Jessica Chastain est prise dans le trafic new-yorkais quand je la joins au téléphone. Pas stressée pour autant, l’actrice a même un sourire dans la voix. Comme presque chaque soir depuis le mois d’octobre, elle se rend au Walter Kerr Theatre, sur la 48e Rue, où elle joue une jeune femme éconduite par un prétendant cupide dans la pièce The Heiress.

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Sereine, décontractée, la Californienne semble imperméable au chaos qui l’entoure. Il faut dire qu’après avoir pris part à des tournages aux quatre coins de la planète, elle est ravie de se poser enfin à New York. Ça lui permet entre autres de reprendre son souffle avant que la saison des remises de prix commence. Une saison qui promet d’être fort chargée dans son cas.

Acclamée pour sa performance dans le film-évènement de Kathryn Bigelow, Zero Dark Thirty– qui lui vaudra de remporter le Golden Globe -, la jolie rousse à la peau de porcelaine a littéralement causé des stampedes sur les tapis rouges cette année. Presque du jour au lendemain, elle est devenue la star qui fascine, qu’on adore, qu’on s’arrache.

 

En mai 2011, elle s’est retrouvée catapultée sur les marches du Palais des festivals, à Cannes, pour la première de The Tree of Life, en compagnie de Brad Pitt et de Sean Penn (on a vu pire comme accessoires!). Elle rayonnait dans sa robe Zac Posen. C’était à croire qu’elle avait passé sa vie sous les flashs des photographes! Neuf mois plus tard, elle faisait encore tourner les têtes en arrivant dans une saisissante robe Alexander McQueen aux oscars, où elle était en nomination pour son rôle dans The Help.

À l’époque, personne ou presque dans le grand public ne connaissait son nom. Elle était encore l’illustre inconnue qui se retrouvait soudainement en vedette dans de nombreux films (six en 2011 seulement!). Aujourd’hui, les choses sont bien différentes: elle est la rousse que tous les réalisateurs convoitent. Pourtant, la route a été longue avant qu’elle parvienne enfin à cet état de grâce tant espéré.

Plus jeune, elle aurait aimé ne pas être «poil de carotte» dans la cour d’école. «Enfant, tout ce qu’on souhaite, c’est être comme les autres», se remémore-t-elle. Elle se souvient même que la mannequin Jerry Hall, dans une de ses périodes rousses, était devenue sa bouée de sauvetage. «Voir des photographies de la fabuleuse Jerry Hall m’a permis de me réconcilier avec ma couleur de cheveux», précise-t-elle. Depuis, elle a évidemment appris à se passer de modèles et à être fière de sa magnifique chevelure.

Jessica Chastain: une icône de style

En plus du Tout-Hollywood, les fashion people sont également tombés sous le charme de l’actrice. La maison Saint Laurent lui a même demandé de devenir l’égérie de son nouveau parfum, Manifesto. L’actrice, qui ne cache pas son affection pour la mode, n’a pas hésité longtemps avant d’accepter. «Je suis très heureuse de prendre part à cette campagne. J’aime ce parfum, j’aime Yves Saint Laurent, j’aime l’homme qu’il était. Sa vision des femmes m’a beaucoup inspirée. Je me souviens de l’image de Catherine Deneuve en smoking… Elle était à la fois très forte, mais aussi très féminine. J’ai des affinités avec ça. Et puis, Yves Saint Laurent a habillé tellement de femmes magnifiques… notamment Jerry Hall!» poursuit-elle.

Longtemps fauchée, l’actrice se souvient avoir écumé pendant des années les boutiques vintage pour s’habiller. «J’ai une relation émotionnelle avec les vêtements, dit-elle. Et avoir des designers qui m’offrent de porter des robes et des accessoires magnifiques rend mon existence d’autant plus excitante.»

