Jean, t-shirt noir et attitude relaxe… C’est bien lui. Oui, c’est bien le beau Jude qui apparaît à mon écran et qui me fait de l’oeil. Aucun doute, il est aussi cute que dans Closer et au moins aussi sexy que dans The Holiday. J’en frissonne. Je suis devant mon ordi dans un hôtel newyorkais par un bel après-midi de mars, lui est devant sa webcam à Londres. Pincez-moi, quelqu’un! Jamais pixels ne m’ont paru si animés. C’est beau, la technologie!

La raison de cette petite videoconférence Skype, c’est que je m’apprête à réaliser une entrevue sur la Journée internationale de la paix avec Jude et son ami le cinéaste Jeremy Gilley (assis près de moi à New York), qui a fondé l’organisme Peace One Day (www.peaceoneday.org). Jude, qui en est l’ambassadeur, veut faire sa part pour la cause. Il a visité l’Afghanistan et il tient à parler de ce qu’il a vu, vécu et entendu. «Mon séjour là-bas avec Jeremy m’a fait réaliser à quel point ce pays est dévasté par les conflits, dit-il. Ses habitants ne connaissent que le culte de la guerre. Depuis des générations, personne ne sait ce que le mot "paix" veut dire», déplore-t-il.

Jude Law: derrière le masque

Jude Law en apôtre pacifiste? L’idée peut étonner, surtout si on se contente de suivre les hauts de sa carrière au cinéma et les bas de sa vie privée dans les tabloïds. Renommé pour sa filmographie – il a plus de 30 longs métrages au compteur -, l’acteur est peut-être plus célèbre encore pour ses frasques sentimentales. Petit rappel des faits: il a été marié et a eu trois enfants avec Sadie Frost, avant de divorcer et de faire les beaux jours de la presse à scandale en raison de ses innombrables ruptures et réconciliations avec Sienna Miller. Aux dernières nouvelles, le couple se serait d’ailleurs reformé, bien que Jude ait maintenant un quatrième petit, né d’une liaison avec la mannequin Samantha Burke.

 

Connu pour son sex-appeal, cet Adonis a acquis petit à petit une réputation plus sérieuse de producteur et de patron des arts, notamment en lançant une campagne pour subventionner la réparation du Young Vic, un célèbre théâtre de Londres. Qui plus est, l’acteur de 37 ans est maintenant connu pour son engagement social, particulièrement depuis qu’il milite pour Peace One Day.

L’objectif de cet organisme: imposer un arrêt des hostilités dans le monde entier chaque 21 septembre, à l’occasion de la Journée internationale de la paix de l’ONU. Depuis 1999, c’est le principal cheval de bataille du documentariste anglais Jeremy Gilley. Consterné de voir que cette journée instituée en 1981 ne valait guère plus que le papier sur lequel elle avait été consignée, il a décidé de retrousser ses manches et de prendre les choses en main. Il a frappé à toutes les portes possibles et imaginables et, dès 2001, il a obtenu un premier résultat concret. Dans une nouvelle résolution, les États membres des Nations unies ont déclaré que le 21 septembre devait être une journée de non-violence et de cessez-le-feu. Muni de sa caméra, Jeremy a filmé toute son aventure (qui l’a mené en République démocratique du Congo, au siège des Nations unies, à New York, et en Afghanistan) et l’a relatée dans deux documentaires, Peace One Day et The Day After Peace.

Doté d’une détermination de tous les diables, cet homme n’a jamais baissé les bras au cours des 10 dernières années, même si son projet peut paraître complètement fou et utopique. Cet acharnement n’est sans doute pas étranger au fait que Jude a décidé de s’impliquer dans cette cause et de se rendre jusqu’au fin fond de l’Afghanistan avec Jeremy.

«Je connaissais Jude depuis longtemps, rappelle le réalisateur. Je l’ai rencontré pour tourner la campagne de sensibilisation de Peace One Day en 2007, quelques semaines avant mon départ pour l’Afghanistan. Il a aussitôt manifesté le désir de m’accompagner et de tenter de changer les choses.»

