1. Un enfant de la balle

Né le 4 avril 1965 dans Greenwich Village, à New York, Robert Downey Jr. commence sa carrière à l’âge de… cinq ans! Il joue en effet dans Pound, sous la direction de son père, le cinéaste underground Robert Downey Sr.

Déjà, le regard perçant de ce gamin au joli minois laisse deviner un esprit frondeur et créatif. Très tôt, le garçon est initié à la vie de bohème par ses parents. N’est-ce pas son paternel qui lui offre son premier joint alors qu’il n’a que huit ans? Jusqu’à 17 ans, il est ballotté d’un endroit à l’autre, du Connecticut à la Californie, en passant par Londres, Paris et Woodstock, en raison du travail de son père. C’est à Londres, à l’âge de 10 ans, qu’il suit des leçons de ballet. Ça lui servira plus tard dans Chaplin, où il exécutera avec grâce quelques entre chats. Les durs ne dansent pas, dit-on? Eh bien, notre homme n’a – déjà – que faire des clichés!

2. Des débuts prometteurs

Il se fait rapidement remarquer grâce à son talent, à son regard et à son humour décapant. En compagnie d’Anthony Michael Hall, il participe à la saison 1985-1986 de Saturday Night Live. Hélas! Il s’agit sans doute d’une des pires dans l’histoire de la populaire série à sketchs. Mais cet échec cuisant ne freine pas l’ascension de Robert le Magnifique.

En 1987, après avoir joué dans quelques comédies pour ados, dont Weird Science, de John Hugues, il occupe enfin le haut de l’affiche: il partage la vedette de la comédie romantique The Pick-up Artist, de James Toback, avec la rouquine Molly Ringwald (star de Pretty in Pink). D’accord, le film n’est pas un chef d’oeuvre… Mais 10 ans plus tard, quand le fougueux comédien traversera une période sombre, Toback lui fera de nouveau confiance et lui écrira un rôle sur mesure dans Two Girls and a Guy. On le comprend. Difficile de résister au charme du plus cool des bad boys…

3. Les paradis artificiels

En 1987, Robert incarne un jeune toxicomane dans Less Than Zero, une adaptation d’un roman de Bret Easton Ellis. À la demande du réalisateur, son partenaire Andrew Mc-Carthy et lui écument les bars afin d’approfondir leurs rôles. Robert s’éclate tant et si bien qu’il est arrêté par la police. Peu de gens savent qu’il mène déjà une existence auto destructrice. Au même moment, une nouvelle vague d’acteurs fait courir les ados au cinéma avec des films comme St. Elmo’sFire, de Joel Schumacher.

Bientôt, Robert se révèle de loin le plus audacieux du lot, tant par son style de vie que par les rôles qu’il choisit. «La médiocrité est ma plus grande crainte. Je n’ai pas peur d’un échec total parce que je ne pense pas que ça arrivera. Je n’ai pas peur du succès parce que ça fait fuir l’échec. Ce qui m’effraie, c’est d’être entre les deux», confie-t-il en 1988 à Karen Hardydans le livre The New Breed: Actors Coming of Age. Brillant mais impossible à gérer, largué par sa copine, Sarah Jessica Parker, après sept ans de vie commune (à sa place, on s’en mordrait encore les doigts!), il poursuit son mode de vie infernal. «C’est comme si j’avais une arme à feu chargée dans a bouche et que j’aimais le goût du métal», déclare-t-il un jour à propos de sa dépendance aux drogues.

 

4. Les temps modernes

En 1992, il rencontre Deborah Falconer, qu’il épouse après l’avoir courtisée pendant… 42 jours. Enfin, un homme qui sait ce qu’il veut! (Soupir) Le couple aura un garçon, Indio. À la même époque, Robin Williams, Billy Cristal et Dustin Hoffman convoitent le rôle-titre de Chaplin, mais le réalisateur britannique Richard Attenborough jette son dévolu sur Robert. Les studios boudent l’acteur américain à la réputation sulfureuse. Aussi Attenborough mettra-t-il 10 mois à réunir les sommes pour faire son film. Robert profite de cette période pour peaufiner son personnage, allant jusqu’à apprendre à jouer au tennis et du violon de la main gauche: «Je ne connais pas grand-chose au métier d’acteur; je suis juste un simulateur incroyablement doué.» Doué, il l’est. À 27 ans, il ne craint pas de chausser les souliers du grand Chaplin, devenant ainsi lui-même – pour un temps -une grosse pointure. L’Oscar du meilleur acteur lui échappe. Robert attire tout de même l’attention de Robert Altman, qui lui offre un rôle dans le film choral Short Cuts.

En 1994, il interprète un journaliste assoiffé de sensationnalisme dans Natural Born Killers, d’Oliver Stone. Durant la même période, il fait l’expérience de l’héroïne. En 1996, il est arrêté trois fois en un mois. Les tabloïds s’en donnent à coeur joie, mais il ne cherche même pas à cacher ses déboires. L’hypocrisie et lui, ça fait deux: «Tôt ou tard, tout se sait de toute façon», admet-il, lucide.

