oscars, où Lupita a reçu la statuette de la Meilleure actrice dans un rôle de soutien.

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À la Semaine de la mode de Paris, l’actrice a cristallisé son statut d’icône. Elle était assise au premier rang du défilé printemps-été de Miu Miu (dont elle est l’égérie), aux côtés de l’auteure de la série Girls, Lena Dunham. «Lena dégage à la fois de la douceur et de la force, des qualités qui, chez elle, ne sont pas en opposition», dit Lupita. Voilà un moment digne de passer à l’histoire: Lupita, le nouveau visage d’une génération, auprès de Lena, la nouvelle voix d’une génération.

Aujourd’hui, l’actrice est resplendissante dans sa veste rose Moschino. «La mode, c’est tout nouveau pour moi, avoue-t-elle. J’aime les lignes pures et les couleurs vibrantes. J’aime mélanger les coupes masculines et féminines. Les créations d’Antonio Berardi que j’ai essayées sont tout simplement sublimes! Et que dire de celles d’Erdem, et bien sûr de Prada et de Miu Miu. Ma styliste, Micaela Erlanger, est une magicienne. Elle sait vraiment traduire mes goûts quand elle choisit des vêtements pour moi.»

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Un avenir radieux

La révélation de 2014 profite de certains avantages de la célébrité, mais elle ne se laisse pas consumer par elle. «J’ai la chance d’être entourée de gens qui me font revenir sur terre, affirme-t-elle. Ils seront toujours là; alors, je n’ai pas trop à m’en faire. Je ne google pas mon nom sur Internet et je ne nourris pas un personnage public. J’ai déjà lu des trucs à mon sujet sur le Web, et c’est à ce moment-là que je me suis dit: « Plus jamais! »»

Avant d’être connue du public, Lupita a fait ses premiers pas dans le monde du cinéma derrière la caméra. Elle a notamment scénarisé, produit et réalisé en 2009 le film In My Genes, qui documente la vie d’une albinos au Kenya. Elle espérerait d’ailleurs qu’on donne une plus grande place aux réalisatrices. «J’aimerais qu’on en soit rendu à ce qu’un film fait par une femme ne soit plus une exception.»

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À présent, elle se concentre sur sa carrière d’actrice. Elle a d’ailleurs récemment joué dans Non-Stop, un thriller sorti en salle en février dernier, mettant en vedette Liam Neeson, Julianne Moore et Michelle Dockery. «Michelle et moi y interprétons des agents de bord. C’est comme le film Speed, mais à plus de 9000 m d’altitude! Rien à voir avec 12 Years!» lance-t-elle avec un large sourire.

Difficile de prédire l’avenir de l’actrice mais, en mars dernier, une pétition a été lancée pour qu’elle obtienne le rôle de Storm dans la série X-Men, un personnage jusqu’ici interprété par Halle Berry. Chose certaine, l’année 2014 appartient à Lupita.

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