Objectif: Kaboul

Dans The Day After Peace, présenté à Cannes en 2008, on les voit d’ailleurs en train de planifier à la dernière minute leur voyage à Kaboul. «On nous avait découragés de partir, en nous prévenant que notre mission était quasiment irréalisable», raconte l’acteur. Mais nos deux acolytes ne se sont pas laissé intimider. Encadrés par la sécurité de l’ONU, ils ont arpenté les routes afghanes, contacté les autorités et ont même tenu une conférence de presse dans la capitale. Le but: faire en sorte que le message en faveur d’un arrêt des hostilités de 24 heures se rende jusqu’aux oreilles des talibans. Contre toute attente, ça a fonctionné! Ceux-ci se sont engagés à n’attaquer aucune équipe de vaccination le 21 septembre suivant. Du coup, plus de 10 000 vaccinateurs ont pu inoculer 1,4 million d’enfants contre la polio.

Ce succès a donné des ailes à Jeremy et à Jude. «J’ai pu constater que des milliers de petits gardent espoir, dit ce dernier. Et je reste convaincu que, si nous avons réussi à instaurer une journée de cessez-le-feu en Afghanistan, nous pouvons aussi y parvenir ailleurs.»

Depuis 1999, les initiatives de Peace One Day ont, entre autres, permis au Programme alimentaire mondial de parachuter environ 60 tonnes de nourriture au Soudan, pays en guerre depuis plusieurs décennies, et à l’Unicef de distribuer environ 600 000 moustiquaires pour les enfants en République démocratique du Congo (RDC).

En Occident, l’organisme ne chôme pas non plus. Il multiplie les activités afin de faire connaître sa cause pacifiste, notamment dans les écoles. Jude croit d’ailleurs que les jeunes ont un rôle central à jouer. «Ils ne se rendent pas compte de leur pouvoir, dit-il. C’est à eux de faire passer les messages de paix et d’institutionnaliser cette journée internationale.»

En Angleterre comme aux États- Unis, des trousses ont d’ailleurs été distribuées dans les écoles par Peace One Day. Toujours dans le but de publiciser davantage l’existence de la Journée de la paix, Jeremy a également organisé plusieurs concerts mettant en vedette des stars comme Angelina Jolie, Annie Lennox, David Beckham et Lenny Kravitz.

Pour tous ceux et celles qui doutent qu’une flopée de people puisse avoir un impact concret sur la situation en Afghanistan ou au Congo, Jeremy a une réponse toute trouvée: «Je considère triste que des médias s’attaquent aux célébrités et les démolissent en affirmant qu’elles militent pour soigner leur image. Je crois que le pouvoir des stars est énorme. Elles constituent un merveilleux véhicule d’information qui permet de transmettre des messages à des populations entières. Personne ne les oblige à faire ce qu’elles font ni à prendre des risques en se rendant dans des zones dangereuses», poursuit-il.

De plus, le réalisateur est convaincu que chacun a son rôle à jouer pour promouvoir un cessez-le-feu global. À ce propos, que pouvons- nous faire pour la Journée internationale de la paix? «Nous encourageons toutes les initiatives personnelles, répond Jeremy. Vous pouvez vous réconcilier avec votre ennemi, inviter vos amis à souper, signer des pétitions, vous balader en famille, aider une personne dans le besoin ou tout simplement dire "pardon".» Jude abonde dans le sens de Jeremy. Il souhaite que chacun pose un geste, aussi modeste soit-il. De petit geste en petit geste, il espère que la situation s’améliorera réellement à l’échelle de la planète. «Pour moi, la paix symbolise l’espoir. Et tout le monde a le droit de connaître une journée de paix, dit-il. Ce jour doit apporter du bonheur et de la joie à tous, même si cela ne dure que 24 heures.» Difficile de ne pas être d’accord.

Ensemble pour la paix

  • La Journée internationale de la paix a 29 ans. Elle a été instaurée en 1981 afin de coïncider chaque année avec la séance d’ouverture de l’Assemblée des Nations unies au mois de septembre. Depuis 2001, elle est célébrée le 21 septembre, date où tous sont invités à respecter un cessez-le-feu mondial.
  • Fondé en 2004 au Québec, l’organisme Cercle de Paix fait la promotion de la Journée internationale de la paix grâce à diverses activités culturelles. Des spectacles et des performances sont généralement au programme. (cercledepaix.ca)
  • Quarante ans après sa création à Montréal lors du fameux bed-in de John Lennon et de Yoko Ono en 1969, l’hymne à la paix Give Peace a Chance est maintenant commémoré par une oeuvre d’art public à l’entrée Peel du parc du Mont-Royal. L’oeuvre, conçue par l’architecte paysagiste Marie-Claude Séguin et l’artiste Linda Covit, est composée de 180 dalles où les mots «Give Peace a Chance» sont gravés en 40 langues.

 

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