Un jardin secret

Il est facile de comprendre pourquoi la maison Saint Laurent a été séduite par Jessica. Elle possède tout à la fois un charme racé, une élégance rare et un maintien un brin classique. Son aura rappelle l’âge d’or de Hollywood. Et si elle parvient à interpréter des femmes hyper sensuelles (Celia dans The Help ou Jolene dans le film du même nom), sa beauté naturelle demeure essentiellement raffinée, plus chic que tape-à-l’oeil. «J’ai incarné des femmes très sexys et d’autres qui ne le sont pas du tout. Je ne veux pas être définie par mon apparence, je veux être capable de jouer toutes sortes de personnages. Et je veux pouvoir mûrir comme actrice sans avoir de complexes », précise-t-elle.

Si elle ne craint pas de vieillir devant la caméra, ne lui demandez pas pour autant son âge. Elle n’en soufflera mot (elle serait dans la mi-trentaine, apparemment). Prenant exemple sur une de ses idoles, Isabelle Huppert, elle refuse catégoriquement de dévoiler quelque info personnelle que ce soit. Tandis que de nombreuses stars semblent aujourd’hui penser que la meilleure manière de faire mousser leur carrière est d’être constamment à la une des tabloïds, Jessica s’en tient aussi loin que possible. «Certaines actrices donnent des prestations remarquables, mais les médias ne parlent que de leur vie privée, jamais de leur boulot. C’est une dimension de l’industrie que je ne comprends pas. Pour moi, tout ça n’est que futilité. En plus, en toute honnêteté, je ne me trouve pas très intéressante en dehors de mon travail», plaide-t-elle. On ne lui connaît d’ailleurs aucun petit ami. En entrevue, elle n’est prête à avouer qu’une chose à propos de son type d’homme: «Tout sauf un acteur», dit-elle en s’esclaffant. «Deux vedettes qui sortent ensemble deviennent automatiquement des aimants à paparazzis.»

Une sempiternelle fonceuse

Contrairement à bien des starlettes de sa génération, Jessica Chastain s’est fait un nom entièrement grâce à ses performances artistiques. La trentenaire est d’autant plus fière de son parcours qu’elle ne doit sa réussite qu’à sa détermination. Fille d’une mère cuisinière et d’un père pompier, elle est la première de sa famille à aller à l’université. «Je ne connaissais personne dans le milieu des arts. J’ai juste travaillé extrêmement fort. Alors, oui, j’ai un grand sentiment d’accomplissement.»

Son désir d’être comédienne remonte à sa plus tendre enfance. Elle n’avait que cinq ans quand sa grand-mère l’a amenée voir la comédie musicale Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat. À partir de ce moment, elle a toujours voulu oeuvrer dans le showbusiness. De cours de danse en cours de théâtre, elle n’a jamais perdu de vue son rêve. À la fin de l’adolescence, elle a quitté la Californie pour New York afin d’étudier à la Juilliard School, une des écoles d’arts les plus prestigieuses des États-Unis: plus de 2000 étudiants soumettent une demande d’inscription chaque année, mais moins de 10% y décrochent une place. Cette fan de Shakespeare a été acceptée en présentant une version plutôt osée d’un monologue de Roméo et Juliette à son audition. En mettant l’accent sur les allusions à caractère sexuel du texte, elle serait allée jusqu’à se rouler par terre devant le jury! La stratégie aura fait mouche puisque la belle a passé les années suivantes dans cette institution de renom, à se faire notamment quelques bons contacts. Si bien que peu de temps après avoir obtenu son diplôme, en 2003, on la voyait déjà dans quelques téléséries comme ER ou Law & Order.

Puis, en 2006, la chance lui sourit: elle est recrutée par le grand Al Pacino pour jouer à ses côtés dans la pièce Salome, d’Oscar Wilde, au Wadsworth Theatre à Los Angeles. La légende veut que l’illustre réalisateur Terrence Malick l’ait vue pour la première fois sur cette scène avant de lui offrir de jouer aux côtés de Brad Pitt dans The Tree of Life. À partir de ce jour, elle n’a cessé d’enchaîner les tournages à un rythme effréné. «Je n’ai pas réellement l’impression de travailler. Je me sens tellement privilégiée d’exercer ce métier», précise l’actrice, qui n’a pas pris un jour de congé depuis plus de deux ans.