 

5. La (quasi) rédemption

À cause de son comportement et de ses problèmes de consommation, une partie importante de son cachet est retenue par les studios jusqu’à la fin des tournages auxquels il participe: il coûte beaucoup trop cher à assurer. En dépit de cela, comme on l’a dit plus tôt, James Toback écrit le scénariode Two Girls and a Guy en 1997 en pensant à lui pour le rôle principal. Puis le réalisateur Curtis Hanson, faisant fi des années de débauche et des arrestations de Robert, lui envoie le scénario de Wonder Boys.L’acteur se joint à la distribution de la télésérie Ally McBeal en 2000. Sa prestation lui vaut une nomination aux Emmy Awards, et il séduit la star de l’émission, Calista Flockhart, en lui chantant la pomme au piano (quelle fille ne se souvient pas de son interprétation d’Every Breath You Take?). Malgré tout, il sombre dans la dépression. Durant des vacances, il s’offre quatre jours de débauche qui lui coûtent cher: arrêté une fois de plus, il est viré de la populaire série, tandis que Calista le plaque, puis se console dans les bras de Harrison Ford. L’histoire ne dit cependant pas si ce dernier chante aussi bien que son prédécesseur…

6. Et Dieu créa Susan

Grâce à Mel Gibson, qu’il a rencontrésur le plateau d’Air America, Robert se voit offrir un rôle dans Gothika (2003). C’est là qu’il croise le regard de celle qui deviendra son bon ange, la productrice Susan Levin. «Je l’ai trouvé bizarre, […] et je le trouve encore bizarre», avouera-t-elle spontanément à James Lipton, lors du passage de Robert à l’émission Inside the Actors Studio à laquelle elle assistait.

Sans doute fait-elle allusion aux charmantes excentricités de l’acteur, aujourd’hui son époux. Ainsi, tout récemment encore, il l’aurait invitée à passer le weekend à leur nouveau ranch à Malibu… même s’il n’est pas encore meublé! Pour les 30 ans de sa douce, Robert lui a fait la grande demande. Peut-on rêver plus beau cadeau d’anniversaire?(Re-soupir) Force est d’admettre que l’arrivée de cette jolie fille réservée dans sa vie fait de lui un homme équilibré et heureux, un papa responsable, et un acteur très demandé. Il a joué dans 10 films en deux ans peu après leur union. Des exemples? Kiss Kiss Bang Bang, considéré comme un de ses grands come-back, GoodNight, and Good Luck, et Zodiac.

7. La naissance d’une voix

Robert poursuit aussi une carrière d’auteur-compositeur-interprète à partir de 2004, année où il lance un premier album, The Futurist. S’il s’est permis de pousser la chansonnette dans quelques films (voir encadré), il a peut-être eu la piqûre du métier en 2001, quand Elton John l’a invité àfaire du lip sync dans la vidéo de sa pièce I Want Love, un superbe plan séquence de 4 min 10 s, à faire jouer en boucle. C’était son premier contrat depuis son renvoi d’Ally McBeal, et on l’a laissé sortir du centre de désintoxication une seule journée, précisément pour le tournage de ce clip. Les paroles de la chanson, l’élégance et la grâce féline de l’acteur, la vulnérabilité manifeste dans ses yeux… tout concourt à faire de cette vidéo un petit bijou pour groupie assumée. Ce tournant dans sa vie professionnelle ne nuit en rien à sa carrière d’acteur. En 2009, même s’il ne remporte pas l’Oscar du meilleur acteur de soutien pour son jeu dans Tropic Thunder, de Ben Stiller – il y incarne un acteur australien blond qui se transforme en Noir pour les besoins d’un rôle (!) -, il goûte pleinement à son nouveau statut de star. Après tout, qui d’autre peut se vanter à 44 ans d’être soudainement devenu un sexe-symbole, tout en voyant son talent reconnu par la profession?

8. À l’assaut du box-office

Robert ne refuse pas les offres de productions indépendantes, comme Fur:An Imaginary Portrait of Diane Arbus, où il séduit Nicole Kidman. Néanmoins, il savoure enfin le plaisir de conquérir le box-office en 2008 grâce à Tony Stark, le personnage qu’il incarne dans Iron Man. L’année suivante, il interprète le plus sexy des Sherlock Holmes qu’on a pu voir à l’écran et ajoute une corde à son arc: le kung-fu Wing Chun, qu’il étudie avec Eric Oram, conseiller en arts martiaux. Le pauvre est toutefois mis K.-O. par le lutteur Robert Maillet au cours du tournage. Il est vrai que ce géant acadien mesure 7 pi, et Robert, 5 pi 8 po. Ça ne l’empêche pas de rafler le Golden Globedu meilleur acteur dans une comédie pour Sherlock Holmes. Une suite est prévue pour 2011…


9. Le retour du guerrier

«S’il y a un de mes personnages avec qui je serais heureux qu’on m’associe, c’est Tony Stark, parce que c’est le rôle le plus cool que j’aie jamais eu à jouer», a avoué Robert à propos d’Iron Man. Le rôle le plus étonnant aussi. Qui aurait cru quel’enfant terrible de Hollywood enfilerait un jour la combinaison de métal du célèbre superhéros imaginé en 1963 pour Marvel Comics? Pourtant, à y regarder de plus près, le casting paraît on ne peut plus évident. De fait, Tony Stark n’est pas un héros en collant et aux pouvoirs surnaturels comme les autres. À l’instar de l’acteur, c’est un homme, un vrai être humain! C’est un playboy ayant un fort penchant pour la bouteille, mais aussi un brillant inventeur qui, après avoir été blessé au coeur et avoir frôlé la mort, crée une armure qui le rend invincible. Invincible, voilà un adjectif qui colle à la peau du séduisant rebelle au franc-parler, dont les excès ont bien failli le faire sombrer dans l’oubli ou la folie.

 

depp1.jpgÀ lire: Johnny Depp, une antistar au sommet!