Une incorrigible hypersensible

Réservée avec les journalistes, Jessica n’est pas pour autant distante envers son public. Au contraire. Chaque soir après sa prestation sur Broadway, elle se fait un plaisir de bavarder avec ses admirateurs. «J’aime sincèrement aller à leur rencontre. Je suis toujours tellement touchée par leur gentillesse! » D’ailleurs, il n’est pas rare de la voir prendre ses fans dans ses bras. Car, à la différence de certaines stars aux égos surdimensionnés, Jessica est une hypersensible. Elle dit être affectée par tout ce qui l’entoure, au point de se mettre à pleurer si quelqu’un verse une larme à ses côtés. «Mais une grande sensibilité amène aussi de grandes joies», se presse-t-elle d’ajouter. «Certes, si quelqu’un est en difficulté, je vais ressentir sa détresse. Mais à l’inverse, je ressens aussi de la joie, du bonheur si quelqu’un autour de moi est heureux.»

Jessica est également un modèle de générosité, le genre d’actrice qui adopte des chiens dans des refuges. Elle en possède trois, avec qui elle adore aller se balader à la plage quand elle est sur la côte Ouest. L’un d’entre eux, Chaplin, est même devenu une «microcélébrité» à cause de son handicap. «Je l’ai aperçu dans un refuge et j’ai tout de suite craqué. Je ne me suis pas dit: « Oh, il n’a que trois pattes… » Il était juste trop mignon, et c’est pour ça que je l’ai adopté.»

Cette amoureuse des animaux est végétalienne depuis plusieurs années. Par principe? Pas tout fait… «Je suis d’abord devenue végétarienne après une intoxication alimentaire», explique-t-elle en riant. «Je suis tombée tellement malade que j’ai perdu tout appétit pour la viande. Après, c’est devenu une question de santé. En fait, je considère la nourriture comme une forme de médecine.» Et s’il lui arrive de convertir un membre de son entourage, ce n’est jamais à coups de sermons. «J’ai choisi de vivre ma vie et de ne pas juger les autres en fonction de leur choix. Ce n’est pas parce que je suis végétalienne que tout le monde devrait l’être. De la même manière que je n’aime pas qu’on me juge, je préfère ne pas juger les autres.»

Jessica dit n’avoir qu’une exigence envers ses proches: «En amitié comme en amour, il est primordial que les gens qui m’entourent aient de la compassion. C’est une valeur extrêmement importante pour moi.» Des actrices exigeantes comme ça, on en prendrait tous les jours…

Jessica chastain en cinq films

1. The tree of life (2011) Dans le rôle d’une mère aimante, mais aux prises avec un mari irascible, elle s’impose comme une véritable révélation aux yeux de la critique et du public.

2. The help (2011) Touchante à l’excès, elle joue le rôle d’une jeune épouse candide, luttant pour faire sa place dans une ville hostile, durant les années 1950.

3. Lawless (2012) Elle incarne une femme fatale doublée d’une danseuse burlesque dans ce western nouveau genre, qui met en vedette Shia LaBeouf (Transformers).

4. Zero dark thirty (2012) Dans la peau d’une agente de la CIA, elle cherche à venger l’Amérique de la tragédie du 11 septembre 2001 en traquant Oussama Ben Laden. «Tout ce film ne repose que sur Jessica et son personnage. […] Outre Meryl Streep, quelle actrice a un si grand registre et est aussi convaincante?» demandait le grand Roger Ebert dans sa critique du Chicago Sun-Times en janvier dernier.

5. The disappearance oof Eleanor Rigby (sortie prévue en 2013) Dans cette oeuvre en deux volets, elle jouera aux côtés de James McAvoy et de son idole, la très rousse Isabelle Huppert, la femme d’un couple new-yorkais qui tente de composer avec ses désillusions.

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